Le Centre-Val de Loire a lancé sa nouvelle COP régionale
Déjà initiatrice d'une COP régionale en 2019, la région Centre-Val de Loire a relancé le processus, dans le cadre de la démarche de territorialisation de la planification écologique voulue par le gouvernement. D'autres COP régionales vont être lancées dans les tout prochains jours.
"Il y a une COP (internationale) des objectifs et une COP des solutions qui, elle, est sur le territoire", a résumé François Bonneau, président socialiste du Centre-Val de Loire en lançant le 4 décembre la nouvelle conférence des parties (COP) de sa région, aux côtés de Sophie Brocas, et en présence d’Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique, et de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture. Loin de Dubaï et de la COP28, le lancement de cette nouvelle COP régionale, dans un auditorium bondé d'Orléans, se veut un moment d'espoir et de francs échanges. Première région céréalière d'Europe, le Centre-Val de Loire, dont un quart du territoire est couvert de forêts, ne part pas de zéro, en la matière, a rappelé François Bonneau. La région a lancé sa première COP dès 2019, partant du constat que "la maille locale est indispensable pour atteindre les objectifs" de neutralité carbone d'ici à 2050.
Scénario sombre en 2050
François Bonneau a mis en avant "le plaisir" à bâtir une planète durable. En quatre ans, sa région a lancé de nombreux chantiers, passant de 15 à 40% de financements dédiés à la transition écologique. "Aujourd'hui, il y a cette conviction de l'Etat", s'est-il réjoui, inaugurant donc pour la deuxième fois cette conférence. Cette fois, le cadre est national : la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé fin septembre le lancement de ces "COP régionales", co-animées par les présidents et préfets de région, dont l'objectif est d'"aboutir à un plan d'action partagé avec tous, d'ici l'été prochain".
Micro en main, la préfète Sophie Brocas a d'abord voulu répondre aux tenants du statu quo, qui pensent que "c'est trop tard" pour agir ou qui "minimisent". "Et si nous ne faisions rien ?", a-t-elle lancé, avant de donner la parole à des experts de l'eau, du climat, de la biodiversité ou de la santé qui, en cinq minutes chacun, ont dressé le portrait de la région en 2050. "A 4°C de plus", ont-ils relaté, Orléans aura le climat de Calvi (Corse), l'étiage de la Loire se réduira de 25%, ce qui à terme posera question pour le refroidissement des centrales nucléaires. Les truites seront vouées à disparaître, le rendement du blé chutera, et des maladies tropicales comme la dengue se répandront.
Levier agricole
Antoine Pellion a ensuite posé l'objectif pour le Centre-Val de Loire (voir ce document) : "une réduction de 9 millions de tonnes de CO2 par an d'ici 2030, soit 5% de l'effort national". Cela veut dire 1.200 hectares de prairies en plus, passer de 14.000 à 230.000 véhicules électriques, diviser par quatre le nombre de résidences principales chauffées au fioul, réduire de 20% les déchets des ménages et de 40% les émissions industrielles...
Pour le vice-président régional délégué au climat, Jérémie Godet, il y a clairement un levier agricole sur son territoire : "Quand on voit que près de 50% des émissions de l'agriculture sont liées aux engrais, il faut soutenir l'agriculture bio." Dans la salle, Eric Thirouin, président de la chambre d'agriculture d'Eure-et-Loir et patron des céréaliers de France, a complimenté "le super boulot" du "M. Planification" du gouvernement, mais attaqué sur le bio, dont la consommation recule face à l'inflation. "Si on multiplie par trois ou quatre les producteurs en bio, on est sûr de flinguer à la fois les agriculteurs bio - qui n'auront pas de débouché - et la transformation indispensable des 85% autres producteurs", a-t-il argué. La région a plaidé pour une politique d'achats volontariste des collectivités, en passant par exemple la part du bio dans les cantines scolaires de 15% aujourd'hui à 50%. La salle a été partagée entre murmures d'approbation et moues sceptiques.
Sur la transition énergétique, Jacques Pallas, maire d'une commune rurale de l'Indre, a estimé, lui, qu'il faudrait "aller plus vite sur l'éolien". "Si on passe en force, ça ne marchera pas", a tempéré Antoine Pellion devant des élus locaux opinant du chef. La préfète Sophie Brocas a expliqué son plan : labourer le terrain, mobiliser chacun à son niveau, des particuliers aux entreprises, "comme disait Confucius, pour bouger une montagne, il faut commencer par bouger les petites pierres".
Autres COP régionales à venir
D'autres COP régionales vont être lancées dans les prochains jours, a indiqué Christophe Béchu, dans une communication en conseil des ministres ce 12 décembre : ce 13 décembre en Bourgogne-Franche-Comté, vendredi 15 en Normandie et la semaine prochaine en Auvergne-Rhône-Alpes. Les dernières devraient l'être en début d'année prochaine, a affirmé le ministre de la Transition écologique. A noter, la démarche est aussi bien engagée outre-mer, avec trois COP déjà lancées à la Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
Au cours de cette phase, chaque territoire bénéficie d’un "état des lieux" de la réduction des émissions de gaz à effet de serre de sa région, des actions en faveur de la biodiversité et de la préservation des ressources naturelles, "ouvrant le débat sur les leviers d’action pertinents pour réduire les émissions du territoire, préserver sa biodiversité et ses ressources naturelles, en fonction des spécificités qui sont les leurs, selon la communication en conseil des ministres. Prendre en compte cette spécificité, c’est aussi s’appuyer sur les actions déjà engagées par les régions et capitaliser sur les efforts déjà fournis sur les territoires, pour accélérer les actions."
"Cette phase de lancement n’est que le début d’un processus qui nous conduit à l’été prochain, a ajouté Christophe Béchu. Dans les prochains jours pour les régions qui ont lancé leur COP seront entamées les phases de diagnostic et de concertation autour des leviers que chaque acteur est en capacité d’actionner. A l’issue de ces mois de débats, des feuilles de route régionales devront être établies. Elles fixeront les objectifs à horizon 2030, ainsi que les moyens concrets, prévus par chaque région, pour les atteindre. Une fois passée cette année de planification territoriale, nous entrerons dans la phase de mise en œuvre infrarégionale, à l’échelle des projets, via des contrats pour la réussite de la transition écologique (CRTE), outils du dernier kilomètre de la planification écologique."