Politique de la ville - Maurice Leroy, le Jiminy Cricket de la politique de la ville ?
"Tout ce que je peux faire, c'est défendre au sein du gouvernement, l'idée selon laquelle il est nécessaire de territorialiser et de concentrer nos efforts sur les quartiers. Soyez assurés que je m'y emploie." Au terme d'un débat sur la politique de la ville ce mardi 1er février à l'Assemblée nationale, organisé à la demande du Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques, Maurice Leroy a échangé avec l'ensemble des députés présents sur les grandes lignes de la politique de la ville, avec en toile de fond le rapport des députés François Goulard et François Pupponi (sur ce rapport, voir notre article ci-contre du 21 octobre 2010). Sans nier l'échec global des politiques en faveur des quartiers défavorisés dénoncé dans ce rapport, le ministre de la Ville a toutefois tenu à ne pas fustiger la politique de la ville, voire à "assumer" les erreurs des gouvernements précédents. Sur l'emploi, le ministre a annoncé certaines mesures. Entre autres, qu'il travaillait avec Xavier Bertrand pour territorialiser les contrats aidés et qu'il souhaitait "impérativement développer les quartiers par l'emploi plus que par le social et notamment avec Pôle emploi". Attestant la baisse des crédits de la politique de la ville, Maurice Leroy a tenu à rassurer les élus sur la prolongation des Cucs jusqu'en 2014. "On va prolonger les dispositifs de gestion urbaine de proximité", a affirmé dans le même élan le ministre. Concernant l'éducation et la sécurité, deux autres chevaux de bataille de la politique de la ville, Maurice Leroy a confirmé son intention de "donner le maximum aux quartiers qui l'exigent. (...) Pour ce qui est de l'éducation, cela signifie que ces quartiers doivent bénéficier des fonctionnaires les mieux formés". Pour ce qui est de la sécurité, et de l'absence de police de proximité, relevée par plusieurs députés désabusés par la recrudescence de violence dans nombre de villes, le ministre a rappelé son souhait d'un comité interministériel de la ville dans les meilleurs délais, "car ces politiques de sécurité ne peuvent être actées et relancées que dans ce cadre". "En matière de sécurité comme d'éducation, pour être égalitaire, il faut savoir être inégalitaire", a lancé le ministre. En résumé, il faut donner plus à ceux qui en ont le plus besoin, et cesser le saupoudrage pour se focaliser sur les quartiers prioritaires parmi les prioritaires...
"On a besoin de revisiter tous ensemble les critères et les principes de la géographie prioritaire"
Et le ministre de reconnaître qu'il ne pouvait y avoir une politique de la ville mais des politiques de la ville. Chaque commune ayant un degré d'exigences, des moyens et une politique globale différente. Si le nombre des quartiers prioritaires parmi les prioritaires demeure toujours inconnu à l'issue de ce débat, le ministre a rappelé que la question importante demeure qu'"'on a besoin de revisiter tous ensemble les critères et les principes de la géographie prioritaire" : "On doit revoir les éléments de péréquation et avoir une vraie péréquation." Parler de quartiers et de géographie prioritaire c'est aussi parler de mixité sociale. Le Dalo, sans être critiqué sur sa raison d'être, l'a été dans la stigmatisation des ménages bénéficiaires. Là où le rapport Pupponi parlait de "schizophrénie", le ministre atteste que c'est "planter" la mixité que de mettre systématiquement des "ménages Dalo" dans les quartiers sensibles. Tout en fustigeant les communes qui n'appliquent pas la loi SRU, Maurice Leroy a indiqué lutter contre "des ghettos de pauvres" mais aussi "contre des ghettos de riches". Le ministre nuance ainsi le rôle du maire comme "seul homme qui doit concentrer les moyens". Si le maire est le seul chef d'orchestre, "que se passe-t-il pour ceux qui préfèrent payer une taxe plutôt que de construire des logements sociaux ?", demande le ministre. Aux députés qui réclament "tout entre les mains du maire", le ministre a répondu que si l'échelon local est un élément central, "il faut néanmoins une politique de l'Etat pour réguler". Et de préciser qu'il avait toujours souhaité que la politique de la ville relève de Matignon. "Ca fait 20 ans que je le dis!"
"Il y aura un PNRU2"
Parallèlement à ces questions fondées sur les besoin "humains" des habitants des quartiers sensibles, le ministre s'est félicité du volet urbain, qui fait l'unanimité dans tous les rangs. Maurice Leroy a souligné la réussite du PNRU et donc confirmé lors du débat l'engagement d'un PNRU2. "Avec un montant global de près de 40 milliards d'euros, dont 12 milliards de subventions, le PNRU constitue un pivot de la politique du gouvernement pour la période 2004-2013 dans plus de 460 quartiers défavorisés." "Nous avons besoin de travailler dans la durée et dans la contractualisation, et les associations aussi. Je vais me battre, et nous ferons le bilan d'ici la fin de cette année", a affirmé Maurice Leroy lors du débat. Comme pour rassurer à l'issu de celui-ci, le ministre a rappelé que s'il n'était pas Merlin l'Enchanteur, il endosserait volontiers le rôle de Jiminy Cricket… La conscience de la politique de la ville en somme ?