L'Arcep publie la première édition de son observatoire trimestriel de la qualité des réseaux
Comme annoncé, le régulateur des télécoms a publié un état des lieux au 30 avril 2023 de la qualité des réseaux FTTH. Pour la première fois les réseaux et opérateurs à problèmes sont nommément désignés. Cet observatoire sera trimestriel et doit permettre de mesurer l'impact du plan qualité mis en place par l'autorité. L'Avicca regrette que cet observatoire ne tienne compte que du point de vue des opérateurs commerciaux.
L'Arcep a publié une analyse détaillée des problèmes de qualité sur les réseaux FTTH. Dans le contexte du débat autour de la proposition de loi sur la résilience des réseaux qui tend à encadrer la sous-traitance des raccordements (voir notre article du 3 mai 2023), cette initiative n'a rien d'anodin. Pour la première fois, sont passés au crible la qualité des 90 réseaux d'initiative publiques (RIP), avec un classement des opérateurs d'infrastructures qui les pilotent. Les chiffres, également publiés en open data, tendent en effet à étayer l'analyse de l'Arcep, selon laquelle les problèmes sont globalement limités et circonscrits à quelques réseaux.
Quelques réseaux accidentogènes
Pour réaliser son observatoire, l'Arcep s'est appuyée tout d'abord sur les taux d'échec de raccordement à la fibre des abonnés, moyennés sur six mois, à partir de données fournies par les opérateurs commerciaux. D'une façon générale, l'Arcep constate "une forte disparité dans la répartition des échecs au raccordement sur l'ensemble du territoire". Le taux d'échec varie en effet de 30% dans le pire des cas à moins de 1%, avec une médiane à 4,16% pour les RIP. La carte montre ainsi une concentration des taux d'échec les plus élevés sur quelques réseaux départementaux (Calvados, Haute-Savoie, Drome, Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence notamment) et d'EPCI (Rives de Moselle, Gravelines, Pays de Bitche, Grand Nancy, Vannes agglo…). Parmi ces derniers, beaucoup de petits réseaux conçus avant "l'industrialisation" du plan THD. Dans ce tableau, on notera néanmoins l'absence des zones très denses, l'Arcep ne disposant pas de données pour ces dernières. On sait cependant par la presse que les problèmes existent dans les grandes villes.
Évolution plutôt favorable
L'Arcep publie également l'évolution mensuelle du taux d'échec de raccordement depuis janvier 2022. Ils tendent à montrer une amélioration globale dans les derniers mois avec cependant des évolutions plus ou moins erratiques par opérateur. Dans les bons élèves, on trouve Axione, Orange OI et TDF infrastructure ainsi qu'Altitude infra si l'on fait abstraction des réseaux récemment racheté par ce dernier. Dans les mauvais élèves, on trouve Free infrastructure (en nette amélioration), Altitude (réseaux rachetés en 2021) et Altice (SFR), ces opérateurs ayant dû mettre en œuvre des plans de reprise des réseaux les plus dégradés.
Un taux de panne globalement très faible
L'Arcep fournit un second indicateur qui est le taux de panne des réseaux, entendus comme "le nombre de pannes signalées par les opérateurs commerciaux à l'opérateur d'infrastructure pendant le mois considéré". Le taux maximal de panne s'élève à 5,3%, la médiane étant à 0,07% la situation étant également très contrastée géographiquement. Une dizaine de départements concentrent, pas toujours sur la totalité de leur territoire, les taux de panne les plus élevés : l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, le Val-d'Oise, la Haute-Savoie, la Drôme et le Var. Côté opérateurs d'infrastructures, le taux de panne se concentre sur les réseaux rachetés par Altitude, les réseaux de Free et Altice. Axione, Altitude (réseaux natifs), Orange et TDF présentent des taux de panne autour de 0,1%.
Une analyse partiale selon l'Avicca
Cette analyse à charge pour les opérateurs d'infrastructures n'a pas manqué de faire réagir l'Avicca qui a publié dès vendredi un article incendiaire sur ce sujet. "Les seuls qui ont le droit de parler, ce sont les opérateurs commerciaux", nous confie le délégué général de l'association, Ariel Turpin. Il estime ainsi que "le Régulateur dédouane et conforte les quatre opérateurs commerciaux dans leur approche entêtée des raccordements FTTH". Car selon l'association, "ce n'est pas parce que les réseaux sont de mauvaise qualité qu'ils sont dégradés", mais "à cause de la sous-traitance" (mode Stoc). En outre, le taux d'échec de raccordement serait "le pire indicateur qui soit", puisqu'une connexion fonctionnelle peut cacher une installation non conforme et donc non pérenne. L'association regrette enfin que l'autorité n'ait pas publié de données spécifiques sur le plan qualité qu'elle détaille par ailleurs, car "en trois ans on a tout de même eu trois plan qualité". Elle aurait notamment souhaité avoir des données détaillées sur les remontées de l'application e-intervention.
En d'autres termes, la polémique sur la qualité des réseaux FTTH semble loin d'être close, la prochaine étape étant la discussion de la proposition de loi Chaize à la rentrée à l'Assemblée nationale.