Patrimoine - Près de 50 millions d'euros et deux ans de chantier pour la réplique de la grotte Chauvet
Découverte seulement en 1994 et située en Ardèche, la grotte Chauvet connaît, depuis quelques mois, une brutale accélération de son histoire, dans laquelle les collectivités territoriales jouent désormais un rôle essentiel. La première étape date du 21 janvier dernier, avec l'annonce du choix de la France de présenter la candidature de la grotte Chauvet (et des vignobles de Bourgogne) au comité du patrimoine mondial de l'Unesco (voir notre article ci-contre du 23 janvier 2012). Deux autres événements remontent au mois de mai. Au début du mois, la présentation des conclusions de nouveaux travaux de datation montre ainsi que les peintures de la grotte Chauvet remonteraient à plus de 30.000 ans - soit deux fois plus anciennes que Lascaux -, ce qui en ferait la plus ancienne grotte ornée au monde. A la fin de ce même mois, des spéléologues ont découvert de nouvelles peintures rupestres - datant a priori de 17.000 à 20.000 ans - dans le gouffre Emilie, à proximité de la grotte Chauvet. Parmi les peintures observées figure notamment une tête de cheval de Przewalski.
Enfin, la dernière étape - provisoire - de cette "année Chauvet" a pris place le 4 juin, avec le lancement officiel des travaux de construction du futur espace de restitution de la grotte. L'objectif affiché est en effet de ne pas renouveler les erreurs commises avec Lascaux. La grotte Chauvet n'est pas ouverte au public et ne le sera jamais. L'objectif de cette réplique est donc de restituer - en les compactant dans un espace d'environ 3.500 m2 - les 8.000 m2 de la grotte Chauvet. L'ensemble des éléments majeurs de la grotte sera ainsi fidèlement restitué dans la réplique. Le projet est particulièrement ambitieux avec ses cinq bâtiments - à l'espace de restitution s'ajoutent un espace d'accueil, un restaurant, un centre de découverte... - qui s'intègrent dans le paysage des gorges de l'Ardèche grâce au choix des matériaux.
Installé sur le territoire de la commune de Vallon-Pont-d'Arc (2.300 habitants permanents), cet équipement sera piloté par le syndicat mixte Espace de restitution de la grotte Chauvet–Pont-d'Arc, et financé par le département de l'Ardèche, la région Rhône-Alpes, l'Etat et l'Europe. La gestion de l'espace de restitution sera confiée à un prestataire privé spécialisé, dans le cadre d'une délégation de service public. L'ampleur du chantier est à la hauteur de ses ambitions. Le coût prévisionnel est en effet, à ce jour, de plus de 47 millions d'euros. Les travaux devraient durer de 24 à 30 mois, pour une ouverture à la fin de 2014. Les promoteurs de ce projet tablent sur une fréquentation annuelle de 300.000 à 400.000 visiteurs. Un objectif qui serait évidemment beaucoup plus facile à atteindre si la grotte Chauvet est inscrite à l'été 2013 au patrimoine mondial de l'Unesco.
