Tourisme - La croisière, nouvel eldorado des villes portuaires
A l'occasion de la convention Seatrade Med, qui a réuni 2.000 professionnels de la croisière au Palais des festivals et des congrès de Cannes du 30 novembre au 2 décembre, le Conseil national du tourisme a publié un rapport intitulé "L'essor prometteur des croisières en France". Rédigé par un groupe d'experts, ce document de plus de 110 pages se veut porteur d'une ambition : "Faire de la France un pays de croisières". Un objectif plus réaliste qu'il y paraît au première abord, depuis que la France - longtemps rétive à ce type de loisir très développé dans le monde anglo-saxon - commence à s'ouvrir à la croisière. Si l'Amérique du Nord reste le lieu privilégié de l'industrie de la croisière (10,4 millions de passagers et 59,4% du total mondial en 2009), l'activité européenne a pratiquement triplé en dix ans, passant de 1,7 million de passagers en 1998 à 5 millions en 2009 (28,6% du total). Si le nombre de passagers français sur les navires de croisière reste encore modeste - 347.000 en 2009, contre 1,55 million d'Anglais, 1,03 million d'Allemands, 799.000 Italiens et 587.000 Espagnols - la destination France intéresse de plus en plus les croisiéristes. En 2009, les ports français ont ainsi accueilli 2.000 escales de navires de croisières et plus de trois millions de passagers.
A ce jeu, cinq ports méditerranéens remportent la mise : Marseille, l'ensemble Nice-Cannes-Villefranche, Monaco, Ajaccio et Toulon. Avec 2,34 millions de passagers en escale en 2010 (estimation), ils ont vu en effet leur activité en la matière multipliée par 3,3 en dix ans. Marseille tient la corde avec 720.000 passagers, devant Nice-Cannes-Villefranche (665.000), Monaco (380.000) et Ajaccio (325.000). Mais c'est le petit dernier Toulon - port militaire qui se diversifie dans la croisière en utilisant l'ancien site des défunts chantiers navals de La Seyne - qui enregistre la plus forte hausse, avec un nombre de passagers multiplié par six en dix ans (234.000 en 2010). A moyen terme, le développement des croisières devrait surtout bénéficier à Marseille, Monaco, Ajaccio et Toulon, au détriment de Nice et Cannes, qui ne disposent que d'installations portuaires exiguës. Bien que pouvant compter sur une dizaine de ports capables d'accueillir les grands navires de croisière, les villes maritimes de l'Atlantique et de la Manche sont beaucoup moins bien loties. Malgré leurs glorieux titres de noblesse dans l'histoire des paquebots, Le Havre et Cherbourg n'accueillent en effet que 122.000 et 35.000 croisiéristes (avec toutefois une multiplication par sept en dix ans pour Cherbourg). Parmi les autres villes portuaires, seules émergent Brest (37.000 passagers), Rouen-Honfleur (26.000) et La Rochelle (23.000).
135 euros par croisiériste
Les collectivités sont parties prenantes au développement des installations portuaires destinées à l'activité de croisière. Le grand terminal de croisière inauguré à Marseille en 2003 a ainsi été financé à 80% par les collectivités. Mais ces investissements sont plus que compensés par les retombées sur le commerce et le tourisme local. Après prise en compte des différents effets induits, l'impact global des escales de croisière à Marseille en 2008 a pu être évalué à 72 millions d'euros - 135 euros par croisiériste - et l'impact social à 430 emplois à temps plein, dont 150 liés à l'impact direct et indirect. Encore ces chiffres ne prennent-ils pas en compte l'activité liée aux excursions organisées pour les passagers débarqués. Afin de tirer le meilleur parti de la manne que pourraient représenter les croisières dans les prochaines années, le rapport propose un "programme d'actions", regroupant une vingtaine de mesures. Parmi celles-ci figurent notamment des actions de valorisation des villes-ports (information, animation...), le développement de la fonction portuaire de "tête de ligne" dans le maximum de ports ou encore la mise à l'étude de nouveaux équipements adaptés à l'accueil des croisières.