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L'Andes présente les "douze travaux" du prochain quinquennat en matière de sport

À la veille des échéances présidentielle et législatives du printemps, l'Association nationale des élus en charge du sport présente sa contribution. Douze "travaux" sont au menu d'un plan visant à faire du sport une "grande cause nationale" du prochain quinquennat.

Douze travaux. Cela semble nous ramener aux antiques travaux d'Hercule. Il s'agit en fait de ceux "nécessaires à l’affirmation et au développement de la pratique du sport partout et pour tous", qui sont compilés dans la contribution de l’Andes (Association nationale des élus en charge du sport) en vue des élections présidentielle et législatives 2022.

Les douze "travaux" de l'Andes, réseau né il y a 25 ans et regroupant aujourd'hui 8.000 collectivités, se déclinent selon différentes thématiques. Il y a d'abord celle qui vise à définir le sport comme "grande cause nationale du [prochain] quinquennat" : "Le sport est un bien commun, au carrefour de nombreuses solutions [et] en faire la grande cause du quinquennat permettrait de décupler ses bénéfices sur la vie des Français et sur la société". La deuxième proposition a, elle, pour ambition de "sortir le sport de la tutelle de l’Éducation nationale, et lui reconnaître sa place avec un véritable ministère des Sports". Selon l'Andes, la "mise sous tutelle" du ministère des Sports, chapeauté par l'Éducation nationale depuis l'été 2020, "réduit son poids dans les négociations interministérielles alors que le sport est par essence une politique publique transversale".

Plan Marshall pour les équipements

Les quatre propositions suivantes s'articulent autour de l'idée selon laquelle "les territoires jouent un rôle majeur dans l’accès à la pratique sportive et dans le financement des équipements". L'une milite par conséquent en faveur d'un "plan Marshall des équipements structurants locaux" – vieille revendication de l'Andes justifiée par la vétusté des équipements sportifs, dont 22% ont plus de 50 ans. Ce plan doit, pour les élus du sport, prendre la forme d'une loi de programmation financière pour un montant minimal de 1 milliard d’euros sur cinq ans dont "la mise en œuvre décentralisée doit s’articuler avec les projets sportifs territoriaux, croisés aux projets sportifs fédéraux".

Une autre proposition prône une limitation à l’inflation normative – dont le coût pour les collectivités est évalué à 6 milliards d’euros entre 2008 et 2014 – et un renforcement du rôle de régulation de la Cerfres (Commission d'évaluation des projets de règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs).

"Laisser respirer les territoires"

Enfin, la thématique sport et territoire est complétée par une proposition visant à "construire une décentralisation affirmée du sport". Ici, il est question d'"un véritable Big Bang des compétences" qui amènerait, par exemple,  à "interroger l’automaticité du secrétariat des conférences régionales du sport (CRS) par l’État pour mieux laisser respirer les territoires." Dans le même ordre d'idées, l'Andes plaide pour la création d’un "fonds d’amorçage territorial" afin de contribuer à l’"alimentation ascendante des projets régionaux".

Au chapitre sport et société, l'Andes estime que "bouger 30 minutes par jour en école primaire ne peut pas constituer un modèle d’éducation physique et sportive" – allusion à l'expérimentation en cours dans l'Éducation nationale – et promeut une solution qui amènerait les enfants "à s’engager dans une discipline sportive en dehors de l’école, au sein du mouvement sportif fédéral notamment". L'association juge en outre qu'"un dialogue renforcé et autonome entre école, collectivité et mouvement sportif, doit contribuer à réorganiser efficacement le développement du sport en milieu scolaire".

MNS, un métier en tension

Sur la question de la prévention des noyades et des "pénuries de surveillants de bassin", elle souhaite  assouplir le recrutement des BNSSA [brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique, ndlr] pour la surveillance afin de mobiliser les maîtres-nageurs-sauveteurs sur l’apprentissage, mais également proposer des formations qualifiantes et des évolutions de carrières aux MNS pour "promouvoir ce métier en tension".

On retiendra encore des propositions en faveur de la pratique féminine, de l'accessibilité des équipements aux personnes handicapées ou d'un investissement massif dans le sport-santé.

Enfin, au chapitre "économie du sport", on relève des propositions pour financer la rénovation énergétique des bâtiments et équipements sportifs, l'extension de la taxe sur la diffusion audiovisuelle des compétitions et son affectation intégrale en faveur du sport, le déplafonnement de la taxe sur les paris sportifs ou encore le fléchage vers l'Agence nationale du sport de 20% de la taxe sur les activités numériques, dite "taxe Gafa", ou encore la limitation du financement public du sport professionnel. La mesure la plus originale étant sans doute l'expérimentation, sur le modèle du secteur du spectacle, d’une "intermittence physique et sportive" afin de soutenir l'emploi sportif soumis à une forte saisonnalité.

L'Andes aura l'occasion de revenir sur sa contribution : les élus du sport seront présents, aux côtés d'autres organismes, le 17 mars prochain au CNOSF (Comité nationale olympique et sportif français) pour une matinée d'échanges avec les candidats à l’élection présidentielle.