La stratégie nationale de l’alimentation mise en consultation

Le projet de stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) a été mis en consultation jusqu’au 4 mai. Cette stratégie a vocation à se décliner dans des documents opérationnels. Le document met en avant la multiplicité des enjeux, à la fois "sanitaires, sociologiques, écologiques et économiques".

Le gouvernement a mis en consultation, vendredi 4 avril, le projet de stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), jusqu’au 4 mai inclus. Ce document d’une cinquantaine de pages couvre la période 2025-2030. Prévue par la loi Climat et Résilience du 24 août 2021 qui prévoyait qu’elle soit élaborée avant le 1er juillet 2023, la stratégie - qui a mobilisé trois ministères : Agriculture, Santé et Environnement – arrive donc avec deux ans de retard.

Ayant vocation à se décliner dans des documents opérationnels tels que le prochain programme national nutrition santé (PNNS 5) et le programme national de l’alimentation (PNA 4), elle poursuit une série d’objectifs visant à "promouvoir une alimentation favorable à la santé", "respectueuse de l’environnement", à "favoriser la justice sociale" ou encore à "promouvoir la souveraineté alimentaire en renforçant l’autonomie des systèmes alimentaires, et l’ancrage territorial de l’alimentation", en lien avec les collectivités et les projets alimentaires territoriaux (PAT).

Le projet relève que "notre alimentation est devenue plus riche en calories et en produits animaux, et davantage transformée" et que "si les régimes alimentaires sains et durables tendent à progresser", il reste "de fortes inégalités sociales dans le domaine de l’alimentation". "L’alimentation et, plus largement, les systèmes alimentaires se situent aujourd’hui à la croisée d’enjeux sanitaires, sociologiques, écologiques et économiques majeurs et fortement interdépendants, nécessitant une transformation en profondeur", est-il souligné.

Le document émet aussi des doutes sur la capacité du pays à assurer sa souveraineté alimentaire. "Plusieurs filières ont vu leur taux d’auto-approvisionnement se dégrader de manière inquiétante (volailles, colza, blé dur et produits associés) ou restent structurellement dépendantes des importations (fruits et légume, produits de la pêche ou de l’aquaculture, riz, soja grains et tourteaux, fruits tropicaux et agrumes, ovins)", peut-on y lire. À cet égard, la stratégie envisage de "renforcer et accompagner les projets alimentaires territoriaux dans une logique d’accompagnement des transitions locales et de souveraineté alimentaire, en articulation avec les déclinaisons régionales des programmes liés à l’alimentation et la nutrition". L’objectif : faire en sorte que 80% du territoire soit couvert par des PAT labellisés de niveau 2, "avec des critères renforcés sur les différentes dimensions de l’alimentation durable et favorable à la santé".

"Occasion manquée"

"La Snanc marque un progrès vers la mise en œuvre d’une politique de l’alimentation dans une approche interministérielle" mais la version mise en consultation "constitue une exceptionnelle occasion manquée de doter enfin la France d’une stratégie ambitieuse et cohérente" ont commenté une cinquantaine d’organisations de la société civile, dont le Réseau Action climat, la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) ou le Secours catholique. "Faute de moyens réglementaires, mais également financiers, on voit mal comment les objectifs fixés par la Snanc pourront être atteints", s’inquiètent-elles dans un communiqué publié le 4 avril, relevant par ailleurs la disparition "d’objectif chiffré de réduction de la consommation de viande, pourtant très attendu". Ou encore d’un objectif visant à "réduire efficacement l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités et parrainages pour des produits trop gras, sucrés, salés".

Enfin, ces associations regrettent qu’en l’état, la stratégie ne réussisse "pas à proposer des mesures et objectifs visant à assurer à la fois une plus juste rémunération des agriculteurs et agricultrices et l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable".

 

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