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Social - La Miviludes se penche sur la protection de l'enfance face aux dérives sectaires

Dans son rapport d'activité 2010, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) revient une nouvelle fois sur la question de la protection de l'enfance face aux dérives sectaires. Une question qui concerne tout particulièrement les services d'aide sociale à l'enfance (ASE) des départements. La mission avait déjà publié, il y a quelques mois, un guide très pédagogique et très utile sur "La protection des mineurs contre les dérives sectaires" (voir notre article ci-contre du 15 octobre 2010).
Dans son rapport 2010, la Miviludes se concentre surtout sur des sujets comme la résurgence du discours apocalyptique à l'approche de 2012, la dérive sectaire dans le domaine de la santé (avec l'exemple du cancer) ou encore le développement en réseaux des mouvements à caractère sectaire. Mais elle publie aussi une intéressante contribution du ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale. Celle-ci montre que les pouvoirs publics ne sont pas restés inactifs devant les risques des dérives sectaires pour les enfants. La première priorité était de permettre aux professionnels de l'enfance de se situer face aux phénomènes sectaires et de préciser les modalités de leur intervention dans un tel contexte. La note estime que les travaux menés "permettent aujourd'hui de situer, d'une part, la gravité des problèmes rencontrés par ces mineurs et, d'autre part, d'appréhender les difficultés propres rencontrées par ces professionnels". Ces travaux "conduisent à un recentrage des professionnels dans leur champ habituel, celui du droit commun".

Une vigilance particulière pour les enfants handicapés

Pour arriver à ce résultat, les services du ministère ont organisé, à partir de septembre 2009 et sur l'année 2010, une série de journées régionales de sensibilisation. Les thèmes abordés portaient à la fois sur l'impact, pour les enfants, d'un engagement de leurs parents dans un mouvement sectaire et sur les difficultés de travail des professionnels dans un tel contexte. Ce second aspect a permis de faire ressortir les difficultés ressenties par les acteurs de la protection de l'enfance : crainte de ne pas pouvoir rencontrer ces enfants vivant isolément, crainte de ne pas parvenir à repérer les situations à risques, mais aussi sentiment erroné que ces situations ne concerneraient que très peu d'enfants. Ces difficultés - et un certain sentiment d'isolement face à ces situations - ont conduit certains professionnels à s'organiser en réseau de travail. Cette approche a été facilitée par la mise à disposition d'une lettre électronique de l'Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes), la principale association en ce domaine.
La contribution du ministère évoque également le cas particulier des pratiques sectaires sur les enfants handicapés (notamment handicapés mentaux). Elle révèle en particulier l'existence de DVD de prosélytisme en langue des signes et estime que "ces situations sont d'autant plus inquiétantes que l'on a constaté leur mise en œuvre dans des établissements médicosociaux". Ceci conduit à suggérer une double vigilance. D'une part, sur le contenu de certains approches pseudo thérapeutiques, et notamment celles tournant autour de la "communication facilitée". D'autre part, sur la réalité de certains organismes de formation susceptibles d'intervenir dans les établissements, la formation étant on le sait un vecteur traditionnel de pénétration des sectes.