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La Roche-sur-Yon, "Capitale française de la biodiversité 2021"

La ville vendéenne est devenue le 16 novembre la dixième "Capitale française de la biodiversité" qui avait pour thème cette année "Eau et biodiversité". Six autres collectivités ont été récompensées à ses côtés pour leurs actions en matière de restauration des cours d'eau et zones humides, essentiels à la biodiversité.

La Roche-sur-Yon a reçu ce 17 novembre, dans le cadre du Salon des maires, son trophée de "Capitale française de la biodiversité 2021". Six autres collectivités ont été distinguées au concours dont le palmarès avait été dévoilé la veille. Cette année, le thème était "Eau et biodiversité", un sujet central pour la ville vendéenne qui succède au titre suprême du concours, organisé par l'Office français de la biodiversité (OFB) Plante & Cité et l'Agence régionale de la biodiversité en Ile-de-France, à la métropole de Lyon (2019), Besançon (2018), Muttersholtz (2017), Rennes (2016), Strasbourg (2014), Niort (2013), Lille (2012), Montpellier (2011) et Grande- Synthe (2010).

Travail de restauration des continuités écologiques aquatiques

La Roche-sur-Yon compte une grande diversité de zones humides (125 km de cours d'eau, 550 zones humides, 454 mares référencées dont 70 sur le domaine public). La commune a fait le choix de restaurer des continuités écologiques aquatiques fragilisées par l'urbanisation et l'activité agricole en développant la connaissance de la trame bleue de son territoire. L’effacement d’ouvrages sur la rivière Yon a ainsi permis de rendre 6 km d’écoulement libre.
"Outre les changements de physionomie du cours d’eau, les bénéfices pour la biodiversité sont d’ores et déjà visibles avec une diminution de la pression des espèces exotiques envahissantes (flore et faune piscicole telle que poisson-chat et perche-soleil) et une meilleure qualité de l’eau, indiquent les organisateurs du concours. En plus de ces indicateurs, la présence de la loutre en centre-ville est un signal fort de la qualité de l’environnement urbain." "Dotée d’une solide expertise interne, la commune s’appuie sur un diagnostic de terrain très fin associant de nombreux acteurs techniques et scientifiques (associations naturalistes, établissements d’enseignement supérieur et technique…), ajoutent-ils. La modélisation de ses réseaux écologiques offre un outil opérationnel pour différentes politiques publiques (biodiversité, gestion des milieux aquatiques et prévention du risque d’inondation, ressource en eau, urbanisme et aménagement du territoire…), et les travaux de gestion et de restauration des milieux naturels, souvent réalisés en régie, sont d’ampleur et variés."
Un travail complété par des actions d'éducation à la nature, de "désimperméabilisation" et requalification du milieu urbain, à l’image de la place Napoléon, autrefois parvis minéral et transformée en lieu de vie et d’eau.

Un village champenois récompensé

L'édition 2021 a aussi récompensé d'autres collectivités dans six catégories. Val-de-Vesle (922 habitants, Marne) a été désigné "meilleur village pour la biodiversité" pour avoir mené différentes actions en faveur de la préservation foncière et fonctionnelle des abords de ses rivières et de sa zone humide exceptionnelle, le marais de Courmelois, dont la gestion et l’animation sont assurées par le Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne. Après avoir réalisé un Atlas de la Biodiversité communale en 2017 avec la Ligue pour la protection des Oiseaux, il a adopté un plan d’action sur la trame verte et bleue  - création d’un réseau de mares, plantation de haies et de vergers de variétés anciennes, sensibilisation et éducation à la nature, l’école élémentaire du village animant une "aire terrestre éducative", dispositif de gestion participative d’une petite parcelle d’espace naturel et support du projet pédagogique sur plusieurs années.

Deux petites villes ex-aequo

Deux petites villes, Ungersheim (2.341 habitants, Haut-Rhin) et La Motte-Servolex (12.390 habitants, Savoie), se sont vu attribuer conjointement le trophée de "meilleure petite ville pour la biodiversité 2021", leurs actions ayant été jugées par les organisateurs du concours "particulièrement complémentaires et offrant ensemble un large panorama des initiatives nombreuses parmi les communes de 2.000 à 20.000 habitants".
Inscrite dans la démarche des "villes et villages en transition", la première accueille depuis les années 80 l'écomusée d'Alsace, créé sur une friche industrielle de mines de potasse. La biodiversité du site est particulièrement riche grâce à la variété de ses habitats - village, champs, forêts, zones humides, friches, l’eau étant au centre de ce système. Au point que le patrimoine naturel est désormais l’une de ses quatre collections, aux côtés du patrimoine bâti, mobilier et des savoir-faire. Le travail d’inventaire naturaliste a nourri travaux et projets et fait de l’écomusée un important centre d’éducation à la nature. Située dans la plaine céréalière d’Alsace et dans un couloir majeur de migration des oiseaux, la commune expérimente en outre des systèmes agricoles, moins hydrovores et énergivores, et plus résilients avec une régie municipale agricole et un chantier d’insertion de maraîchage bio et en permaculture, l’ensemble fournissant la restauration scolaire et une filière d’ateliers de transformation en circuit court (légumerie-conserverie, pressoir à fruits, à huile, champignonnière, micro-malterie, microbrasserie…). 
Voisine de Chambéry, La Motte-Servolex s’est, elle, dotée en 2014 d'un plan d'action Biodiversité en ville, doté d’un financement pluriannuel. Parmi les nombreuses actions mises en œuvre, la plantation de 4,5 km de haies vives d’essences d’arbres et d’arbustes locales qui jouent un rôle majeur à la fois pour le cycle de l’eau et pour la biodiversité.  Le long des cours d’eau, ces haies maintiennent les berges et apportent ombre et fraîcheur favorables à la faune piscicole ; le long des champs, voiries, résidences ou dans les espaces verts, elles favorisent aussi l’infiltration de l’eau de pluie dans les sols et forment des corridors importants de déplacements pour la faune. Pour ne pas augmenter l’artificialisation des sols, les élus de la commune savoyarde ont aussi fait le choix de construire un nouveau quartier d’habitation sur une ancienne carrière qui fut longtemps un dépôt de matériaux inertes. Cet "écohameau" bénéficie d’un cahier de prescriptions architecturales, urbaines, paysagères et environnementales faisant une large place à l’eau, avec une gestion locale des eaux pluviales via un réseau de noues et un parc-nature connecté à une zone humide d’importance patrimoniale à restaurer et valoriser. Enfin, avec Chambéry métropole, intercommunalité compétente pour la gestion des milieux aquatiques et du risque d’inondation, la Leysse a bénéficié sur le territoire de la commune de la création de zones d'expansion et de reméandrage contribuant à restaurer le cours de la rivière, canalisée et enserrée entre deux digues depuis plus de 150 ans.

Lille à nouveau distinguée

La "Meilleure grande ville pour la biodiversité 2021" est Lille, qui avait déjà emporté le titre de "Capitale française de la biodiversité" en 2012 sur le thème "Biodiversité et citoyenneté". Ville très dense et minérale, où l'eau a longtemps été cachée, la capitale nordiste inverse la tendance depuis plusieurs années en créant un maillage dense de mares urbaines et en restaurant les berges de la rivière Deûle comme des canaux de la Citadelle, véritable poumon vert. La place de l’eau, et de la faune et de la flore qui y sont associées, est aussi importante dans l’aménagement de l’écoquartier de la Haute-Deûle où la gestion des eaux pluviales, conçue via un système de noues plantées, de jardins d’eau et de fossés au cours de la précédente décennie, s’oriente désormais vers la création et la mise en réseau de zones humides fonctionnelles et paysagères. La désimperméabilisation et la végétalisation des façades publiques comme privées et des cours d’écoles visent aussi à redonner un peu plus de place à la nature et à l’eau en ville, avec des effets attendus en matière de limitation de l’effet d’îlot de chaleur urbain lors d’épisodes de canicule.

"Marathon de la biodiversité" dans la communauté de communes Saône-Beaujolais

La communauté de communes Saône-Beaujolais (35 communes, 44.277 habitants, Rhône) se voit décerner le titre de "Meilleure intercommunalité pour la biodiversité 2021". Elle s’est lancée depuis 2017 dans un "Marathon de la biodiversité", selon ses termes : créer 42 km de haies et réhabiliter et/ou créer 42 mares sur son territoire en 5 ans. Ce projet, financé par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse sera achevé cet hiver. L’objectif était de restaurer les fonctionnalités écologiques de la trame "turquoise", c’est-à-dire un réseau à la fois vert (prairies, forêts, espaces agricoles) et bleu (cours d’eau, zones humides, mares...) au sein duquel faune et flore peuvent vivre et se développer, mais aussi de restaurer des éléments du paysage rural qui améliorent la qualité de l’eau et limitent les effets néfastes du ruissellement. Collectivités, citoyens, lycéens, étudiants, chercheurs mais aussi propriétaires privés et exploitants viticoles sont associés et impliqués dans ces aménagements, ainsi que dans leur entretien et protection futurs. Via son syndicat mixte de gestion de rivières, la communauté de communes restaure aussi les continuités écologiques de ses cours d’eau. Sur la soixantaine d’obstacles à l’écoulement identifiés, 50 ont déjà fait l’objet de travaux dont 40 avec un effacement total, au bénéfice notamment d’espèces aquatiques patrimoniales (lamproie de Planer, Chabot, truite fario ou écrevisse à pieds blancs).

Un village et son papillon...

Enfin, le prix "Coup de cœur du jury" est allé au village de La Celle (350 habitants, Cher) qui travaille depuis plus de dix ans avec l’association naturaliste Nature 18 et le Conservatoire d’espaces naturels du Centre-Val de Loire à la protection de zones humides classées Natura 2000. Acquisitions foncières, réouverture des milieux, mesures de gestion sont dirigées notamment vers la sauvegarde d’un papillon protégé et emblématique, l’Azuré des mouillères, en danger critique d’extinction à l’échelle régionale et dont le village abrite l’unique population connue dans le département du Cher.
L'ensemble des lauréats du concours participeront à un webinaire "Eau et biodiversité" qui se déroulera jeudi 9 décembre 2021 de 14h à 16h. Quant à l'édition 2022, elle est d'ores et déjà ouverte. Communes et intercommunalités ont jusqu'au 31 janvier prochain pour faire acte de candidature.