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Equipements sportifs - Le Havre inaugure le premier stade à énergie positive de France

De nos jours, on chercherait en vain un stade qui se vanterait d'être au service du sport et rien que du sport. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les nouvelles enceintes se veulent avant tout responsables en termes économiques, sociaux, urbanistiques et environnementaux. C'est à peine si la performance sportive est mentionnée dans les cahiers des charges... Le dernier-né des "grands stades" français ne fait pas exception. Le stade Océane du Havre, inauguré ce jeudi 12 juillet 2012 par Valérie Fourneyron, ministre des Sports, semble exceller dans tous ces domaines, avec une mention particulière pour l'aspect environnemental : il est le premier stade à énergie positive de France.
La nouvelle enceinte havraise de 25.000 places assises va remplacer le stade Jules-Deschaseaux, vieux paquebot rouillé qui a accueilli nombre des grandes traversées ainsi que des naufrages du Havre Athletic club (HAC), doyen des clubs de football français, né en 1872. Sportivement, le stade Océane entend redonner du lustre à un club qui mouille dans les eaux trouble de la Ligue 2. Comment ? En générant des revenus d'hospitalité (espaces dédiés aux entreprises pour recevoir leurs invités) qui pourraient atteindre 40 à 50% des recettes issues du stade et en développant sa propre boutique.
Mais le sport et ses revenus dérivés ne seront pas la seule source de recettes du nouveau stade. Pour le rentabiliser, on y espère quelques concerts ainsi que tout un tas de petits événements (foires, salons, séminaires, congrès, etc.). 9,5 millions d'euros de recettes sont attendus la première saison. Des revenus sur lesquels compte le gestionnaire du stade, le HAC, qui, à travers sa filiale Océane stadium, bénéficie d'une convention d'occupation de douze ans. Charge à lui d'assurer le fonctionnement de l'équipement, en plus du paiement d'un loyer de un million d'euros par an (1,2 million en cas de montée en Ligue 1).

Un projet urbanistique et social

L'autre pari de la Codah (communauté d'agglomération du Havre), maître d'ouvrage du stade Océane, est d'ordre urbanistique et social. Outre la forte signature architecturale – une membrane bleue 32.500 m2 en éthylène tétra fluoro éthylène (Etfe), un matériau recyclable, produit à partir de matières recyclées et sans aucun solvant –, c'est la promesse du désenclavement et de l'animation du quartier qui est mis en avant. A côté des activités commerciales, associations et partenaires pourraient trouver leur place dans ce stade : le centre de soutien éducatif du club Hac@demy – qui dispense des cours d'informatique aux demandeurs d'emploi, retraités, bénévoles d'associations, handicapés et supporters – pourrait par exemple y trouver sa place et y élargir son action à l'aide aux devoirs pour les enfants en difficulté scolaire ou le soutien aux personnes en recherche d'emploi.
L'aspect social a encore été très présent durant la construction du bâtiment. A travers une clause d'insertion inscrite dans le marché conclu avec le groupement en charge de la réalisation du projet, le chantier a offert une opportunité professionnelle à des demandeurs d'emploi, résidents de l'agglomération havraise rencontrant des difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Trente contrats de professionnalisation dans les métiers du bâtiment, de la maintenance, de l'exploitation et de l'administratif ont été conclus dans ce cadre.

Un bilan carbone au plus bas

Mais l'avancée la plus spectaculaire du stade Océane réside dans le concept de stade à énergie positive, une première en France. Pour produire plus d'énergie qu'il n'en consommera, le bâtiment commencera par réduire ses besoins énergétiques en faisant appel à une isolation thermique optimale des espaces fermés, à des équipements performants de chauffage ou de production d'eau chaude, et à la régulation de la température et de l'éclairage des locaux en fonction des temps d'occupation. Avec une consommation de 133 kWh/m2/an pour le chauffage, l'éclairage, la ventilation, la production d'eau chaude et le rafraîchissement, il sera largement sous le seuil de consommation de référence imposé par la réglementation thermique pour la construction d'un stade (155 kWh/m2/an).
Ensuite, il produira lui-même de l'énergie à partir de divers dispositifs. 1.500 m2 de capteurs photovoltaïques seront installés en toiture pour compenser tous les besoins énergétiques du stade, notamment l'éclairage de l'aire de jeu, l'un des postes les plus consommateurs d'énergie. Un système de récupération des eaux de pluie permettra l'arrosage de la pelouse et l'alimentation des sanitaires, eux-mêmes conçus avec des solutions hydro-économes. Une économie de 92% de la consommation d'eau potable dans les sanitaires est ainsi attendue. Une collecte des déchets sur l'ensemble du site sera facilitée en prévoyant des systèmes de tri. Les déchets seront ensuite valorisés par recyclage ou compostage. Enfin, la réduction de la facture énergétique sera rendue possible par le travail d'écoconception effectué en amont : membrane Etfe autonettoyante, sols ne nécessitant pas d'interventions lourdes d'entretien, optimisation de l'éclairage naturel dans les locaux à occupation continue, etc. Le stade Océane devrait présenter le bilan carbone le plus bas pour un stade équivalent réalisé à ce jour et fera l'objet d'un bilan énergétique annuel.
Le coût du stade Océane s'élève à 80 millions d'euros (hors accès et aménagements paysagers estimés à 70 millions d'euros) répartis comme suit : 44,5 millions d'euros pour la Codah, 25 millions pour le conseil régional de Haute-Normandie, 10 millions pour le conseil général de Seine-Maritime, 0,5 million pour l'Etat, à travers le fonds national d'aménagement et de développement du territoire.