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Agriculture - La filière lainière détricotée par la mondialisation

Peu représentée en France, la filière laine connaît un véritable déclin depuis plusieurs années. Effets de la crise mais aussi mondialisation et délocalisations : de nombreux facteurs sont à l'origine de cette décroissance du marché. Des obstacles pointés du doigt lors de la huitième Conférence mondiale Mérinos et des entretiens de Rambouillet, organisés par la Bergerie nationale, du 3 au 6 mai. Réunissant des acteurs venus du monde entier, ces rencontres étaient, pour Christine Lang, l'occasion de "valoriser les projets qui existent". La directrice adjointe de la Bergerie nationale rappelle que "ce qui sauvera la laine européenne, c'est la qualité. Or, comme le font remarquer les entreprises, en France, toute la transformation de la laine a disparu. En outre, les savoir-faire ne sont plus enseignés". Les activités de peignage et de lavage s'effectuent désormais en Chine ou au Bangladesh et la concurrence des fibres synthétiques est coriace. Certaines initiatives méritent donc d'être partagées. Ainsi, la relocalisation du Tricotage des Vosges. L'entreprise ayant perdu sa licence Dim en 2009, son activité était réduite à néant jusqu'à ce qu'elle décide de relocaliser la production de chaussettes en laine à Vagney, sauvant ainsi de nombreux emplois. Autre réussite : la société coopérative de production Ardelaine qui a mis en place, dès 1982, des circuits courts en Ardèche. Comme le souligne son fondateur, Gérard Barras, "nous optimisons un maximum avec des bêtes de qualité mais je pense que la France est en phase de déstructuration industrielle depuis plus de 30 ans, comme de nombreux autres pays européens. Nous devons donc nous battre pour peser, au moins au niveau national". Un pari réussi puisqu'Ardelaine produisait 54 tonnes de laine en 2006. Cependant, ces succès ne sont pas nombreux. Comme l'explique Hubert du Potet : "Avec 7,8 millions de moutons pour une production d'environ 22.000 tonnes de laine brute, la filière de la laine française ne représente qu'un faible intérêt économique pour les régions." Le délégué général de la Fédération française des industries lainière et cotonnière espère pourtant une reprise : "Si tous les secteurs étaient en baisse de 17 à 33% en 2009 par rapport à l'année précédente, le retour vers les fibres naturelles ainsi que l'ouverture au marché des textiles techniques nous laissent un espoir pour 2010." Ainsi, la race du mérinos d'Arles, présente en région Paca mais aussi dans les départements de la Drôme, l'Isère, les Pyrénées-Atlantiques et la Corse, pourrait reprendre du poil de la bête. Reste tout de même un point déterminant pour Hubert du Potet : "L'Union européenne doit reconnaître la laine comme un produit agricole afin de faire bénéficier les producteurs des aides de la politique agricole commune (PAC)." Le "Merinoscope" a donc été l'occasion d'exercer une pression sur le ministre de l'Agriculture alors que les discussions sur la future PAC ont démarré à Bruxelles. Car le cheptel lainier français, éparpillé sur l'ensemble du territoire, fait partie du patrimoine national.


Muriel Weiss