La précarité alimentaire se diffuse dans la société et les territoires, alertent les Banques alimentaires
Les effets de l’inflation sont toujours bien présents pour ceux qui peinent à se nourrir correctement, y compris des personnes qui travaillent et sont propriétaires de leur logement. Dans son dernier baromètre sur les profils des publics accueillis dans ses antennes, le réseau des Banques alimentaires insiste sur l’aggravation des difficultés en outre-mer et en milieu rural. La Fédération est présente au Salon de l’agriculture pour se rapprocher des filières agricoles et valoriser les initiatives permettant au plus grand nombre de bien manger.

© Michael LUMBROSO/REA
La hausse des prix est toujours "la première cause du recours à l’aide alimentaire", observe la Fédération française des Banques alimentaires dans une étude rendue publique ce 24 février 2025. Passant après le logement et les factures d’eau et d’énergie, "dépenses contraintes", l’alimentation est devenue "une variable d’ajustement budgétaire", est-il déploré.
Cet impact durable de la crise inflationniste affecte en particulier "les territoires d’outre-mer où les prix alimentaires sont plus élevés, venant aggraver des difficultés socio-économiques déjà prégnantes", soulignent les auteurs de cette étude sur les profils des personnes accueillies à l’aide alimentaire. La précarité en milieu rural s’aggrave, alerte encore le réseau. Selon l’étude, "une personne accompagnée sur quatre vit en milieu rural", soit "une augmentation de six points en deux ans".
Ces données reposent sur une enquête conduite entre septembre et novembre 2024 auprès de 1.037 personnes accueillies dans 140 associations et centres communaux d’action sociale (CCAS) partenaires. Au total, ce réseau d’aide alimentaire fédère 6.000 structures dont 1.476 CCAS ; 110 implantations en métropole et en outre-mer sont comptabilisées.
Davantage de bénéficiaires ayant un emploi
La diversification des profils de personnes qui recourent à l’aide alimentaire se confirme également. "La précarisation se diffuse dans la société, y compris pour une partie des classes moyennes", insiste le réseau des Banques alimentaires. Les personnes sans emploi sont certes toujours majoritaires (trois quarts des bénéficiaires). Mais, entre 2022 et 2024, la part des travailleurs a augmenté de cinq points – et une petite moitié de ces travailleurs pauvres sont à temps plein. Les propriétaires de leur logement sont également plus nombreux : ils représentent 15% des personnes accueillies à l’aide alimentaire (+5% par rapport à 2022).
Quant aux configurations familiales, le réseau observe une hausse de la part des personnes seules (46%, +5% par rapport à 2022). Par ailleurs, "les foyers avec enfants correspondent à la moitié des personnes interrogées" et "un foyer sur trois est une famille monoparentale", indiquent les auteurs, qui mentionnent que la majorité des répondants à l’enquête sont des femmes (71%).
Figure dans l’étude un point sur l’état de santé dégradé des bénéficiaires de l’aide alimentaire, l’accent étant notamment mis sur les problématiques de santé mentale et d’obésité. La moitié des personnes interrogées déclarent avoir déjà renoncé à des soins pour des raisons financières, un taux qui s’élève à 68% pour les habitants de territoires ruraux.
› Mieux manger "pour tous et partout" : les Banques alimentaires présentes au Salon de l’agricultureLa Fédération française des Banques alimentaires est présente au Salon international de l’agriculture (SIA) du 22 février au 2 mars 2025, autour de la thématique "Bien se nourrir pour tous et partout, des territoires à l’Europe". "Se nourrir est un besoin vital qui ne peut être décorrélé de notre santé physique et mentale (notre grande cause nationale en 2025), de notre bien-être, de notre environnement, de notre éducation", affirme le président du réseau, Jean Cottave. Les Banques alimentaires s’emploient donc à nouer des partenariats variés, à renforcer en particulier leurs liens avec les filières agricoles. Elles s’engagent sur les enjeux de production et de souveraineté alimentaire, à travers par exemple un partenariat avec le réseau Cocagne qui vise à faciliter l’approvisionnement des Banques alimentaires en fruits et légumes biologiques issus des jardins de Cocagne. Le SIA sera l’occasion pour le réseau de remettre des "prix Alliances locales de solidarité", dont l’un sera attribué à la Banque alimentaire des Côtes-d’Armor pour une initiative d’atelier de transformation de légumes. "Porté en collaboration avec au Coeur de l'emploi, une entreprise à but d’emploi du Territoire Zéro Chômeur, ce projet sera également un vecteur d’insertion", est-il souligné dans le dossier de presse dédié au SIA. Un autre prix "récompensera la Banque alimentaire du Calvados et la MSA, pour leur soutien aux producteurs locaux de légumineuses", est-il mentionné. Lors du SIA, le réseau des Banques alimentaires valorisera également son engagement sur la réduction du gaspillage alimentaire et animera des ateliers de cuisine solidaire – une quarantaine de repas seront ainsi produits chaque jour et distribués à des personnes dans le besoin par l’Ordre de Malte, lors de maraudes. Depuis 15 ans, les Banques alimentaires portent le programme de prévention "Bons gestes & bonne assiette", à la fois pour "recréer du lien social" et pour aider des personnes en situation de précarité à "mieux manger à petit budget". Les ateliers, outils et formations de ce programme sont développés en partenariat avec la Fédération française du diabète, Siel bleu (sport adapté) et le Collectif de lutte contre la dénutrition. |