Archives

Social - La progression du nombre d'allocataires de minima sociaux s'est ralentie en 2010

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie sa livraison annuelle sur les allocataires des minima sociaux. Cette publication porte sur l'année 2010. Elle montre un net ralentissement de la progression du nombre de ces allocataires : de +6,2% en 2009, celle-ci est passée en effet à +2,5% en 2010. Les chiffres disponibles sur le premier trimestre 2011 confirment d'ailleurs cette tendance au ralentissement.
Au 31 décembre 2010, 3,6 millions de personnes étaient ainsi allocataires de l'un des onze minima sociaux. Si l'on inclut les conjoints et les enfants à charge, ce sont ainsi 6,3 millions de personnes qui étaient couvertes par les minima sociaux, soit 9,8% de la population française. Cette progression d'ensemble recouvre toutefois des différences assez prononcées selon les minima concernés.
Mis en place en juin 2009, le RSA - ou plus précisément le RSA-socle, seul à constituer un minimum social - continue ainsi d'enregistrer, en 2010, une progression plus marquée que la moyenne, avec une hausse de +4,1% (RSA, RMI et API), après +10,5% l'année précédente. La décélération est toutefois plus rapide que pour les autres prestations, avec un écart de plus de six points entre les deux exercices. De même, la hausse de l'effectif des chômeurs indemnisés au titre du régime de solidarité de l'Etat décélère fortement, passant de +6,2% en 2009 à +1,3 % en 2010.
La Drees explique logiquement la décélération de ces minima sociaux liés à l'absence d'emploi par "la conjoncture économique et son impact sur le marché du travail". Le produit intérieur brut (PIB) en volume s'est en effet redressé de 1,4% courant 2010, après avoir reculé de 0,6% au cours de l'année 2009. Avec la reprise de la croissance, l'amélioration de la situation du marché du travail entamée à la fin de 2009 s'est poursuivie tout au long de l'année 2010, ce qui a fait reculer le taux de chômage (au sens du BIT) de 0,2 point, après une hausse de 1,8 point en 2009.

L'exception de l'AAH

Si certains minima sociaux voient la progression de leurs effectifs ralentir, d'autres connaissent même une baisse du nombre de leurs allocataires. C'est le cas des bénéficiaires du minimum vieillesse, qui reviennent à leur mouvement de baisse tendancielle (-1,2% en 2010) - sous l'effet de l'amélioration générale des revenus des retraités - après une hausse inhabituelle l'année précédente.
Seule exception notable à ce mouvement global de ralentissement : l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Celle-ci voit en effet le nombre de ses bénéficiaires poursuivre sa croissance en 2010, avec une progression de 3,6%, après +4,1% en 2009 et +4,4% en 2008. Le nombre de bénéficiaires de l'AAH s'établit désormais à 915.000 au 31 décembre 2010. Durant plusieurs années, cette progression de l'AAH s'expliquait surtout par celle du nombre d'allocataires âgés de 45 à 59 ans, avec l'arrivée des générations nombreuses issues du baby-boom dans cette tranche d'âge (le risque de handicap augmentant avec l'âge). Mais le plan de revalorisation de 25% sur cinq ans lancé en 2008 par le chef de l'Etat a eu pour effet de relever sensiblement le plafond de ressources, ce qui permet à un plus grand nombre de personnes d'accéder à cette prestation. La revalorisation de l'AAH est ainsi devenue la première cause d'augmentation du nombre de ses bénéficiaires.