Le dispositif "Territoire zéro exclusion énergétique" lancé

Agnès Pannier-Runacher a donné ce 9 novembre le coup d’envoi officiel du programme "Territoire zéro exclusion énergétique", porté par l’association Stop exclusion énergétique. Il vise à tester dans 14 territoires une méthodologie d’accompagnement des plus précaires dans la démarche de rénovation thermique performante de leur domicile. Avec pour ambition de faire reconnaître le métier d’ensemblier solidaire et d’industrialiser le processus.

Les "territoires zéro" (chômeurs de longue durée, non-recours…) s’enrichissent d’un nouveau venu : les territoires "zéro exclusion énergétique". Ce programme de certificat d'économies d'énergie (CEE), porté par l’association Stop exclusion énergétique, vient d’être mis en lumière par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, qui a lancé ce 9 novembre le premier comité local de ce dispositif dans la ville de Noisy-le-Grand*, l’un des 14 territoires d’expérimentation** retenus par l’association.

Ensemblier solidaire

Ce programme vise officiellement à "lever les obstacles à la rénovation performante des personnes et foyers en grande précarité énergétique dans les territoires en développant un parcours pour l’accompagnement social et technique global des propriétaires-occupants [concernés]". "S’il existe déjà beaucoup d’expériences locales, on n’est pas à l’échelle si l’on veut éradiquer la précarité énergétique d’ici 2030. Avec ce programme, l’objectif est de valider un scénario de changement d’échelle, en déployant le métier d’ensemblier solidaire dans 14 territoires démonstrateurs", précise Gilles Berhault, délégué général de l’association. Sans ce nouveau métier – qui consiste à "accompagner techniquement, financièrement, administrativement et socialement les plus précaires" –, qu’il entend faire reconnaître "y compris au sein du RNCP" (répertoire national des certifications professionnelles), Gilles Berhault en est convaincu : la résorption de la précarité énergétique est illusoire.

Dédale

Ces ensembliers solidaires auront notamment pour rôle de fédérer les acteurs locaux de la rénovation (artisans, financeurs…) et de "monter les dossiers" des bénéficiaires, notamment en les orientant dans le dédale des aides existantes – "on dépasse largement les 25 dispositifs" [recensés par l’Observatoire national de la précarité énergétique], relève Gilles Berhault. "Si l’on attend le guichet unique parfait, on n’avancera pas", précise-t-il. Mais avant cela, encore faut-il repérer, puis convaincre les personnes éligibles d’adopter la démarche. "Personne n’a envie de faire de grands travaux chez soi", observe le délégué général, en soulignant que c’est encore moins le cas quand on se sent totalement démuni : "Ce sont des personnes qui n’y croient plus, voire même qui se cachent", explique-t-il. "Les personnes en situation de précarité énergétique sont souvent aussi des personnes en situation de précarité tout court, et notamment de précarité numérique. Elles ne vont pas naturellement aller sur internet, vers des maisons France services ou France rénovation pour se renseigner car elles pensent que ce n’est pas fait pour eux", appuie Agnès Pannier-Runacher.

3.000 accompagnements visés

Doté de 15 millions d’euros sur 4 ans, le programme vise à réaliser 3.000 accompagnements de rénovation performante dans les 14 territoires retenus et à former un peu plus de 300 ensembliers solidaires d’ici le 31 décembre 2026 (puis 1.000 par an par la suite). "4 ans, c’est court. Il faut parfois un à deux ans pour créer un climat de confiance et rentrer chez l’occupant", relève Gilles Berhault. C’est d’ailleurs ce qui a conduit l’association à expérimenter le dispositif auprès des seuls propriétaires occupants : "C’est plus simple. Il n’y a qu’un acteur à convaincre". Au-delà, il relève que ces derniers représentent près des deux tiers (62%) des personnes en situation de précarité énergétique. Agnès Pannier-Runacher souligne pour sa part l’importance que doivent prendre les maires dans le dispositif, considérant qu’ils "permettent de créer cette relation de confiance". 

Ambition 100 territoires

Si le programme ne finance pas les travaux eux-mêmes, les bénéficiaires pourront profiter de MaPrimeRénov’, soit "90% du montant des travaux pour 20% des ménages les plus modestes", souligne la ministre, en rappelant que 5 milliards d’euros annuels seront consacrés à la rénovation thermique en 2024 (voir notre article du 12 octobre). "Ils pourront également faire appel aux avances de l’Anah ou à l’éco-PTZ pour le reste à charge", complète Gilles Berhault, en rappelant que l’association n’est pas favorable à une prise en charge à 100% (voir notre article du 13 avril). Sur les 14 territoires retenus, Agnès Pannier-Runacher indique que le coup d’envoi a déjà été donné pour 9 d’entre eux. "Tous seront opérationnels au plus tard au 15 janvier", ajoute Gilles Berhault. La ministre précise que l’ambition est de compter 100 territoires rapidement.  

* Sont concernés les quartiers Les Richardets, Yvris et la Varenne. 

** Outre Noisy-le-Grand, Le Havre Seine Métropole, Campagnes de l’Artois, Tourcoing, Nord-ouest Compiégnois, Kreiz Breizh, Strasbourg, Besançon, Saint-Priest, Grenoble, Valence-Romans Agglo, Marseille et Carcassonne Agglo. Une expérimentation sera également conduite dans le département de la Mayenne.