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Transport - La privatisation des aéroports régionaux reste sur le tarmac

Le processus de privatisation des quatre aéroports régionaux (Bordeaux, Lyon, Toulouse, Montpellier) devrait être interrompu. Une décision accueillie avec soulagement par les collectivités locales.

La privatisation des aéroports régionaux (Bordeaux, Lyon, Toulouse, Montpellier) serait gelée jusqu'à nouvel ordre. C'est en tout cas ce qu'affirme le quotidien Les Echos dans son édition du 21 septembre 2011. Le processus lancé depuis quelques mois devait permettre à l'Etat de récupérer 500 millions d'euros en cédant les 60% qu'il détient. Mais l'Etat n'a pas réussi à obtenir l'accord des collectivités territoriales ni des chambres de commerce et d'industrie (CCI) qui devaient se prononcer au plus tard le 15 septembre, date limite du lancement de la procédure d'appel d'offres envisagée. Aujourd'hui, les CCI détiennent 25% des parts de ces aéroports et les collectivités les 15% restants. Mais depuis le début, les élus ont fait part de leurs craintes de voir leurs aéroports récupérés par des opérateurs privés. En Aquitaine, les collectivités avaient proposé en avril 2011 d'acquérir les parts mises en vente par l'Etat par une procédure de gré à gré afin de conserver la majorité au sein de l'actionnariat de la société. En juillet, le président de la région Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, a publié une lettre ouverte, dans Midi Libre et L'Indépendant, adressée au président de la République, pour exprimer sa surprise face à la volonté de l'Etat de privatiser ces grands aéroports régionaux.
Le Premier ministre François Fillon avait tenté de calmer le jeu en envoyant aux élus un courrier le 26 juillet. Un courrier qui leur donnait un temps de réflexion supplémentaire (jusqu'au 15 septembre au lieu du 15 juillet) et qui leur proposait, outre l'option d'une cession des parts de l'Etat à des investisseurs privés, la possibilité pour les collectivités de s'associer à des acteurs industriels pour répondre à l'appel d'offres. Deux options qui ont été clairement rejetées par les élus. "Nous vous confirmons qu'aucune des deux hypothèses proposées ne convient aux collectivités que nous représentons", avaient indiqué les présidents du conseil régional d'Aquitaine, du conseil général de Gironde, de la communauté urbaine de Bordeaux et les maires de Mérignac et de Bordeaux dans un courrier adressé fin août à François Fillon.
La décision de l'Etat, qui reste à confirmer, est accueillie avec soulagement. "S'il s'avérait que le gouvernement arrête la procédure, nous allons prendre acte de ce changement de position, explique-t-on à la région Languedoc-Roussillon, mais on reste vigilant. Ce que l'on souhaite, c'est que les collectivités locales soient encore plus associées à la gestion des aéroports." Même écho du côté de la région Rhône-Alpes, qui était favorable à l'abandon de cette privatisation. "J'apprends que l'Etat abandonne le projet de privatiser l'aéroport de Bordeaux. Je me réjouis d'une telle décision", commente pour sa part Philippe Madrelle, président du conseil général de la Gironde.
L'enjeu autour de cette vente est de taille. Pour l'Etat, il s'agit de récupérer 500 millions d'euros. Pour les autres actionnaires, CCI et collectivités, il s'agit de conserver les atouts de ces infrastructures. Les retombées économiques des aéroports régionaux sont conséquentes. Pour l'aéroport de Bordeaux, il s'agit de 1,5 milliard d'euros par an, avec 3,6 millions de passagers transportés en 2010. Reste à savoir si le processus sera un jour relancé, à quelle échéance et à quelles conditions...