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Mobilité - La Fnaut appelle l'Etat à réorienter sa politique de transports

A l'occasion de son 19e Congrès qui s'est tenu à Nantes les 15 et 16 novembre, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a sévèrement critiqué la politique des transports du gouvernement qui menace selon elle le transport public et "contribue à la dégradation de l'environnement global et local". Elle a aussi décerné ses traditionnels tickets verts ou rouges aux collectivités et aux élus.

Déception et "vif mécontentement" à l'encontre de la politique de l'Etat en matière de transports ont dominé le 19e Congrès de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) organisé à Nantes les 15 et 16 novembre. "Comme celle du gouvernement Ayrault, la politique actuelle des transports n'a été précédée d'aucune réflexion de fond et se met en place de manière improvisée, incompréhensible car sans ligne directrice, sans vision économique, sociale et écologique à long terme", juge la Fédération qui reproche au projet de loi sur la transition énergétique de faire l'impasse sur le secteur du transport collectif et au redécoupage régional d'avoir été conçu "sans la moindre référence aux flux de déplacements". La Fnaut pointe aussi "une faiblesse regrettable devant les lobbies", ce qui conduit selon elle à des décisions "incohérentes, démagogiques, contraires à une transition énergétique et ruineuses pour l'Etat : l'abandon de l'écotaxe en est le meilleur exemple". La Fédération d'usagers juge du coup "le service public menacé". "Refusant la suppression des niches fiscales anti-écologiques et la mise en œuvre d'une fiscalité écologique soi-disant punitive, le gouvernement se prive des moyens nécessaires à une politique ambitieuse d'investissements de transports urbains et ferroviaires", souligne-t-elle. Elle dénonce aussi "une politique routière dépassée", regrettant la relance de projets autoroutiers en milieu urbanisé, le retour des travaux routiers dans les contrats de plan Etat-régions et la libéralisation à venir des services interrégionaux d'autocars. Sans recherche de complémentarité entre train et autocar, celle-ci risque à ses yeux de menacer les services Intercités.
Dans la motion adoptée à l'issue de son congrès, la Fnaut demande donc à l'Etat de "réorienter sa politique pour relancer les services publics de transports et tenir compte des impératifs écologiques". Concernant les infrastructures de transport, elle souhaite "l'abandon de grands projets inutiles et nocifs pour l'environnement" – parmi lesquels l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le canal Seine-Nord, la LGV Poitiers-Limoges, les métros automatiques dans les zones rurales d'Ile-de-France, les gares TGV "exurbanisées" d'Agen, Montpellier… -, la "mise au point d'un schéma des infrastructures ferroviaires", un nouvel appel à projets de transports collectifs en site propre (TCSP) portant sur la revitalisation des étoiles ferroviaires urbaines, la rénovation des 2.500 km de lignes ferroviaires capillaires dédiées au fret qu'elle juge menacées de disparition par le manque de moyens financiers de RFF et la réorientation des contrats de plan Etat-régions en cours de négociation vers les transports collectifs urbains et ferroviaires. En termes de gouvernance, elle avance cinq propositions : l'obligation pour les agglomérations de moins de 100.000 habitants d'établir un Plan de déplacements urbains visant à une réduction de la circulation automobile ; l'autorisation sans conditions de l'expérimentation du péage urbain ; l'obligation pour l'Education nationale d'établir un plan de déplacements pour les personnels et les élèves afin notamment de "réduire l'accompagnement automobile des enfants" ; une réduction de 10 km/h des vitesses maximales autorisées sur les routes et autoroutes et le lancement d'une campagne nationale en faveur de l'écoconduite ; une "intervention rapide" pour maintenir et développer les services ferroviaires Intercités ; la création d'"une instance permanente de concertation entre l'Etat, la SNCF et les utilisateurs des Intercités et des TGV". Enfin, la Fnaut réclame quatre mesures fiscales : l'abaissement du taux de TVA sur les transports publics de 10% au taux réduit de 5,5%, l'alignement progressif de la taxation du gazole sur celle de l'essence, la taxation du kérosène consommé lors des vols intérieurs et la revalorisation de la taxe à l'essieu pour compenser l'abandon de l'écotaxe et l'autorisation de circulation des poids lourds de 44 tonnes.

Anne Lenormand

Les tickets verts ou rouges 2014
Traditionnellement, la Fnaut a décerné au cours de son congrès des tickets verts ou rouges aux collectivités ou aux élus, en fonction de la réussite ou non de leurs projets de transports. Au cours de cette édition 2014, les tickets verts sont allés à la Communauté d'agglomération du Grand Besançon et à son président, Jean-Louis Fousseret pour l'introduction du tramway dans une agglomération de taille moyenne. Les régions Aquitaine, Centre, Franche-Comté, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d'Azur ont aussi été gratifiées d'un ticket vert pour leur politique de réouverture de lignes régionales "qui va à l'encontre de la politique de contraction du réseau ferroviaire poussée par l'Etat", a insisté la Fnaut. Deux élus ont chacun bénéficié d'un coup de chapeau : Jean Germain, ancien maire PS de Tours pour "la réalisation exemplaire du tramway de Tours dont le succès commercial dépasse largement les prévisions" et Joël Bruneau, maire UMP de Caen "pour la décision de remplacer le TVR par un 'vrai' tramway". En revanche, deux nouveaux élus écopent d'un ticket rouge : Brigitte Fouré, maire UMP d'Amiens, et Alain Gest, président UMP d'Amiens Métropole, se voient reprocher d'avoir "fait échouer un projet de tramway alors que ce mode de transport a démontré son efficacité pour le service public et l'environnement dans toutes les villes françaises où il a été réintroduit". A.L.