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Personnes âgées - La Miviludes met en garde contre les risques sectaires dans les établissements pour personnes âgées

Le dernier rapport de la Miviludes analyse le risque auquel peuvent être exposées les personnes âgées hébergées dans les établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux - que ce risque émane par exemple de bénévoles extérieurs ou de formations proposées au personnel - ainsi que celles vivant à domicile.

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) publie son rapport d'activité 2011-2012. Celui-ci consacre un chapitre aux "risques de dérives sectaires auxquels sont ou peuvent être exposées des personnes âgées". Un choix justifié par le fait que "les personnes âgées, fragilisées par l'âge, l'isolement, le deuil, la maladie, la perte des repères, l'altération des capacités physiques et intellectuelles, sont des victimes idéales des mouvements sectaires, pas autant comme cibles à recruter que comme sources potentielles de revenus et de capitaux".

Des risques de nature diverse

Le rapport 2011-2012 de la Miviludes se penche plus particulièrement sur le risque auquel peuvent être exposées les personnes hébergées dans les établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux. Le risque peut venir de l'établissement lui-même, même si cette situation est "extrêmement rare". Le rapport mentionne ainsi "le cas d'une maison de retraite médicalisée dont le fonctionnement, la gestion et les pratiques d'accueil et de soins étaient inspirées des thèses du mouvement sectaire, et dans laquelle une forte suspicion de captation d'héritage a été mise à jour".
Le principal risque provient toutefois de l'entourage de la personne, au sein de l'établissement d'accueil. Tout en se gardant évidemment de stigmatiser les bénévoles, le rapport indique que le cas le plus fréquent "est celui des auxiliaires bénévoles qui viennent visiter les personnes âgées placées en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et qui peuvent profiter de l'absence de vigilance de la direction de l'établissement et/ou de la carence de la famille, pour instaurer une relation de confiance, voire affective, avec la personne et lui soutirer des dons, legs, remises en nature, avantages financiers, etc., pour leur propre compte ou pour celui du mouvement auquel ils appartiennent".
Un autre cas de figure est le risque de prosélytisme au sein des établissements d'accueil. Sollicitée sur ce point par des établissements, la Miviludes précise que la direction "est tout à fait fondée à interdire l'accès de l'établissement à toute forme de prosélytisme auprès des résidents (comme du personnel) dans le cadre de sa mission générale de protection d'un public vulnérable". En revanche, si un résident, déjà membre d'une communauté spirituelle, réclame de sa propre initiative la visite d'un autre membre de sa communauté, celle-ci ne peut être refusée.
Enfin, le dernier risque identifié est celui qui peut provenir du personnel de l'établissement. Ce risque peut tenir à l'appartenance d'un membre du personnel à un groupement sectaire. Mais il est le plus souvent indirect, par le biais de formations professionnelles délivrées par des mouvements sectaires, généralement dissimulés. Soumis à un travail difficile et stressant, certains salariés peuvent en effet être séduits par des actions de formation dans les domaines du coaching, du développement personnel, de la gestion du stress, de la confiance en soi, "autant de mots qui doivent alerter, sinon appeler à la vigilance les personnels eux-mêmes et la direction des établissements".

Des mesures pour prévenir

Face à ce constat, le rapport de la Miviludes formule un certain nombre de propositions à caractère général. Dans les Ehpad, il recommande de renforcer le rôle du conseil de la vie sociale de l'établissement, en donnant la possibilité d'y intégrer des représentants des associations de défense des droits des patients. Il préconise également d'étendre aux établissements médicosociaux le dispositif de la personne de confiance qui existe déjà dans les établissements sanitaires.
Pour les personnes vivant à domicile, la Miviludes propose "d'interdire à tout bénévole (en tant que personne physique assurant directement l'aide au domicile) et à toute association non reconnue d'utilité publique intervenant au domicile des personnes âgées de pouvoir bénéficier des dons, legs et avantages financiers de toute nature de la part de la personne visitée", comme cela existe déjà pour les professions de santé et les responsables et personnels d'établissements. Le rapport préconise aussi de renforcer la formation des personnels des établissements médicosociaux pour les sensibiliser au risque sectaire. Enfin, il recommande de soumettre les établissements et services destinés à des publics vulnérables à un agrément renforcé (prévu dans la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médicosociale).

 

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