Services publics - Le médiateur met en cause "réformes précipitées" et "empilement législatif"
"Les réformes de notre pays se font trop vite sans que les dommages collatéraux qu'elles induisent en soient suffisamment mesurés", écrit Jean-Paul Delevoye dans son ultime rapport en tant que médiateur de la République. Sa fonction va en effet s'achever le 31 mars et son institution va intégrer celle du défenseur des droits qui couvrira également les fonctions du défenseur des enfants, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde). Lors de sa conférence de presse du 21 mars, le médiateur a illustré les conséquences de ce qu'il nomme des "réformes précipitées" et "l'empilement législatif" : les créations de Pôle emploi ou du régime social des indépendants (RSI) par exemple ont été faites sans accompagnement adapté pour les agents. Résultat : "Ce sont les usagers qui font les frais de cette absence de pédagogie de la décision et de défaillances managériales et/ou technologiques." "Nous vivons sous la dictature du court terme et du chiffre", a-t-il poursuivi en pointant "les risques de conflits générationnels".
Le pessimisme constaté l'année précédente reste très élevé mais ne progresse pas. De nouveaux phénomènes ressortent du rapport : une grande distance des Français quant aux notions de solidarité collective et de "vivre ensemble", une "fragmentation de la société"... Sur la notion de civisme, un sondage effectué par les services de Jean-Paul Delevoye (avant le premier tour des élections cantonales du 20 mars) montre que seuls 9% des Français associent l'obligation morale de voter à un acte de civisme alors que 80% l'associe au mot respect.
Plus de 79.000 affaires ont été transmises au médiateur en 2010 (soit 3,6% d'augmentation par rapport à 2009), qui résume ainsi les sentiments des Français : impuissance, isolement, incompréhension lors que le bon sens est bafoué, défaut d'écoute, défaut d'accompagnement et surtout sentiment d'injustice. Jean-Paul Delevoye plaide pour "un réveil citoyen" : "Il nous faut retrouver le sens de la responsabilité et de l'intérêt général, car le politique ne pourra rien bâtir sur des victoires éphémères remportées par séduction et sur un océan d'irresponsabilités individuelles", a-t-il prévenu.