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Restauration scolaire - Le défi du bio dans les cantines n'est pas simple à organiser

Brest, Barjac (Gard), Millau (Aveyron) ou plus récemment Saint-Etienne (voir nos articles ci-contre) font partie de ces centaines de communes qui servent, à leur façon, des produits bio dans les cantines scolaires. Celles-ci n'hésitent plus à recourir aux produits issus de l'agriculture biologique, un mouvement qui s'amplifie malgré une production insuffisante. Même si la part du bio dans l'ensemble de la restauration scolaire reste faible, autour de 0,5%, la tendance est réelle : en 2008, 46% des restaurants scolaires ont intégré au moins ponctuellement des produits bio dans leurs menus. Pa exemple, si à Rouen, seul le pain est bio, Rennes a choisi de proposer un menu bio par mois, tandis qu'à Bègles (Gironde), cela concerne pour l'instant 50% des fruits et légumes et tous les laitages.
Les communes qui délèguent la préparation des repas à des entreprises spécialisées dans la restauration collective s'y mettent aussi. Le groupe Sogeres a ainsi annoncé qu'il allait modifier sa filière d'approvisionnement pour atteindre 20% de bio en restauration scolaire d'ici 2012. De son côté, Avenance Enseignement va servir à partir de cette rentrée des repas avec 50% de bio dans toutes les écoles de Saint-Etienne, soit 2.200 couverts par jour. Le pourcentage augmentera de 10% chaque année pour atteindre le 100% bio en 2014. Avenance s'est engagé à favoriser les circuits courts, avec des produits saisonniers, de provenance régionale.
Le défi n'est pas simple à relever, car le secteur souffre encore d'un déficit d'organisation. "Souvent, il n'y a pas de filière de distribution et les producteurs ne savent pas répondre aux appels d'offres" lancés par les collectivités, explique Marie-Cécile Rollin, déléguée nationale du CCC, l'association de la restauration collective en gestion directe.
"Les producteurs locaux sont plus habitués à la vente directe qu'à la vente en restauration collective, qui nécessite des volumes importants", confirme-t-on à la mairie de Nantes, qui introduit régulièrement lait, carottes et choux bio dans ses 11.000 repas quotidiens. A Lille, par exemple, les écoliers n'ont droit qu'à cinq à dix repas bio par an. "Pas par manque de volonté politique, assure Marielle Rengot, l'élue en charge du dossier, mais parce que l'offre de l'agriculture biologique n'est pas encore suffisante" dans une région où la part de l'agriculture bio ne dépasse pas 0,5% de la surface agricole (7,7% en Paca). "Et si on va chercher les haricots verts au Kenya et les pommes de terre en Australie, ça n'a aucun intérêt", poursuit-elle. Face à ces difficultés d'approvisionnement, le Groupement des agriculteurs bio (GAB) d'Ile-de-France vient de publier deux livres téléchargeables sur internet : un guide de 80 pages délivrant aux collectivités et aux établissements des conseils pour introduire le bio en limitant les surcoûts et un fascicule pédagogique de 100 pages à destination des enseignants. A Caux-et-Sauzens (Aude), ou dans la région du Conflent (Pyrénées-Orientales), des associations ont déjà pris les devants, en montant des projets associant des producteurs à plusieurs collectivités, afin de créer des réseaux d'approvisionnement locaux et durables.
Le Grenelle de l'environnement a fixé un objectif de 20% à l'horizon 2012 dans la restauration collective d'Etat, ce qui ne concernera pas, dans un premier temps, les cantines scolaires, gérées par les collectivités territoriales.
 

Catherine Ficat, avec AFP