Habitat - La dépense courante de logement continue d'augmenter, mais décélère
Dans la dernière livraison de sa lettre "Le Point sur", le service de l'observation et des statistiques du commissariat général au développement durable publie les chiffres des dépenses de logement en 2008-2009. Le principal enseignement de cette étude est que la dépense courante de logement (DCL) a progressé moins vite en 2009 que les années précédentes. Cette notion correspond à l'ensemble des dépenses consacrées par les ménages à l'usage courant de leur logement (résidences principales et secondaires) : loyers effectifs ou imputés (pour les propriétaires occupants), charges locatives, dépenses courantes d'énergie, travaux d'entretien courant, impôts et taxes...
Une décélération relative
La progression de la DCL s'est ralentie en 2009, sous la double influence du repli de l'activité immobilière et de la baisse du prix des produits pétroliers (et donc des dépenses de chauffage). Elle a ainsi progressé de 2,9% - pour atteindre 287,2 milliards d'euros -, contre 4,7% en 2008. La progression des loyers - qui constituent environ les trois quarts de la DCL - s'est également ralentie pour la quatrième année consécutive, mais à un niveau supérieur : +3,4% en 2009, contre +3,7% en 2008 et +4,8% en 2007. L'étude souligne d'ailleurs que le taux de progression atteint en 2009 est le plus faible enregistré depuis la création du compte du logement. Cette modération est principalement imputable aux loyers du secteur libre (+1,6%), alors que les loyers du parc HLM progressent au contraire plus rapidement (+3%). Ces chiffres semblent donner raison aux associations dans la récente polémique avec les bailleurs sociaux (voir notre article ci-contre du 11 mars 2010).
Cette décélération des loyers est cependant relative. En effet, la hausse de 3,4% des loyers en 2009 est supérieure à celle de l'inflation, alors que les 3,7% de 2008 lui étaient inférieurs. La dépense moyenne des ménages pour leur résidence principale continue donc de s'alourdir, passant de 9.400 à 9.500 euros par an entre 2008 et 2009. Elle est toutefois, pour partie, compensée par la croissance des aides personnelles au logement (+6,7% en 2008, pour un total de 15,2 milliards d'euros), nettement supérieure à celle des loyers. Ceci se traduit par une remontée de la part des aides personnelles au logement, après une période d'érosion continue depuis 1994. Celles-ci couvraient ainsi 5,2% des DCL en 2008, contre 5,1% en 2007. Au total, les ménages ont consacré, en 2008, 21,4% de leur revenu disponible brut à des dépenses courantes de logement, soit une hausse de 0,2 point.
438 milliards d'euros pour le logement
Pour sa part, la dépense nationale en logement mesure - sans doubles comptes - l'effort de l'ensemble des agents économiques (ménages, bailleurs sociaux, pouvoirs publics, collectivités territoriales...) en faveur du logement. Elle atteint 438 milliards d'euros en 2008 (dernier chiffre disponible à ce jour), ce qui marque également une décélération. Celle-ci s'explique par le repli de l'activité immobilière (acquisition de logements neufs et anciens, travaux d'amélioration et de gros entretien, frais afférents aux transactions...). Avec 290 milliards d'euros en 2008, l'activité immobilière est en recul (-2,7%) pour la première fois depuis 1995, après des années de forte hausse (+6,5% en 2007 et +12,6% en 2006). Dans ce contexte de crise, le secteur locatif social a toutefois joué son rôle contracyclique, puisque les bailleurs sociaux ont accru de 14% en 2008 leurs dépenses d'acquisition et de travaux, alors que celles des ménages (93% du total) se contractaient de 4%. Ces investissements ont été rendus possibles par une offre de crédits favorisée par la bonne collecte sur le livret A. La Caisse des Dépôts a ainsi pu accorder 8,5 milliards d'euros de crédits au logement social en 2008, contre 6,5 milliards en 2007.
Conséquence de cette croissance soutenue des dépenses liées à l'habitat : le poids du logement dans l'économie continue de croître. Les 438 milliards d'euros de la dépense nationale de logement représentent ainsi 22,5% du PIB, soit une progression de 0,3 point en 2008, après 0,1 point supplémentaire en 2007.
Jean-Noël Escudié / PCA