Culture - La grotte Chauvet entre au patrimoine mondial
Le 22 juin, à l'occasion de sa 38e session à Doha (Qatar), le Comité du patrimoine mondial a inscrit sur sa liste la grotte ornée du Pont d'Arc, dite grotte Chauvet-Pont d'Arc (Ardèche). Cette grotte, découverte en 1994, recèle les plus anciennes peintures connues à ce jour, remontant à la période de l'Aurignacien (entre 30.000 et 32.000 avant J-C.).
Une qualité esthétique exceptionnelle
Le site compte plus de mille peintures, aux motifs anthropomorphes ou animaliers (mammouths, ours, lions, chats sauvages, rhinocéros, bisons, aurochs). La plus émouvante étant sans doute la première "signature" d'un artiste, sous la forme d'une "main négative" (trace de la main sur la paroi après projection d'ocre rouge). Leur état de préservation exceptionnel s'explique par le fait que la grotte a été fermée par un éboulement, il y a environ 20.000 ans, avant sa redécouverte en 1994.
Dans sa présentation, le site du patrimoine mondial explique que "leur qualité esthétique exceptionnelle témoigne d'une large gamme de techniques, notamment la maîtrise de la couleur, la combinaison peinture-gravure, la précision anatomique, la représentation tridimensionnelle et du mouvement".
Un rapport très favorable de l'Icomos
L'inscription de la grotte Chauvet n'est pas vraiment une surprise, tant le rapport de l'Icomos - qui expertise les candidatures pour le compte du Comité du patrimoine mondial - était favorable à cette candidature (voir notre article ci-contre du 6 mai 2014). Le rapport estime ainsi que "la grotte Chauvet présente une quantité et une qualité de manifestations culturelles des populations de l'Aurignacien bien plus riches que tout autre site pris en considération dans l'analyse comparative". L'Icomos considère aussi que "la grotte Chauvet est un témoignage exceptionnel sur la plus ancienne production créative connue des populations aurignaciennes, qui illustre une valeur universelle exceptionnelle".
Afin de le préserver, le site est fermé au public depuis sa découverte. Pour permettre néanmoins de découvrir ce patrimoine sans équivalent - et bénéficier de l'impact touristique de l'inscription -, une réplique de la grotte est en construction (voir notre article ci-contre du 5 juin 2012). Financée par le département de l'Ardèche, la région Rhône-Alpes, l'Etat et l'Europe - pour un coût d'une cinquantaine de millions d'euros -, elle devrait ouvrir ses portes le 25 avril 2015.
La patience a payé
La France a toutefois dû se montrer patiente. Une tentative du ministère la Culture, il y a deux ans, pour accélérer le classement avait en effet échoué de façon assez piteuse (voir notre article ci-contre du 22 juin 2012). La France avait alors en effet affirmé que les conditions climatiques à l'intérieur de la grotte constituaient une telle menace imminente sur sa conservation que le dossier pouvait prétendre à la procédure de proposition d'inscription en urgence, prévue par les textes régissant le Comité du patrimoine mondial. Un classement dès 2012 était supposé permettre à la France de mobiliser la communauté scientifique mondiale pour traiter le problème. Une ficelle un peu grosse qui n'avait pas convaincu l'Icomos. Dans sa réponse, l'organisme répondait froidement que "du point de vue de l'Icomos, les conditions climatiques et biologiques de la grotte Chauvet sont restées pratiquement inchangées depuis 20.000 ans, y compris les concentrations de CO2 et de radon".
La France n'ayant droit - en principe - qu'à une inscription annuelle, la candidature de la chaîne des Puys avait peu de chance d’être retenue pour cette session, d’autant que son dossier avait fait l'objet d'un rapport défavorable de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Le Comité de l'Unesco a finalement décidé de la "renvoyer" pour complément d'information.