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Développement des territoires - La Poste réorganise son réseau, à la ville comme à la campagne

La Poste continue de moderniser son réseau pour générer des économies. Au programme : la mise en place de deux nouvelles formes de présence postale, surtout en zone rurale, les maisons de services publics adossées aux bureaux de poste les plus fragiles et les facteurs-guichetiers. Côté villes, l'expérimentation en cours qui consiste à installer des relais poste dans des supermarchés pourrait amener à supprimer des bureaux de poste.

Les bureaux de postes vont-ils s'installer dans les supermarchés en ville ? D'après les informations données par Le Parisien* le 7 avril 2015, La Poste s'apprête à supprimer 7.000 sites dans des villes moyennes et grandes, comme Bordeaux, Paris ou Lyon, d'ici 2020, et à les remplacer par des relais installés dans des lieux de passage tels que les supermarchés. Les services postaux seraient assurés par les caissiers et les horaires pourraient ainsi être élargis. Seuls les services bancaires ne pourraient se faire sous cette forme et resteraient accessibles uniquement dans les bureaux de poste. Le groupe a rapidement démenti le chiffre de 7.000 bureaux supprimés. En revanche, des expérimentations ont déjà lieu pour tester l'installation des services postaux dans des magasins, l'idée ayant émergé l'an dernier. La démarche respecterait la loi : à l'heure actuelle, 85% des habitants de ces villes moyennes et grandes se situent à moins de 500 mètres d'un bureau de poste, voire 96% pour Paris. La loi impose une présence postale à moins de 5 kilomètres des habitants.
"Cela ne me semble pas impossible," a assuré Jean Launay, député du Lot et président de la Commission supérieure du service public des postes et communications électroniques (CSSPPCE), à l'occasion d'une rencontre presse organisée le 8 avril. Le député a notamment cité l'exemple de l'Allemagne qui, au fil du temps, a supprimé ses bureaux de poste au profit de services en supermarché. Jean Launay ne semble toutefois pas totalement convaincu par la démarche. "C'est le sujet le plus complexe," a-t-il signalé.
A l'inverse, les deux nouvelles formes de présence postale initiées en milieu rural fonctionnent déjà. "A l'heure actuelle, nous avons trois formes de présence postale, avec l'obligation d'avoir 17.000 points de contact : les agences postales communales (APC), les relais postes commerçants (RPC) et les bureaux de poste. Au sein des bureaux de poste, il y a deux nouvelles formes qui émergent," a signalé Jean Launay, faisant allusion aux maisons de services publics adossées aux bureaux de poste moins fréquentés et aux facteurs-guichetiers.

500 facteurs-guichetiers

La Poste s'est rapidement dite favorable à la première option, en février 2015, suite au rapport du député publié en janvier. La Poste fait en ce moment-même le tour des bureaux qui pourraient se transformer ainsi. Il devrait y en avoir 1.000 d'ici à 2017.
L'autre forme de présence postale consiste à faire assurer par des facteurs la distribution de courrier une partie de la journée, l'autre partie étant consacrée au guichet au bureau de poste. "La Poste s'était éloignée de ce modèle, elle y revient. Cela permet d'éviter de basculer en APC et de garder les bureaux de postes avec des postiers qui ont deux métiers : la distribution et le guichet," a détaillé Jean Launay. 500 facteurs-guichetiers pourraient ainsi émerger. Plusieurs mairies du Lot seraient déjà partantes.
Au-delà de ce rôle de facteur-guichetier, depuis 2013 des facteurs sont amenés à réaliser plusieurs services lors de leur tournée, comme la livraison de courses, les visites de personnes âgées, le transport de médicaments, les photographies pour les assureurs, la collecte de papier en vue de son recyclage… A l'horizon 2015, la Poste compte équiper tous les facteurs, soit 90.000, des outils nécessaires (smartphones notamment) pour assurer ces nouveaux services de proximité. Et la loi Macron prévoit aussi que les facteurs puissent faire passer le permis de conduire.
Les syndicats s'inquiètent des répercussions de ces nouvelles formes de présence postale sur les emplois. Pour Jean Launay, les choses sont très claires : "Il n'y a pas de plan social !" a-t-il affirmé le 8 avril, précisant que la Poste réfléchissait à un nouveau modèle économique pour préserver ses emplois. En jeu : la réduction des volumes de courrier (-6% par an), la baisse de fréquentation des bureaux de poste, la croissance des coûts du réseau, et la baisse du bénéfice net du groupe en 2014 (-17,7% à 513 millions d'euros). En 2014, le groupe s'est fixé un objectif de 500 millions d'euros d'économies au cours des prochaines années. La modernisation de son réseau pourrait permettre d'atteindre cet objectif. Dans son rapport de 2010, la Cour des comptes préconisait de ramener de 17.000 à environ 3.000 le nombre de points de contact…

Emilie Zapalski

* Le Parisien cite notamment l'ouvrage "La face cachée de la Poste" écrit par deux de ses journalistes, Séverine Cazes et Valérie Hacot.