La vidéosurveillance augmentée testée en conditions réelles début mars
L'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique prévue par la loi du 19 mai 2023 sur les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) entre en phase de test. Six caméras seront déployées dans le cadre d'un concert début mars à Paris. Le comité d'évaluation des expérimentations a par ailleurs été officiellement installé le 16 février.
Validée par le parlement en mai, précisée par décret en août, l'expérimentation durant les JOP 2024 de caméras utilisant l'intelligence artificielle passe en phase de test. Six caméras équipées seront déployées par la préfecture de police à l’occasion d’un concert à l'Arena de Bercy les 3 et 5 mars, a annoncé le ministère de l'Intérieur le 16 février. Cette expérimentation ne mènera pas à des interpellations réelles, mais devrait permettre de "tester et paramétrer les solutions logicielles" dans des conditions réelles, explique le ministère de l'Intérieur à l'AFP. Dans un second temps, les tests seront étendus "à l’intérieur et autour des gares à l’occasion d’événements précis", précise le ministère, sans donner de calendrier.
Huit événements anormaux détectés
Le décret du 28 aout 2023 a limité à huit le types d'événements anormaux susceptibles d'être détectés par l'IA : présence d'objets abandonnés, détection ou utilisation d'armes, non-respect du sens de circulation, présence d'une personne au sol, franchissement non autorisé d'une limite par une personne ou un véhicule, densité d'individus trop importante, mouvement de foule ou un départ de feu. La reconnaissance faciale et toute forme d'utilisation de la biométrie ont été explicitement interdites par la loi et selon le ministère, "aucune des solutions déployées ne la permet". "Il s'agit d'une aide à la lecture des images dans le flot d'une salle de contrôle, pour être sûr que l'opérateur ne manque pas" un évènement important, rappelle Beauvau. Les utilisateurs du système seront la police nationale, la gendarmerie nationale, la police municipale, les services d’incendie et de secours et les services de sécurité de la SNCF et RATP.
Les prestataires connus
Le démarrage effectif des expérimentations fait suite à l'attribution du marché à quatre entreprises l'automne dernier, dont l'identité a été dévoilée début janvier, pour un montant total de huit millions d'euros. Trois lots ont été attribués par secteurs géographiques. La société Wintics (Cityvision) déploiera sa solution en Île-de-France, Videtics se chargera des évènements organisés dans trois régions du Sud (Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse) et en Outre-Mer. Chapsvision est missionné pour toutes les autres régions. Wintics, avec Orange Business Service comme recours, ont été désignés pour les transports. Le recours à la vidéosurveillance algorithmique devra être autorisé "événement par événement" via un arrêté préfectoral précisant "la temporalité, la localisation et les motifs de son utilisation", rappelle le ministère. Le nombre total de caméras intelligentes déployées n'est pas connu, une question "prématurée" selon le ministère.
Le comité d'évaluation installé
L'expérimentation des caméras augmentées, strictement limitée à la période des JOP, fait l'objet d'un suivi par un comité d'évaluation indépendant installé officiellement le 16 février par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur. Ce comité, présidé par Christian Vigouroux, un haut fonctionnaire passé par le Conseil d'État, est composé de 24 membres répartis deux collèges dont la composition sera révélée dans les prochains jours. Le premier réunit les "services utilisateurs" tels que la police, la gendarmerie, la SNCF et le maire de la commune concernée. Le second rassemble des "personnalités indépendantes", parmi lesquelles des experts, quatre parlementaires, deux représentants de la Cnil et le maire d'une commune non participante. Ce comité doit se réunir tous les trois mois et produira un bilan des expérimentations fin 2024.