Archives

Energie - L'approvisionnement électrique sous tension

Le 16 décembre, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a auditionné des acteurs de l'approvisionnement électrique. L'audition était animée par Jean-Yves Le Déaut, député de Meurthe-et-Moselle et vice-président de la région Lorraine et de l'Opecst. Dominique Maillard, président du directoire de Réseau de transport d'électricité (RTE), gestionnaire du réseau haute et moyenne tension, a rappelé que la semaine du 14 décembre était anticipée comme l'une des plus tendues pour l'équilibre offre-demande. En effet, si les prévisions de demande hivernale sont en soi similaires à celles de l'hiver dernier, l'offre ne l'est pas suite à l'arrêt prolongé de plusieurs tranches de production nucléaire. "Huit d'entre elles, sur un total de 58, étaient à l'arrêt mercredi et quatre le seront en janvier. L'essentiel du parc nucléaire est donc opérationnel", a tenté de rassurer Henri Proglio, PDG d'EDF. Si la liste complète des sites à l'arrêt demeure confidentielle, leur puissance actuellement gelée s'élève au moins à 7.000 MW et le coût d'arrêt d'une tranche est connu : il représente en moyenne un million d'euros par jour de manque à gagner pour EDF. Parmi ces sites, il y a les deux réacteurs de 900 MW de Fessenheim (Alsace), dont l'un doit être remis en activité en février. "D'ici là, un recours massif aux importations s'avère nécessaire. Mais la limite maximale d'importation du système français est de 9.000 MW, un seuil au-delà duquel les contraintes sont trop fortes aux interconnexions frontalières et qui pourrait être atteint en cas de chute supplémentaire de température", a complété Dominique Maillard.

 

Deux régions vulnérables

La situation est tout particulièrement tendue en région Paca et surtout en Bretagne, péninsule électrique où l'alerte Ecowatt (www.ouest-ecowatt.com) a été lancée. "Des délestages ciblés pourront avoir lieu pour y éviter l'apparition de coupures incontrôlées et leur propagation au reste du pays. Ce qu'il manque, ce n'est pas la puissance, disponible en Europe mais des lignes d'interconnexion pour l'acheminer lorsque les besoins d'importations dépassent les 9.000 MW. Il faut donc déployer des investissements compatibles avec cet enjeu", a préconisé Dominique Maillard. "S'il y a délestage, ce ne sera que quelques heures tout au plus", a tempéré Philippe Guiard, de la direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'Ecologie. Très vulnérable également, la situation en Paca nécessite des mesures d'urgence de renforcement du réseau, pour un coût estimé à 85 millions d'euros et une durée de travaux d'au moins trois ans.

Résultat, dans ces deux régions, l'Association des maires de France (AMF) et RTE viennent d'inviter les maires à modérer la consommation de leurs équipements publics. "Il est à noter que l'attractivité de ces territoires y engendre une forte dynamique de population, et donc de consommation électrique, alors que les habitants sont par ailleurs réticents à l'installation de nouvelles infrastructures", a par ailleurs observé Henri Proglio.

 

La faute à qui ?

Le parc nucléaire flirte actuellement avec une médiocre disponibilité. Est-ce la faute aux conflits sociaux dans le secteur (en passe d'être réglés, selon la direction d'EDF), à des aléas techniques, à un manque de personnel compétent en matière de maintenance lourde ou bien, comme l'ont fustigé Jean-Yves Le Déaut et Claude Birraux, député de la Haute-Savoie, à des chantiers de maintenance mal gérés ? "On a péché collectivement par manque d'anticipation mais pour y remédier, d'importants investissements sont en cours. Je m'engage à remettre l'industrie au centre, là où la finance a peut-être pris un peu trop le pas", a conclu Henri Proglio.

Morgan Boëdec / Victoires-Editions

 

Parution imminente des arrêtés sur la nouvelle PPI de production d'électricité et de chaleur

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a signé le 17 décembre à Copenhague les arrêtés concernant la nouvelle programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production d'électricité et de chaleur. Leur parution au Journal officiel est prévue dans les tout prochains jours. Cette nouvelle "feuille de route" de la France en matière de production d'énergie donne la priorité au développement des énergies renouvelables qui devraient progresser de 50% d'ici 2012 et de 120% d'ici 2020. 
La nouvelle PPI de production d'électricité reprend les objectifs du Grenelle de l'environnement - développement de l'énergie solaire photovoltaïque, cogénération à partir de biomasse, éolien à terre et en mer, autres énergies marines. La nouvelle PPI de production de chaleur prévoit quant à elle un doublement du nombre de logements raccordés à un réseau de chaleur et l'incorporation d'énergies renouvelables (biomasse, géothermie...) dans ces réseaux, 2 millions de logements équipés de pompes à chaleur et plus de 4 millions de logements disposant de chauffe-eau solaires.
Ces objectifs tiennent compte des économies d'énergie attendues suite aux mesures du Grenelle. La consommation d'énergie finale devrait ainsi décroître de façon durable pour représenter 167 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) en 2020 contre 177 Mtep aujourd'hui. Selon le ministère, l'économie réalisée par rapport à un scénario tendanciel sans Grenelle (202 Mtep) représente 35 Mtep, soit l'équivalent de 40% de la consommation annuelle de produits pétroliers de la France.
A.L.