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Culture - Le Languedoc-Roussillon va créer un musée de la romanité

En 2008, Georges Frêche, le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, avait annoncé avoir l'intention de créer un "musée régional de la romanité", consacré au patrimoine gallo-romain et installé à Narbonne. Cette ville, qui dispose d'un très riche patrimoine archéologique, fut en effet la capitale de la Gaule narbonnaise, région qui allait de Toulouse et Perpignan jusqu'à Genève. Jusqu'alors plus ou moins virtuel, ce projet vient d'entrer dans le concret avec la signature à Narbonne, le 9 janvier, d'une convention entre la région, la ville de Narbonne, le département de l'Aude, le CNRS, la direction régionale des affaires culturelles (Drac) et le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), implanté à Marseille. La convention ne porte pas directement sur le musée, mais en constitue un préalable indispensable. D'une durée de trois ans, elle a en effet pour objet de réaliser un important programme de fouilles sur Narbonne et ses ports antiques, afin de retracer l'évolution du système portuaire de la ville au cours de l'Antiquité. Ces fouilles seront réalisées entre 2010 et 2013 et viendront alimenter les fonds du futur musée de la romanité. Elles bénéficieront d'un budget de 2,65 millions d'euros, dont 1,65 million apporté par l'Etat et un million par la région. Le musée bénéficiera également des oeuvres conservées aujourd'hui dans l'actuel musée archéologique de Narbonne, dans d'autres sites archéologiques de la ville (musée archéologique Notre-Dame-de-Lamourguier, dépôt archéologique Sainte-Rose, crypte Saint Paul-Serge, Horreum...), mais aussi dans d'autres lieux de la région.
De nombreux points restent encore à régler, comme le projet muséal et le financement du musée, auquel la région devrait sans doute largement contribuer. Seules certitudes : les études de programmation architecturale et muséographique seront lancées dès le début de cette année ; la réalisation du bâtiment sera confiée à l'"un des dix meilleurs architectes mondiaux" ; le musée devrait ouvrir ses portes "en début d'année 2015" et s'inscrira dans un réseau régional des musées archéologiques, avec ceux d'Agde, de Nîmes et de Lattes (voir encadré ci-dessous). Un conservateur, qui sera chargé de piloter le projet, a également été recruté en la personne d'Ambroise Lassalle, jusqu'alors conservateur de la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image à Angoulême et qui prendra ses nouvelles fonctions en mars 2010. Afin de préciser le projet muséal, un comité scientifique, regroupant des grands noms de l'archéologie, a été mis en place et pourra travailler durant deux ans. Tout en affirmant qu'il ne veut pas imposer ses choix, George Frêche - ancien professeur de droit romain - n'a cependant pu s'empêcher d'indiquer au quotidien régional "Midi Libre" qu'il verrait bien "un mélange ultra-scientifique pour les spécialistes comme [lui] et un truc pour les touristes, du style arènes en carton-pâte avec des tournois de gladiateurs bidons". Une conception du tourisme culturel qui ne devrait pas manquer de susciter quelques grincements de dents...

Jean-Noël Escudié / PCA
 


 On ne joue pas avec les noms de musée

Le nom du futur musée de la romanité - dénomination provisoire - reste encore à trouver. Georges Frêche et la région Languedoc-Roussillon devraient sans doute faire preuve de prudence en la matière. Ils viennent en effet d'être désavoués par un jugement du tribunal administratif de Montpellier, rendu au début du mois de décembre dans l'affaire du musée archéologique Henri Prades. En sa qualité de président de la communauté d'agglomération de Montpellier, Georges Frêche avait en effet décidé unilatéralement de rebaptiser cette institution - qui porte le nom de son initiateur en 1989 - musée Lattara, du nom romain de la ville de Lattes, qui accueille le musée. Ce changement avait été entériné par une délibération du conseil de l'agglomération en date du 23 juillet 2008 et le nom avait été modifié au fronton du musée. Une décision prise sans délibération de la commune de Lattes, sans consultation de l'Etat et malgré l'opposition ouverte des descendants d'Henri Prades. Dans son arrêt, le tribunal administratif annule la délibération du 23 juillet 2008, en se fondant notamment sur l'absence de délibération de la commune. La communauté d'agglomération a annoncé son intention de porter l'affaire devant la cour administrative d'appel de Marseille.