L'adoption internationale poursuit son effondrement, 60 départements affichent zéro ou une adoption en 2020
Les années se suivent et se ressemblent pour l'adoption internationale. Seule différence d'une période sur l'autre : le rythme de la chute ne cesse de s'accélérer. La mission de l'adoption internationale du ministère des Affaires étrangères vient ainsi de publier les chiffres pour 2020. L'an dernier, 244 adoptions internationales ont été réalisées en France, contre 421 en 2019, soit un recul de 47%. Bien sûr, la crise sanitaire – avec son cortège de fermetures de frontières et de trafic aérien suspendu – n'est pas étrangère au phénomène.
Mais cette tendance inexorable s'inscrit dans le temps long. En 2005, le nombre d'adoptions internationales en France était de 3.847 (seize fois plus qu'en 2020...) et encore de 3.504 en 2010. La décennie 2010 voit une forte accélération de la chute du nombre d'adoptions internationales. La raison tient à l'adhésion d'un nombre croissant d'États – à commencer par les pays d'origine traditionnels – à la convention du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale (dite convention de La Haye). Dès lors, le nombre d'adoptions internationales réalisées en France tombe à 1.569 en 2013, 815 en 2015, 685 en 2017...
En termes de zones géographiques, les continents d'origine sont, en 2020, l'Afrique (95 adoptions, dont 30 au Congo et 20 à Madagascar), les Amériques (64, dont 32 à Haïti et 22 en Colombie), l'Asie (46, dont 19 au Vietnam et 7 au Laos), l'Europe (38, dont 13 en Bulgarie et 7 en Russie et en Hongrie) et l'Océanie (1 au Vanuatu). Signe des tensions : l'âge moyen tend à augmenter. L'an dernier, seuls 32% des enfants avaient de 0 à 2 ans, contre 30% pour les 6-10 ans et même 11% pour les 11 ans et plus. De même, 35% des adoptions internationales réalisées l'an dernier en France sont dites "hors CLH" (hors convention de La Haye, autrement dit avec des pays n'ayant pas encore ratifié la convention), contre 65% d'adoptions CLH. Toutes procédures confondues, 24,2% des adoptions réalisées l'an dernier sont passées par l'AFA (Agence française de l'adoption), 42,4% par des OAA (organismes autorisés pour l'adoption), tandis que 32,4% sont classées en "Autres".
Cet effondrement de l'adoption internationale pose plusieurs questions. Tout d'abord, il risque de pousser certains couples vers des circuits parallèles pour le moins douteux, alors que l'adoption internationale n'est déjà historiquement pas exempte de dérives en ce domaine (voir notre article du 25 février 2021). Ensuite, se pose la question de la préservation des compétences en la matière. L'an dernier, 27 départements n'ont connu aucune adoption internationale (dont le Val-de-Marne et la Meurthe-et-Moselle) et 30 autres n'ont connu qu'une seule adoption internationale. Et parmi les OAA, sept ont réalisé moins de trois adoptions l'an dernier. La question pourrait donc se poser bientôt d'une centralisation des compétences et des procédures en la matière.