Personnes âgées - La prise en charge de la dépendance pourrait voir son poids dans le PIB doubler d'ici à 2060
La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude qui ne devrait pas manquer de retenir notamment l'attention des départements. Elle s'intitule en effet "Personnes âgées dépendantes : les dépenses de prise en charge pourraient doubler en part de PIB d'ici à 2060". Il s'agit en l'occurrence de la dépense publique - dont celle des collectivités -, recouvrant les dépenses de santé, d'hébergement et de prise en charge de la perte d'autonomie (y compris les dépenses fiscales). N'est donc pas incluse la valorisation de l'apport des proches aidants, "dont la mesure n'est pas suffisamment fiable". Cette étude s'inscrit, par ailleurs, dans le cadre plus large d'un exercice général de projection des dépenses sociales à l'horizon 2060, mené sous l'égide du Haut Conseil du financement de la protection sociale.
Jusqu'à 2,78 points de PIB dans le scénario de référence
Même en s'en tenant au seul périmètre retenu par la Drees, l'étude montre un fort accroissement des dépenses liées à la dépendance. Celles-ci représentent aujourd'hui (chiffres 2014) un total de 30 milliards d'euros, soit 1,40% du PIB français. Plus des trois quarts de ces dépenses (23,7 milliards d'euros, soit 1,11 point de PIB) sont financés par les pouvoirs publics.
Si on s'en tient au scénario de référence (scénario économique médian avec une productivité à +1,3% et un chômage à 7%, des effectifs intermédiaires de personnes dépendantes et une indexation des prestations mi-prix, mi-salaires), le poids dans l'économie de la dépense publique et de la dépense totale doublerait à l'horizon 2060, pour atteindre respectivement 2,07% et 2,78% du PIB. Dans ce scénario de référence, la France compterait alors 2,4 millions de personnes dépendantes classées en GIR 1 à 4, contre 1,3 million en 2014 et environ 2 millions en 2040.
En termes chronologiques, la progression la plus forte devrait se situer dans la période 2015-2020 (en raison de la mise en œuvre de la réforme de l'APA instaurée par la loi Vieillissement du 28 décembre 2015) et dans la période 2030-2045 (pour des raisons démographiques), avant de ralentir.
Une large part d'incertitude
Sans rentrer dans le détail technique des projections et des différents scénarios, on retiendra cependant que ces prévisions sont très sensibles aux variantes d'effectifs de personnes âgées dépendantes et aux hypothèses d'indexation du barème des prestations, beaucoup plus qu'aux différents scénarios de croissance économique.
Or - et même si l'étude de la Drees ne l'évoque pas -, il règne une grande incertitude sur l'évolution de certaines pathologies facteurs de basculement des individus vers la dépendance. Le cas de la maladie d'Alzheimer est sans doute le plus emblématique. Après plusieurs années de prévisions apocalyptiques sur l'évolution du nombre de malades, les perspectives semblent aujourd'hui nettement moins sombres sur le moyen et long terme (voir notre article ci-dessous du 23 septembre). Certaines composantes des scénarios pourraient donc être revues à la baisse (même si d'autres facteurs peuvent, à l'inverse, apparaître). Sans oublier l'impact toujours possible des progrès de la recherche et de la médecine sur les moyens d'accroître l'espérance de vie en bonne santé.