Fonds européens - L'action européenne en faveur des jeunes chômeurs passe à la vitesse supérieure
2015 sera une année test pour le dispositif européen de lutte contre le chômage des jeunes. Porté sur les fonts baptismaux en 2013, le système fait partie des remèdes soutenus par les chefs d'Etat européens pour surmonter la crise sociale.
Après des débuts difficiles, liés aux règles trop rigides de versement des fonds de l'UE, le plan national, doté de 434 millions d’euros, commence à prendre forme. 41% des fonds ont pu être programmés.
Le défi est de taille, puisqu’il consiste à remettre en selle 300.000 jeunes en situation critique, sortis du marché de l’emploi ou du circuit scolaire. Les moyens étant limités, le dispositif ne couvre qu’un tiers de cette population, estimée à 900.000 en France.
Passer de 8.500 à 50.000 bénéficiaires de la garantie jeunes en un an
Le type d’accompagnement varie en fonction de la gravité de la situation. Les missions locales accueilleront les jeunes les plus précaires, cumulant potentiellement des problèmes de chômage, de logement voire de santé, quand Pôle emploi s’occupera des autres.
Le dispositif sur mesure de la "garantie jeunes" est sans nul doute celui qui apporte le suivi le plus rapproché des jeunes en difficulté. L’UE a finalement accepté d’apporter 75 millions d’euros pour cofinancer l’allocation mensuelle allouée aux jeunes accompagnés au quotidien par des travailleurs sociaux, en contrepartie d’un engagement à suivre une formation ou à signer un contrat de travail.
8.500 jeunes (dont près de la moitié a abandonné l’école après 16 ans) bénéficient actuellement de cette "garantie", soit en deçà de l’objectif de 10.000 personnes visé en 2014. L’engorgement des missions locales de Marseille et de Seine-Saint-Denis, extrêmement sollicitées, explique en partie ce retard, signale-t-on à la Délégation professionnelle à l’emploi et la formation professionnelle (DGEFP). L’année qui vient fera office d’épreuve : 50.000 personnes devront bénéficier de la "garantie jeunes", ce qui va mobiliser 289 missions locales.
Dans le paysage très éclaté de l’aide à l’emploi, qui repose sur un empilement d’acteurs (Pôle emploi, Plie, missions locales, Apec, conseils généraux voire régions), "l’impulsion communautaire nous force à regarder si nos actions sont pertinentes", remarque Emmanuelle Wargon, qui chapeaute la DGEFP depuis octobre 2012.
Porter les avances européennes de 1% à 30% ?
A Bruxelles, la complexité du millefeuille tricolore a fait bondir la Direction générale à l’emploi au moment des négociations du plan français, finalement adopté en juin 2014. Un effort de simplification a été engagé, afin de délimiter plus strictement le périmètre d’action des différentes administrations. Un accord sera signé en ce sens le 10 février sur les relations entre Pôle emploi et les missions locales. Le repérage des jeunes en décrochage a aussi été amélioré : il est désormais plus intelligible, avec la désignation de 385 fonctionnaires dédiés.
Ces progrès sont contrebalancés par la lourdeur des procédures bruxelloises, inadaptées à la logique d’urgence. Les versements n’interviennent qu’en remboursement d’actions déjà menées, alors que le dispositif est censé expirer en 2015…
Des "avances" peuvent être allouées, mais dans des proportions dérisoires, de l’ordre de 1% de l’enveloppe totale. Pour le plan national, cela représente 4,3 millions d’euros… Le ministère du Travail a donc trouvé une parade, en puisant dans les crédits du Fonds social européen (FSE) alloués pour la période précédente (2007-2013), afin de ne pas mettre en péril le financement des mesures d’aide aux jeunes.
La Commission européenne, qui ne pouvait pas rester sourde au mécontentement des États, va réviser ses procédures. Des avances pouvant aller jusqu’à 30% devraient être annoncées la semaine prochaine.
La "garantie jeunesse" : Qui ? Combien ? Comment ?
Adopté par les ministres du Travail européens en 2013, le dispositif s'adresse aux jeunes en difficulté entre 18 et 25 ans. Avec une allocation de 310 millions d'euros (complétée par la même somme de fonds social européen), la France est le 3e bénéficiaire du dispositif, derrière l'Espagne et l'Italie. 216 millions sont gérés par l'Etat, 95 par les régions. En prenant en compte le FSE, l'enveloppe de l'Etat atteint 434 millions d'euros. La somme est répartie selon plusieurs priorités : agence du service civique (37 millions), formation des jeunes en emploi d'avenir (20 millions), parcours "priorité à l'autonomie" des missions locales (60 millions), garantie jeunes (75 millions) ou encore appels à projets des Direccte (101 millions).