Le Havre Seine Métropole forme ses communes aux risques majeurs (76)

Afin de développer une culture de la gestion des risques industriels et naturels, la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole a mis sur pied et développe un dispositif de formation des élus et des agents municipaux de ses 54 communes urbaines et rurales.

Premier port français en conteneurs, Le Havre est une plateforme industrielle et portuaire parmi les plus importantes d’Europe (au 6e rang pour son trafic total). Son activité génère des risques technologiques majeurs avec notamment une vingtaine de sites classés Seveso. « Une zone spécialisée concentre les matières les plus dangereuses à distance des secteurs les plus peuplés de la communauté urbaine. Toutefois, leur transport par voies routière, ferroviaire, maritime et fluviale expose l’ensemble de ses 54 communes, y compris dans les territoires ruraux, à des accidents », indique Pascal Mallet, chef du service Risques majeurs du Havre Seine Métropole. En outre, la communauté compte des ouvrages hydrauliques, tels que des digues qui nécessitent une grande vigilance.

La collectivité est aussi exposée à des risques de submersion marine, à des débordements des cours d’eau et aux éboulements de falaises, côté mer, sur un littoral de 65 km, aussi bien que sur les bords de la vallée de la Seine. Par ailleurs, jusqu’au début du XXe siècle le sol a été creusé pour extraire de la marne, utile à corriger l’acidité des terres agricoles. Il en reste de très nombreuses cavités souterraines, qui peuvent provoquer des effondrements affectant routes, habitat et équipement publics. Dans ce contexte, la collectivité élabore un plan intercommunal de sauvegarde (PICS) coordonné avec les plans communaux de sauvegarde (PCS) et elle propose aux élus et agents municipaux un dispositif de formation aux risques majeurs.

Rendre les communes plus autonomes

« Dès le début des années 2000 la collectivité, qui était alors une communauté d’agglomération de 17 communes, crée un service Risques majeurs. Il répertorie les risques et développe son expertise sur la meilleure manière de les gérer, rappelle Alban Bruneau, vice-président risques majeurs et environnement industriel du Havre Seine Métropole. Avant même l’instauration des plans communaux de sauvegarde en 2004, les communes de notre intercommunalité avaient déjà été confrontées à des situations de crises et avaient conscience de la nécessité de s’améliorer dans ce domaine. » La communauté d’agglomération devenue par la suite communauté urbaine met alors en place des formations consacrées à la gestion de crise, afin que les élus municipaux et leurs agents deviennent plus autonomes pour faire face aux accidents industriels et naturels. Depuis, ce dispositif destiné aux élus et agents s’est encore perfectionné. « Son but n’est pas d’en faire des experts mais de leur transmettre une culture de la gestion de crise et des risques majeurs, qui leur donne la capacité de monter une cellule de crise et de réagir rapidement en prenant les décisions les plus utiles pour protéger la population », précise Pascal Mallet.

Un dispositif complet

Plusieurs types de formation sont proposés par la communauté urbaine. Ils permettent aux stagiaires de rencontrer des intervenants extérieurs : sapeurs-pompiers, industriels Seveso ou encore des personnels du port avec lesquels ils seraient amenés à travailler en cas d’accident. Le dispositif gestion et communication de crise compte une formation de trois jours avec de nombreux exercices concrets. Il prépare, par exemple, à la création de cellule de crise, à la production de communiqués de presse ou à la prise de parole devant les médias.

Un club PCS/PCIS destiné aux élus des 54 communes permet d’aborder les sujets d’actualité sur l’ensemble des problématiques des risques majeurs et rappelle les obligations que doivent remplir les plans communaux de sauvegarde. Le Club a vocation à développer les échanges entre les communes, à leur faire partager leurs bonnes pratiques, à mutualiser leurs moyens et à leur rappeler que la communauté urbaine est à leur disposition au quotidien pour les conseiller, comme pour la mise à jour des PCS par exemple. « Mais, comme le souligne Alban Bruneau, il est parfois plus efficace que des communes proches mobilisent et mutualisent les moyens à leur disposition sur leur territoire avant de recourir à la communauté. » Par exemple, en cas de chute de neige abondante, les agriculteurs équipés de tracteurs et de groupes électrogènes sont les acteurs qui peuvent intervenir le plus rapidement.

Très récente, la formation dédiée à la sensibilisation à l’alimentation électrique des communes a été montée avec l’opérateur public Enedis. Elle regroupe des élus de trois secteurs de la communauté urbaine, qui partagent les mêmes problématiques, et vise à assurer la protection des populations. En cas de coupure d’alimentation, les agents d’Enedis ne sont pas les mieux placés pour savoir où rétablir le courant en priorité. Ils doivent être orientés par les élus et agents municipaux qui savent quels équipements il convient de remettre en fonction rapidement. Il peut être en effet bien plus utile d’alimenter en électricité le château d’eau, la salle polyvalente où sont réfugiés les habitants et la boulangerie plutôt qu’un bâtiment administratif.

Réseaux sociaux

Ce dispositif de formation représente un budget de 50 000 euros par an, à la charge de la communauté urbaine. On peut y ajouter la charge salariale d’un ingénieur spécialisé dans la sécurité civile et la gestion de crise, ainsi que celle du chef de service Risques majeurs. Une évolution du dispositif est prévue, avec l’intégration dans le volet communication du rôle que jouent les réseaux sociaux en cas de crise. « Rumeurs et fake-news peuvent s’y répandre avec facilité et entacher l’image de la collectivité ou provoquer des comportements inappropriés », s’inquiète Pascal Mallet. Mieux savoir les gérer devient donc indispensable à la sécurité de tous.

Le Havre et les risques majeurs en quelques chiffres

La zone industrielle et portuaire du Havre compte quelque 1 200 établissements économiques et 31 000 emplois. 

La superficie de la communauté urbaine consacrée à l’activité économique représente 6 200 hectares.

Le nombre d’élus et d’agents formés aux risques majeurs depuis 2004 s’élève à : 562 personnes (en 46 sessions) pour la formation gestion et communication de crise ; 62 personnes dans le cadre du Club PCS/PICS (réservée aux élus) créé récemment et 64 personnes pour la formation de sensibilisation à l’alimentation électrique, encore plus récente.

Voir aussi

Le Havre Seine Métropole

Nombre d'habitants :

267618

Nombre de communes :

54
19 rue Georges Braque, CS 70854
76 085 Le Havre Cedex

Alban Bruneau

Vice-président, en charge risques majeurs et environnement industriel

Pascal Mallet

Chef du service risques majeurs

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