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Revitalisation - Le gouvernement lance son dispositif de revitalisation des centres-bourg

Le gouvernement a lancé, le 23 juin, son dispositif expérimental de revitalisation des centres-bourg. Logements, commerces, équipements et services : une enveloppe de 40 millions d'euros est prévue pour aider une cinquantaine de communes dans leur projet. A noter qu'en Bretagne, l'établissement public foncier a mené une démarche expérimentale ces trois dernières années dans deux communes. Elle a notamment mis en avant le besoin de coordination des aides existantes.

Logements vacants et dégradés, commerces aux rideaux fermés… bon nombre de centres-bourg se désertifient à mesure que les zones pavillonnaires et les centres commerciaux s'étalent à leur périphérie. Après la réforme de la politique de la ville, le gouvernement commence à se préoccuper de ce phénomène qui touche le monde rural et périurbain. Un dispositif expérimental pour la revitalisation des centres-bourg a été lancé, le 23 juin. Le but est de sélectionner 50 collectivités pour les aider à "réaliser un projet de revitalisation en créant une offre de logements, de commerces, d'équipements et de services adaptés aux besoins des habitants, et ainsi de limiter l'étalement urbain", précise un communiqué de Sylvia Pinel, ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, et George Pau Langevin, ministre des Outre-Mer.
Le dispositif, qui avait été annoncé lors du dernier Congrès de maires en novembre 2013, par l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, bénéficie d'une enveloppe de 40 millions d'euros via le fonds national d'aménagement du territoire et l'Anah (Agence nationale de l'habitat) qui est l'opérateur de l'appel à projets.
300 centres-bourg "identifiés" par les services de l'Etat ont été invités à déposer leur candidature avant le 12 septembre 2014. Le dossier pourra être porté par une commune ou une intercommunalité. Une cinquantaine de dossiers seront alors sélectionnés. Il s'agira de commune de moins de 10.000 habitants, quelle que soit la taille de l'intercommunalité, exerçant des fonctions de centralité et nécessitant une effort de revitalisation.
Plusieurs de ces communes sont situées en Bretagne où depuis trois ans, l'établissement public foncier mène une démarche expérimentale. En effet, la Bretagne est confrontée à un désamour marqué des habitants de ces villes pour leur centralité. Pour preuve, les surfaces artificialisées ont doublé entre 1985 et 2005 du fait de l'étalement urbain. L'étude de l'EPF a porté sur deux communes tests : Mellé (675 habitants) et Josselin (2.500 habitants). "L'idée a été de mener des études plurithématiques afin de prendre en compte tous les facteurs de la désertification des centres-bourg : le commerce, l'habitat privé, les services… tout ce qui joue sur l'attractivité des centres-bourg", explique-t-on à l'EPF de Bretagne. Ce travail a consisté à repérer le foncier disponible et à définir des îlots prioritaires pour un projet de développement urbain tenant compte des dimensions architecturales, paysagères, énergétiques… Résultat de ce travail de repérage du foncier : "On a quinze à trente ans de développement urbain devant nous, rien que dans la centralité… Il n'est donc pas nécessaire d'ouvrir sur les terres agricoles", explique l'EPF. Par ailleurs, la démarche a donné lieu à un recensement de toutes les aides envisageables. Il est apparu que les outils financiers existants (Fisac pour le commerce, Opah pour les réhabilitations…) sont soit insuffisants soit inadaptés à la situation et, surtout, pas coordonnés entre eux.
Les Opah (opérations programmées d'amélioration de l'habitat), par exemple, permettent d'aider des particuliers à réhabiliter leurs logements, "sauf que l'on est principalement face à des logement vacants, avec des propriétaires qui n'ont pas envie d'investir", précise la même source. Par ailleurs, les outils de l'Anah (RHI, Thirori) visent l'habitat insalubre "remédiable" ou "irrémédiable". Or "en Bretagne, nous sommes plutôt confrontés à de l'habitat vacant ou dégradé, mais pas insalubre". D'autres sources de financement existent, en provenance de la région par exemple. Mais "il y a un gros besoin de coordination, l'idée serait la création d'un guichet unique".
L'intérêt de la démarche gouvernementale est donc de répondre à ce besoin global. A noter que la toute nouvelle "loi Pinel" a créé le "contrat de revitalisation artisanale et commerciale". Là encore un appel à manifestation d'intérêt devrait permettre de sélectionner une dizaine de territoires pilotes. 50 centres d'un côté, 10 de l'autre… sur des milliers de petites communes concernées par la désertification de leurs centres, le traitement risque de demeurer homéopathique.