Sport - Grands équipements sportifs : la France avance à petits pas
2012 sera-t-elle une année-charnière dans le rattrapage du retard français en matière de grands équipements sportifs et particulièrement de grandes salles couvertes, dites arenas ? En 2010, le rapport Constantini se lamentait que notre pays ne compte qu'une seule salle de plus de 10.000 places – le vieillissant palais omnisport de Paris-Bercy – contre 18 en Allemagne et 12 en Espagne. Un an plus tard, Chantal Jouanno, alors ministre des Sports, annonçait une enveloppe de 50 millions d'euros sur cinq ans pour atteindre l'objectif de sept grandes salles. Parallèlement, un comité des grands équipements sportifs (Cogequis), composé de 5 représentants de collectivités territoriales sur 22 membres, était constitué au sein du Centre national pour le développement du sport (CNDS) pour labelliser les projets, le label devenant le sésame indispensable pour prétendre aux financements sur l'enveloppe dédiée.
Pierre angulaire de l'édifice, le label, défini au printemps 2012, s'adresse à "tout porteur public, associatif, ou privé, d'un projet visant à créer ou à rénover une enceinte sportive (hors stades de l'Euro 2016) d'une capacité d'accueil supérieure à 5.000 spectateurs pour toute configuration de sports collectifs (handball en particulier) et 30.000 spectateurs pour les enceintes sportives de plein air, ou destinées à l'accueil d'une grande manifestation sportive internationale dans une discipline olympique".
Les critères du label
Ses critères relèvent de quatre thèmes. Tout d'abord l'aspect sportif : "L'objectif, précise le Cogequis, est de s'assurer que le projet répond à un besoin sportif reconnu dans un sport olympique, notamment dans un schéma directeur des équipements sportifs (ou document de cadrage comparable) ou en vue de l'organisation d'une grande compétition." Seront donc prises en compte la capacité de l'équipement à accueillir des compétitions nationales ou internationales mais aussi à participer au développement sportif de ses principaux utilisateurs sportifs (fédérations ou clubs), la façon dont seront associés les futurs utilisateurs sportifs dès la conception de l'équipement ou encore l'accueil d'activités associatives et scolaires dans l'équipement. "L'objectif, explique le Cogequis, est de rechercher la cohérence avec un aménagement concerté sportif des territoires et de s'assurer de la viabilité économique avec les équipements existants où à venir." La polyvalence avec des spectacles culturels ou autres activités, la fréquence de ceux-ci, ou encore la présence d'un ou plusieurs acteurs sportifs résidents (professionnels ou non) seront donc recherchés.
D'un point de vue économique, la pertinence du modèle juridique et financier de réalisation sera appréciée au regard du mode de gestion envisagée pour l'exploitation, de la capacité à créer des revenus liés à l'exploitation de l'enceinte les jours de match, des mécanismes de financement privé ou public dans le plan de financement, du caractère multifonctionnel et modulaire de l'équipement et de la prise en compte des besoins et attentes des spectateurs et médias.
Les critères territoriaux et sociaux relèvent quant à eux de la contribution à la définition de l'image de marque du territoire, de l'impact sur l'aménagement urbain, de la prise en compte de la réglementation de l'urbanisme et, plus généralement, de la problématique du droit des sols. Enfin, on appréciera l'intégration de la problématique de l'environnement dans la conception et l'exploitation de l'équipement à travers la prise en compte des impacts environnementaux dès la conception du projet, le recours à la certification Certivea, le respect de la réglementation thermique 2012 ou encore la garantie d'une accessibilité pour les publics présentant un handicap.
Les projets en cours
A ce jour, trois dossiers ont été examinés par le Cogequis. Le premier, porté par Brest métropole, a notamment été retenu en raison de son "intérêt en termes de localisation sur le territoire, la salle similaire la plus proche étant localisée à Rennes", et parce qu'il "comble un retard important dans la région". La "part significative de fonds privés dans le financement" a également été appréciée.
Ce même critère a permis au projet de partenariat public-privé porté par la ville d'Orléans d'être retenu, le Cogequis ayant encore mis en avant un projet "multifonctionnel […], doté d'un incontestable intérêt sportif local et national, et répondant à l'ambition d'accueillir en France des compétitions d'envergure internationale".
En revanche, le projet de la ville de Trélazé (Maine-et-Loire) a été écarté. "Ni pour la jauge [moins de 5.000 places, NDLR], ni pour la polyvalence, ni dans son modèle économique, ni dans la structure de financement de l'investissement le projet ne répond aux critères de labellisation", a noté le Cogequis.
Si la délivrance des premiers labels "Grands Equipements" correspond aux attentes, il est à craindre que son rythme ne ralentisse drastiquement. Le seul dossier en vue est en effet celui de la communauté urbaine de Dunkerque. Et après l'abandon des ambitions de la CUB de Bordeaux en début d'année, Villeurbanne vient de son côté de renoncer à son projet ce 19 juin. Par ailleurs, aucun projet de stade de plus de 30.000 places porté par un acteur public ou associatif en dehors de l'Euro 2016 n'est actuellement en cours. Pour leur part, les projets privés - qui ne pourraient bénéficier de financements du CNDS en cas d'obtention du label - n'en font guère la demande…