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Sécurisation de l'emploi - Le gouvernement lance sa réforme contestée du marché du travail

Le gouvernement a lancé mercredi 6 mars, avec l'étape du Conseil des ministres, son projet de réforme du marché du travail, contesté mardi dans la rue par FO et la CGT, qui pressent les parlementaires de faire barrage au texte.
S'exprimant dans la cour de l'Elysée à l'issue du conseil, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a fait valoir que ce texte était la traduction du "premier accord de cette importance depuis trente ans". "Aujourd'hui, c'est le succès d'une méthode, celle du dialogue social, celle de la négociation, celle de la recherche du compromis", a affirmé le Premier ministre, souhaitant que le projet de loi soit adopté "très vite" au Parlement. Ce texte sera présenté en procédure accélérée (une lecture par assemblée) le 2 avril à l'Assemblée nationale et le 17 avril au Sénat.
Au Conseil des ministres, François Hollande a demandé aux membres du gouvernement de "traduire, porter et expliquer" ce texte, a rapporté la porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem. Le chef de l'Etat a vanté un texte qui instaure une "double-sécurité" pour les salariés et employeurs, a-t-elle précisé.
"On ne peut pas réformer le pays uniquement par conflit, par affrontement. On peut le faire aussi (par) des accords, des négociations. [...] Cela sera la même chose pour les retraites, pour la formation professionnelle", a fait valoir Jean-Marc Ayrault.
La balle est désormais dans le camp des parlementaires. Le Premier ministre, ancien patron des députés PS, a dit sa "confiance dans le sens de la responsabilité des parlementaires socialistes". "Ils sont près de 300", a-t-il déclaré, relativisant ainsi la portée de la présence de quelques élus socialistes, mardi, à la manifestation à Paris pour protester contre l'accord du 11 janvier.
"Les députés ne sont pas des godillots et le droit d'amendement existe", souligne-t-on à Matignon. "Simplement, il y a une question de cohérence politique", explique-t-on dans l'entourage du Premier ministre, où l'on rappelle "l'engagement" de François Hollande de rompre avec la méthode de Nicolas Sarkozy, accusé de passer outre l'avis des partenaires sociaux.
"Il serait singulier, incohérent de dire: il y a eu effectivement cet accord et puis finalement on fait ce qu'on veut'", relève un conseiller de Jean-Marc Ayrault, pour qui "tout amendement qui préservera ce que les partenaires sociaux ont écrit et signé peut être tout à fait recevable".
"Il y a une petite marge qui est possible pour améliorer les choses mais certainement pas pour écrire le contraire de ce qu'il y a dans l'accord", résume un proche du chef du gouvernement.
Le député PS Jérôme Guedj, qui a participé à la journée de mobilisation de mardi, a lui jugé "normal" pour un parlementaire de gauche d'"entendre les inquiétudes" des syndicats. "On est le parti de 100% des salariés [...] Est-ce qu'un accord dont un des leviers, la flexibilité, conduit à rendre peut-être plus souples, moins contraignants, les licenciements, correspond à la bonne réponse ?", s'est interrogé l'élu de l'Essonne en dénonçant la "petite musique récurrente qui consiste à dire 'ce sont les rigidités du marché du travail en France qui sont la cause première et exclusive du chômage'."
Nombre de parlementaires UMP, comme les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et François Fillon ou le député filloniste Jérôme Chartier, devraient eux voter ce projet de loi, qualifié d'"accord de la honte" par ses opposants.
Signataire de l'accord, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a souligné mercredi sur France Info que la France était plongée "dans un climat social très lourd, avec beaucoup de problèmes d'emploi [...], d'inquiétude".
Face à cette situation, il faut, selon lui, rechercher des solutions au lieu de regarder "les trains passer" et de faire "du commentaire".
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a de son côté appelé les parlementaires de la majorité et de l'opposition à adopter le projet de loi sans en modifier l'équilibre.