Le gouvernement lance une campagne de recrutement d'urgence dans les secteurs sanitaire, grand âge et handicap
Une circulaire demande aux préfets et aux directeurs généraux des ARS de mettre en place une "stratégie régionale collégiale" pour mobiliser l'ensemble des acteurs régionaux afin de répondre aux besoins de recrutements des secteurs sanitaire, du grand âge et du handicap. Même chose au niveau départemental avec, notamment, les acteurs de l'insertion.
Alors que le gouvernement prépare l'organisation d'une "conférence des métiers et de l'accompagnement social et médicosocial" (voir notre article du 4 janvier 2022), une circulaire signée de la plupart des ministres du champ sanitaire et social (Olivier Véran, Elisabeth Borne, Brigitte Bourguignon, Brigitte Klinkert et Sophie Cluzel) détaille "la mise en place d'une campagne de recrutement d'urgence sur les métiers du soin et de l'accompagnement, dans les secteurs sanitaire, du grand âge et du handicap". Il s'agit en l'occurrence de la concrétisation de l'une des annonces du Premier ministre lors de son déplacement du 8 novembre dernier dans une maison d'accueil spécialisée (MAS) des Hauts-de-Seine (voir notre article du 10 novembre 2021).
De nombreux départs malgré le Ségur
La circulaire rappelle l'impact de la crise sanitaire et la "mobilisation exceptionnelle" des professionnels du soin et de l'accompagnement dans les établissements de santé et ceux accueillant des personnes âgées ou handicapées. Cette situation "a provoqué des départs et exacerbé les besoins de recrutements. Dans le secteur des personnes âgées, la pression est d'autant plus critique que nous devons nous préparer à répondre à des besoins croissants compte tenu de l'évolution démographique".
La circulaire rappelle bien sûr les "avancées majeures" du Ségur de la santé pour renforcer l'attractivité des métiers hospitaliers – y compris la reconduction des mesures exceptionnelles liées à la gestion de crise –, puis celle des métiers grand âge et du handicap. Mais, "malgré cette progression des rémunérations et ces actions sur la formation et les conditions de travail, les différentes vagues de la crise sanitaire ont épuisé de nombreux professionnels qui choisissent, comme dans d'autres secteurs, de changer d'activité". On relèvera au passage que malgré la prégnance de ce thème des départs, aucun chiffre sérieux et étayé, officiel ou officieux, n'a encore été publié à ce jour sur ce phénomène.
La circulaire demande donc aux préfets et aux directeurs généraux des ARS (agences régionales de santé) de mettre en place une organisation pour aider les employeurs de ces trois secteurs. Elle précise que "les besoins les plus critiques portent sur les infirmiers, les aides-soignants, les accompagnants éducatifs et sociaux, les auxiliaires de vie, les aides médico-psychologiques, les éducateurs spécialisés, et les agents de services hospitaliers qualifiés (ASHQ)".
Une gouvernance spécifique et une "stratégie régionale collégiale"
Une gouvernance spécifique pourra être mise en place à cette fin, associant l'ARS, la Dreets, le conseil régional, la direction régionale de Pôle emploi et l'union régionale des missions locales. Celle-ci aura pour objectifs d'établir un état des lieux et d'élaborer une "stratégie régionale collégiale". Cette stratégie doit notamment "motiver des candidats à s'orienter vers ces métiers en mobilisant l'ensemble des acteurs régionaux", avec une attention particulière à porter aux allocataires du RSA et aux personnes primo-arrivantes et réfugiées.
Une fois la stratégie définie, la circulaire demande aux préfets et aux directeurs généraux d'ARS "de réunir au niveau régional ou départemental courant janvier 2022, l'ensemble des acteurs que vous jugerez pertinents, pour apporter des solutions rapides et agir sur ces trois secteurs". Dans le même temps, les ministres signataires mobilisent le service public de l'emploi, et plus particulièrement Pôle emploi, pour accompagner les employeurs du secteur afin de renforcer la visibilité et l'attractivité des offres d'emploi, d'identifier les candidats potentiels, de "lever les éventuels freins à l'accès à ces emplois liés à la mobilité géographique ou à la garde d'enfant" et de proposer à ces personnes des formations courtes préalables à l'embauche (financées par Pôle emploi ou par la région). Ces formations courtes peuvent toutefois difficilement concerner des infirmiers ou des éducateurs spécialisés. La circulaire précise donc qu'elles visent plutôt à permettre aux personnes concernées de participer aux soins des personnes âgées en établissement médicosocial ou en établissement de santé sur des postes d'agents des services hospitaliers qualifiés, d'accompagner des personnes en situation de handicap, en renfort des accompagnants éducatifs et sociaux (AES) ou des aides-soignants (ASHQ), ou encore d'assurer des services de confort auprès de personnes âgées ou en situation de handicap à leur domicile.
Une campagne nationale de communication en février
La circulaire propose d'ailleurs, en annexes, le cahier des charges des formations préconisées. Le première est une formation de 7 semaines (245 h) consacrée aux "fondamentaux de l'accompagnement des personnes en perte d'autonomie en raison de leur âge ou de leur handicap". La seconde est une formation de 2 semaines (70 heures) "à destination des agents de services hospitaliers et des demandeurs d'emploi désirant le devenir, pour participer aux soins d'hygiène, de confort et de bien-être de la personne âgée". Il est précisé que "ces formations sur les fondamentaux ne préjugent pas de formations plus complètes et qualifiantes que certains employeurs pourraient souhaiter mettre en place, même si elles apporteront tous les prérequis nécessaires pour intervenir auprès des personnes âgées et des personnes en situation de handicap sur les métiers qui ont été ciblés".
A noter : la circulaire prévoit également le lancement, en février 2022, d'une campagne de communication nationale grand public sur les métiers du soin, du grand âge et du handicap, avec pour objectif de susciter des vocations et de faciliter les recrutements. Cette campagne de communication avait également été annoncée par le Premier ministre, lors de son intervention du 8 novembre dernier (voir notre article du 10 novembre 2021).
Référence : circulaire interministérielle n°DGCS/SD4B/DGOS/DGEFP/2021/245 du 12 décembre 2021 relative à la mise en place d'une campagne de recrutement d'urgence sur les métiers du soin et de l'accompagnement, dans les secteurs sanitaire, du grand âge et du handicap (mise en ligne sur Légifrance le 4 janvier 2022). |