La santé mentale des jeunes de l’ASE doit être une priorité, pour Terra Nova

Le think tank a publié une note qui montre combien les enfants et jeunes de l'aide sociale à l'enfance ont difficilement accès à un soutien psychologique ou pyschiatrique.

Le think tank Terra Nova a publié le 27 août 2024 une note sur la santé mentale des jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). "La moitié des mineurs de l’aide sociale à l’enfance souffre de troubles psychiques", soit "cinq fois plus que la moyenne nationale", y est-il affirmé. Cette donnée n’est pas sourcée, mais la note cite la thèse de 2012 de Guillaume Bronsard, pédopsychiatre au CHU de Brest, ayant établi un taux de prévalence de 50% de troubles mentaux majeurs chez 183 adolescents vivant en foyers sociaux. L’auteur de Terra Nova souligne "le manque d’informations quantitatives" sur la santé mentale des jeunes de l’ASE, mais compile tout de même un certain nombre de rapports et de recherches abordant le sujet, dont une note de cadrage publiée en 2021 par la Haute Autorité de santé sur la coordination entre services de protection de l’enfance et services de pédopsychiatrie. 

La note met surtout l’accent sur un paradoxe : malgré les traumatismes qu’ils ont vécus, les enfants et jeunes de l’ASE ont difficilement accès à un soutien psychologique. Pour organiser toute consultation avec un psychiatre ou un autre professionnel de santé, les éducateurs doivent en particulier "faire preuve d’une forte motivation" car ils doivent au préalable obtenir une autorisation parentale écrite. Conséquence : des situations peuvent dégénérer et revêtir un caractère d’urgence. Du fait également de la "pénurie générale de l’offre en pédopsychiatrie", la HAS soulignait dans sa note "un manque de solution intermédiaire entre le foyer d’accueil et l’hôpital". "Compte tenu de la difficulté à consulter dans le secteur libéral, les jeunes de l’ASE se retrouvent souvent soit sans aucun suivi, soit en hospitalisation à temps plein", ces "deux extrêmes [n’étant] pas en adéquation avec les besoins de la majorité d’entre eux", est-il mis en avant.

"Sans un diagnostic précoce, des soins systématiques et à long terme tout au long des difficultés du placement, comment espérer l’épanouissement et la réussite de ces jeunes ?", interroge l’auteur de Terra Nova, appelant à faire de la santé mentale des jeunes une priorité de la protection de l’enfance. Il est rappelé que des moyens ont été promis à l’issue des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant (voir notre article), dont l’amélioration de la collecte de données sur la santé mentale de l’enfant, le renforcement de l’offre pédopsychiatrique en ambulatoire et en hospitalisation et la mise en place en 2025 d’un "dispositif de coordination du parcours de soins des enfants confiés à l’ASE à partir du bilan de l’expérimentation 'santé protégée'".