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Transport - Aéroports régionaux : des perturbations sur l'appel d'offres

L'Etat espérait se désengager de quatre aéroports régionaux, en lançant un appel d'offres le 15 septembre au plus tard. Mais la concertation avec les collectivités territoriales doit encore se poursuivre...

En visite au salon du Bourget en juin dernier, le ministre des Transports Thierry Mariani avait été formel : "Soit au 15 septembre, les choses ont été lancées, soit on laisse tomber." En cette mi-septembre, le projet de l'Etat de revendre ses parts dans quatre aéroports régionaux semble pourtant rester bloqué sur le tarmac… A ce jour, en effet, son appel d'offres n'a toujours pas été publié. Selon le ministère, la phase de concertation avec les collectivités territoriales doit encore se poursuivre. De quoi rendre un peu d'espoir aux élus locaux inquiets de voir l'Etat ainsi "privatiser" les aéroports de Bordeaux, Lyon, Montpellier et Toulouse.
Pour les quatre métropoles régionales, la situation est identique. L'Etat détient 60% du capital de leurs aéroports ; les collectivités 15%, et la chambre de commerce et d'industrie (CCI) locale, 25%. L'Etat aimerait revendre ses parts, par appel d'offres, avec l'espoir d'en retirer un pactole qui a été estimé à 500 millions d'euros. Avec ce projet, la part de l'Etat, des collectivités et CCI ne pourrait toutefois descendre en dessous des 51%, selon le ministère des Transports. Plusieurs collectivités ont néanmoins fait connaître leurs craintes de voir leurs aéroports ainsi dominés par une société privée.

A Matignon de décider

Côte à côte, le maire de Bordeaux Alain Juppé, le président de la région Aquitaine Alain Rousset, et trois autres élus locaux, avaient ainsi proposé dès avril "d'acquérir les parts mises en vente par l'Etat au moyen d'une procédure négociée de gré à gré". Une telle revente aurait permis aux collectivités et à la CCI, argumentaient-ils, "de conserver la majorité au sein de l'actionnariat de la société". Mais leur offre a été déclinée.
Par un courrier du 26 juillet, François Fillon a finalement offert deux options aux élus aquitains : soit une candidature les associant à un opérateur, soit des candidatures "exclusivement industrielles". Et dans l'hypothèse où aucune des deux solutions ne leur conviendraient, le Premier ministre serait "conduit à renoncer à l'ouverture du capital de la société aéroportuaire de Bordeaux", comme le rapportaient les élus, dans une réponse commune le 29 août. "Nous vous confirmons qu'aucune des deux hypothèses proposées ne convient aux collectivités que nous représentons", y concluent les cinq Girondins.
En Languedoc-Roussillon, le président de région Christian Bourquin avait lui-même publié une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, le 20 juillet ; il s'y disait surpris de "son souhait de vouloir privatiser l'aéroport de Montpellier-Méditerranée alors que dans notre région tous les aéroports sont gérés par des collectivités qui en assurent le redressement". "Qui paie commande", opine Gilbert Pastor, vice-président de Montpellier agglomération, en charge du développement économique et de l'emploi. "Afin de développer l'aéroport, nous voulons devenir actionnaires majoritaires, aux côtés de la région, le département et la ville." Les représentants de la région Rhône-Alpes, du département du Rhône, du Grand Lyon et de la CCI locale pourraient bien rendre public, à leur tour, un courrier exposant leurs propres positions. De quoi faire encore mûrir la décision que devra finalement prendre Matignon… Avec un paramètre en ligne de mire : l'approche de l'élection présidentielle pourrait perturber, un peu plus, son projet.