Le niveau social des lycées varie fortement selon les départements

Le niveau social des lycées varie fortement entre départements, avec des Indices de position sociale (IPS), mesurant la situation des élèves, allant de 129 à Paris à 71 à Mayotte, confirme une note de la Depp, l'agence statistique du ministère de l'Éducation, publiée ce mardi 8 avril. 

Quel est le niveau social moyen d'un lycée ? Quel est le degré d'hétérogénéité sociale des élèves qu'il accueille ? Comment comparer ce lycée à un autre, du point de vue de leur situation sociale ? "L'indice de position sociale (IPS) est un outil construit pour répondre à ce type de questions", rappelle la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) dans sa note publiée mardi 8 avril 2025.  

Plus l'IPS est élevé, plus les conditions familiales sont en moyenne favorables à l'apprentissage et à la réussite scolaire et a contrario, plus il est faible, plus les conditions familiales sont en moyenne défavorables à l'apprentissage et à la réussite scolaire. En sachant que l'IPS d'un lycée correspond à la moyenne des IPS des élèves accueillis dans l'établissement. Il décrit donc sa composition sociale, rappelle la Depp dans sa note. 

Outre-mer, Seine-Saint-Denis et nord-est

Au cours de l'année scolaire 2024-2025, l'IPS moyen national des lycées publics et privés sous contrat s'établit à 109. Le lycée le plus défavorisé a un IPS de 59, tandis que le plus favorisé a un IPS de 162. 

Premier enseignement, le niveau social des lycées varie fortement selon les départements, aussi bien dans la voie générale et technologique que professionnelle. Les départements dont les lycées sont les plus défavorisés socialement sont majoritairement situés en outre-mer, en Seine-Saint-Denis et dans le nord-est de l'Hexagone. Ainsi, les lycées des départements de Mayotte, Guyane et La Réunion ont un IPS moyen inférieur à 90. En Île-de-France, un contraste marqué oppose les départements les plus socialement favorisés, tels que Paris (IPS de 129), les Yvelines (125) et les Hauts-de-Seine (125), à la Seine-Saint-Denis (93), qui figure parmi les départements les moins favorisés de France. "Ces disparités géographiques observées dans les établissements scolaires reflètent les écarts de statut socio-économique entre les habitants des différents départements", explique la Depp.

Les lycées privés sous contrat, largement favorisés 

Autre confirmation de l'étude qui ne surprendra personne : les lycées du secteur privé sous contrat sont plus favorisés que les lycées publics. Les lycées privés sous contrat sont nettement plus favorisés (IPS de 125) que les lycées publics (105). Seuls un peu plus de la moitié des lycées publics ont un IPS supérieur ou égal à 100 alors 9 lycées privés sous contrat sur 10 ont un IPS supérieur ou égal à 100. Autrement dit, les lycées privés sous contrat sont en grande majorité socialement favorisés, contrairement aux profils sociaux des lycées publics qui sont plus variés.

D'après la Depp, ces écarts s'expliquent de plusieurs façons. Les lycées privés sous contrat suivent certes les mêmes programmes et volumes horaires que les lycées publics et sont en majorité financés par l'État et les collectivités territoriales, "mais ils ne sont pas soumis à la sectorisation, c'est-à-dire aux règles d'affectation d'un élève à un établissement selon son lieu de résidence, contrairement aux lycées publics". "Ils sont donc libres de sélectionner des élèves qui y sont scolarisés et qui sont majoritairement issus de milieux sociaux très favorisés". Explication complémentaire : "Ils sont en partie financés par les contributions des familles, ce qui renforce encore davantage la sélection à l'entrée."

Les lycées généraux et technologiques plus favorisés que les lycées professionnels 

Autre confirmation de ce que chacun pressentait déjà : les lycées généraux et technologiques (LEGT) ont des élèves, en moyenne, nettement plus favorisés que les lycées professionnels. Leur IPS moyen s'élève à 121 (LEGT) contre 92 (professionnels). Les lycées polyvalents ont une situation intermédiaire, avec un IPS moyen de 104 au niveau national. 

Le ministère de l'Éducation avait été contraint en octobre 2022 de publier pour la première fois les IPS des collèges et écoles élémentaires, à la suite d'une décision de justice. Il avait ensuite publié début 2023 ceux des lycées, montrant déjà que les établissements généraux et privés accueillaient davantage d'élèves favorisés (notre article du 12 janvier 2023).

 

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