Archives

Anru - La rénovation urbaine donne les premiers signes de vrais changements

A quelques jours de la présentation des propositions du ministre de la Ville pour un "PNRU 2", l'Agence nationale de la rénovation urbaine a présenté son programme pour 2012. Une année charnière qui va voir la mise en place de dix plans stratégiques locaux. L'enjeu : transformer l'essai de la première phase de la rénovation en réussite économique et sociale.

Un à un, les projets de rénovation urbaine sortent de terre. "Un tiers du programme est en cours d'exécution, et les deux tiers sont engagés", a indiqué le directeur général de l'Anru (Agence nationale de la rénovation urbaine), Pierre Sallenave, mardi 24 janvier, à l'occasion de ses voeux. Une centaine de quartiers sur les 490 programmés ont d'ores et déjà été livrés ou sont sur le point de l'être. Le calendrier est respecté : "Le PNRU [programme national de rénovation urbaine, ndlr] va être très actif jusqu'en 2016 et devrait se terminer en 2018-2020", a indiqué le directeur de l'Anru, selon lequel "1,175 milliard d'euros ont été payés en 2011, et 2012 devrait connaître un pic à 1,2 milliard d'euros".
Fin 2011, le montant des crédits engagés par l'agence depuis le lancement du programme s'élevait ainsi à 8,2 milliards d'euros sur un total de 12,3 milliards de subventions prévues, l'ensemble des investissements publics-privés devant se monter à 42 milliards d'euros.

Clause d'insertion

Place à présent à la vie des quartiers. "L'ambition est de réunir les conditions favorables pour que l'activité reparte, cela joue sur la sécurité, l'éducation, l'emploi, le moral", a insisté le directeur de l'agence, pour qui "la rénovation n'est que le début de l'histoire du quartier". Aux quatre coins de l'Hexagone, l'Anru récolte des retours sur les changements intervenus dans la vie des habitants. "L'amélioration du cadre de vie se retrouve dans les résultats scolaires. On commence à le voir dans le quartier Noyer Doré à Anthony où le taux de succès au brevet des collèges est passé de 50 à 80%", s'est félicité Pierre Sallenave. A Epinay-sur-Seine ou au Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, c'est la délinquance qui a chuté de 40% ! Du côté d'Angers, à Trélazé, le taux de chômage est passé de 28 à 14%, soit un retour à la moyenne de l'agglomération... L'emploi est l'un des enjeux majeurs de l'après-rénovation. L'ensemble des chantiers mobilise quelque 500.000 emplois à temps plein, avec de fortes retombées locales par le jeu des clauses d'insertion. Ainsi à Dreux, 82 chômeurs ont été recrutés pour travailler sur les chantiers de l'Anru par l'intermédiaire de la maison de l'emploi. "Le but est de les emmener vers une formation qualifiante dans des domaines comme la maçonnerie, la peinture, l'électricité", indique l'Anru. Au total, en 2011, 30.000 personnes ont bénéficié d'un contrat d'insertion. 71% d'entre eux étaient en situation d'emploi ou en formation six mois après leur premier contrat (c'est 10% de mieux qu'en 2010). "C'est l'un de nos principaux sujets de fierté, s'est réjoui Pierre sallenave. Un certain nombre de collectivités généralisent la clause bien au delà de la rénovation urbaine. L'avenir, c'est que la clause soit une constante de la commande publique."

Plans stratégiques locaux

La grande nouveauté 2012, ce sont les "plans stratégiques locaux" (PSL). Ce dispositif a été arrêté par le comité interministériel des villes du 18 février 2011 et précisé dans une circulaire du ministre de la Ville du 21 juillet 2011. L'objectif : faire en sorte que les investissements massifs de la rénovation ne restent pas sans lendemain en jouant sur tous les leviers, en particulier le développement économique et les transports. Dix sites vont tester ces plans élaborés sous l'égide des maires, en partenariat avec l'Anru et l'Acsé : Boulogne-sur-Mer, Châteauroux, Roubaix, Mantes, Metz, Montauban, Rochefort, Satins, Trélazé et Val-de-Rueil. Deux d'entre eux, Châteauroux et Val-de-Rueil, en sont déjà à la phase de diagnostic. Le PSL devrait être lancé "au début du printemps", assure-t-on à l'Anru. Dans la foulée, un guide sera diffusé qui bénéficiera à l'ensemble des quartiers.
Le dispositif pourrait être au coeur du futur PNRU 2 dont les orientations doivent être dévoilées par le ministre de la Ville, Maurice Leroy, à la fin du mois. Soit un mois après la date initialement prévue. Mais pour le président de l'Anru, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. "Il y aura un PNRU 2, c'est acquis... La copie est prête mais nécessite encore quelques arbitrages", a assuré Gérard Hamel, député (UMP) d'Eure-et-Loir. C'est le Premier ministre qui tranchera. Plusieurs pistes sont déjà sur la table. Dans un rapport de juillet 2011, le comité d'évaluation et de suivi (CES) de l'Anru avait recommandé de resserrer le PNRU 2 autour de 200 quartiers prioritaires. Le 12 octobre dernier, le ministre de la Ville et son collègue du Logement, Benoist Apparu, s'étaient montrés favorables à un PNRU plus "intercommunal". Pour Pierre Sallenave, "il faut un PNRU plus global qui ne se limite pas à la rénovation urbaine mais intègre l'activité économique, l'emploi, avec un fort volet insertion", sur la base d'engagements contractualisés inspirés des PSL. De quoi attirer des investisseurs privés en plus grand nombre et plus tôt, car le manque de ressources disponibles est la plus grande menace qui pèse sur le PNRU 2. "Les collectivités disent que si elles ont des choix à faire, la rénovation urbaine sera en haut de la pile", a toutefois assuré Pierre Sallenave.