La FFB alerte sur la récession qui touche le secteur du bâtiment
À l’instar de leurs homologues de la Capeb, les représentants de la FFB s’alarment d’une crise qui s’installe dans le logement neuf et qui entraîne l’ensemble du secteur du bâtiment vers une récession inédite depuis les années 1990.
Filant la métaphore rugbystique, le président de la FFB, Olivier Salleron, résume ainsi l’état de sidération qui touche les professionnels du bâtiment : "Nous sommes en protocole commotion !" Car si la situation est redondante depuis près de deux ans s’agissant du logement neuf, souligne le dirigeant, aujourd’hui c’est bien le bâtiment dans son ensemble qui est entraîné vers la récession. Dans un contexte de marché du crédit générateur de blocages tant dans le neuf que dans l’ancien, les annonces jugées "catastrophiques" à l’issue du CNR Logement laissent entrevoir un avenir sombre pour le secteur, même si les 2 milliards supplémentaires de MaPrimeRénov’ ainsi que la perspective des prochaines élections municipales mettent du baume au cœur des professionnels du secteur.
La phase de croissance de l’emploi dans le bâtiment ouverte en 2017 se referme
Mais en attendant d’hypothétiques effets bénéfiques pour l’avenir, la situation présente continue de préoccuper la FFB. Après une croissance de +4,3% en 2022, le neuf s’effondre en 2023 avec une prévision annuelle à -3,1%, plus pessimiste qu’attendue ces derniers mois et qui atteint même -5% dans le logement neuf. Seul point de satisfaction, le maintien (+2%) de l’activité amélioration/entretien qui représente, rappelle Olivier Salleron, 54% de l’activité totale du secteur. Mais au final, prévient le président de la FFB : "La phase de croissance de l’emploi dans le bâtiment depuis 2007 va se refermer."
Et tout indique que la crise est partie pour durer. Dans le logement neuf, le mouvement devrait même s’accentuer comme le laisse présager la chute des permis de construire qui atteint près de 30% sur les sept derniers mois et dont l’impact sera très fort sur l’activité des entreprises. Dans le même temps, les mises en chantier reculent de près de 14%. "Cela nous ramène à un niveau proche de celui de 1991", explique le président de la FFB, soit aux prémices de "la grande crise du logement des années 90". "Si on ne fait rien dans le PLF 2024, ce sera un choix politique avec des conséquences lourdes dans les années à venir", prévient Olivier Salleron. "Le bâtiment est comme un gros paquebot, quand il freine il est difficile de le faire redémarrer !"
Un effet attendu avec l’injection de 2 milliards d'euros supplémentaires sur MaPrimRenov’ en 2024
Et tous les chiffres collectés par la FFB sont à l’avenant : dans le neuf, les ventes aux particuliers ont chuté à fin juin à 150.000 unités pour toucher un plancher jamais atteint depuis 2007 tandis que le non-résidentiel dévisse de près de 20% en juillet en glissement annuel. Seule satisfaction, les travaux d’amélioration et d’entretien maintiennent leur niveau de croissance à +2,4% et cela avant même l’effet attendu de l’injection par l’État de 2 milliards d’euros supplémentaire à compter du 1er janvier 2024 dans le dispositif MaPrimeRénov’.
Sur le terrain de l’emploi, le solde reste positif au premier semestre 2023 grâce à la bonne dynamique du premier trimestre, mais la tendance indique clairement un fléchissement (-1.800 emplois attendus en fin d’année) avec un recours à l’intérim qui s’intensifie. Les défaillances d’entreprises, "très liées à l’augmentation du coût des matériaux pas toujours répercutée", restent "contenues" autour de -5% dans le bâtiment en comparaison de l’année de référence 2019 (hors période d’accompagnement Covid). Le secteur le plus touché restant celui de la promotion immobilière (+22%). Mais le pire pourrait être à venir avec une montée des défaillances inéluctable en 2024 si rien n’est fait pour enrayer la crise du logement neuf, s’inquiète la FFB.
Plus que des mesures ponctuelles, la FFB réclame davantage de "planification"
À l’heure où s’ouvrent les discussions sur le projet de loi de finance 2024 (PLF), la FFB joue les lanceurs d’alerte et défend ses positions auprès des parlementaires. La limitation du champ du PTZ à moins de 10% du territoire national est jugée "dramatique" car privilégiant la "métropolisation" ; quant au nouveau zonage qui pourrait concerner 200 communes en France, "pourquoi pas, mais cela reste très faible", explique le président de la FFB qui regrette que l’on exclue ainsi "les Français moyens et modestes de l’accession à la propriété". Le dirigeant réclame avant tout "une pause dans le Pinel jusqu’en 2024" ainsi que la mise en place d’un véritable "statut du bailleur privé qui prendrait le relais". La FFB réclame également le maintient d’une TVA réduite pour l’installation de chaudière à gaz "très haute performance énergétique" ainsi que la mise en place rapide de MaPrimeAdapt’ dont les contours sont jugés aujourd’hui "assez flous".
En résumé, le président de la FFB souhaite davantage de "planification", estimant qu’il y a "trop de mesures empilées depuis trois ans !" et que loin de coûter à la collectivité, le secteur "rapporte 50 milliards d’euros à l’État chaque année".