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Environnement - La consommation d'eau diminue mais les prix s'envolent

Baisse de la consommation, augmentation de la gestion en régie, hausse du prix de l'eau liée au poids croissant de l'assainissement, diminution des pertes sur le réseau et des rejets d'effluents dans la nature : telles sont les grandes tendances de la dernière enquête sur les services publics d'eau et d'assainissement de 2004 à 2008 publiée par les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture.

Quatrième étude du genre depuis 1998, l'enquête 2008 sur les services publics d'eau et d'assainissement dont les résultats viennent d'être publiés montre d'abord une progression de l'intercommunalité pour assurer la gestion de l'assainissement et de l'alimentation en eau potable : en 2008, dans 74,5 % des communes (contre 72,7 % en 2004) représentant 69 % de la population, le service d'eau potable est assuré au niveau intercommunal ; et parmi les 24.900 communes disposant d'un service d'assainissement collectif, 45,3 % (72 % de la population) l'ont sous forme intercommunale ou mixte, contre 29,9 % en 2004.
La gestion en régie a aussi poursuivi sa progression. 47,5 % des communes - majoritairement de petites communes de moins de 3.500 habitants, couvrant 30 % de la population - gèrent le service d’eau potable en régie contre 45,4 % en 2004. 65,7 % des communes dotées d'un service d'assainissement collectif le gèrent aussi en régie, contre 63,5 % en 2004. 48 % de la population est aujourd'hui dotée d'un service d'assainissement collectif en régie.

L'assainissement fait flamber les prix

Autre enseignement important de l'étude : la flambée des prix. Entre 2004 et 2008, le prix moyen de l'eau a augmenté de 3,3 % par an, soit nettement plus que l'indice des prix à la consommation (1,9 %). Pour une consommation annuelle de 120 m3, il s'élève en moyenne à 3,39 euros/m3 dans les communes pourvues d'un assainissement collectif. Le prix de l'assainissement a connu la hausse la plus sensible en valeur (+3,7 % par an entre 2004 et 2008). "La part de l'assainissement (53 % en 2008) dans le prix de l'eau dépasse à présent celle de l'eau potable, note l'étude. Cette évolution peut refléter l'amortissement des coûts de mise aux normes progressive des stations d'épuration selon la législation européenne et l'extension de l'assainissement collectif."
"L'effet 'assainissement' explique en partie les disparités de prix observées entre les communes", souligne encore l'étude, mais d'autres facteurs entrent aussi en jeu : disponibilité et origine de la ressource en eau, traitements de "potabilisation", longueur ou degré de ramification des réseaux de distribution d'eau et de collecte des eaux usées ou encore systèmes de tarification. L'étude relève ainsi que dans les départements de la Réunion, de la Guyane, des Alpes-de-Haute-Provence, de l'Ain, du Cantal et du Jura,  le prix de l'eau est inférieur en moyenne à 2,50 euros/m3 tandis qu'il dépasse les 4 euros/m3 en Seine-et-Marne, dans les départements bretons, dans la Manche, en Vendée ainsi qu'en Guadeloupe et en Martinique.
Les prix dépendent également des modes d'organisation et de gestion, relève encore l'étude, qui souligne qu'ils sont "plus élevés en intercommunalité et en délégation". Mais elle constate aussi que l'écart des tarifs entre gestion en régie et délégation s'est réduit (0,57 euro/m3 en 2008 contre 0,67 euro/m3 en 2004), "conséquence d'une hausse des prix plus rapide dans les services gérés en régie que dans ceux en délégation". La différence de prix entre régie et délégation s'estompe dans l'intercommunalité, passant de 0,44 à 0,25 euro/m3, mais se maintient en organisation communale (environ 0,75 euro/m3).

Les ménages réduisent leur consommation

Alors que les prix s'envolent, la consommation domestique d'eau baisse dans toutes les régions. "L'ensemble des volumes facturés 'domestiques' et 'gros consommateurs' atteint 4,1 milliards de mètres cubes en 2008 (contre 4,3 en 2004), soit une baisse de plus de 1 % par an entre 2004 et 2008", souligne l'enquête. Avec 3,5 milliards de mètres cubes en 2008, contre 3,8 en 2004, la consommation domestique d'eau diminue "de 1,5 % par an sur cette période", précise-t-elle. En moyenne, la consommation d'eau potable des ménages est de 151 litres par jour et par habitant en 2008 contre 165 litres en 2004, soit une diminution de plus de 2 % par an. "Cela traduit une inversion de tendance par rapport à l'augmentation de 1 % par an enregistrée entre 2001 et 2004", note l'étude qui avance plusieurs facteurs d'explication : la diffusion progressive d'équipements plus économes en eau (toilettes double-chasse, lave-linge…), les changements de pratiques (douche plutôt que bain), un moindre arrosage des jardins du fait d'une année 2008 plus pluvieuse que 2004 dans la plupart des départements. Les quantités consommées diffèrent toutefois sensiblement d'une région à l'autre du fait du climat, de la place de l'habitat individuel, de l'existence de piscines et de jardins, du tourisme, etc. La consommation va ainsi en moyenne de 109 litres par jour en Nord-Pas-de-Calais à 228 litres en Provence-Alpes-Côte d'Azur et 250 litres à la Réunion.

Moins de fuites

La longueur du réseau de distribution d'eau potable est passée de 877.000 kilomètres en 2004 à 906.000 kilomètres en 2008. Cette croissance "s'explique pour les trois quarts par l'extension de réseaux existants (15.000 kilomètres), à de nouveaux lotissements par exemple, et par la création de 80 nouveaux services de distribution (6.000 kilomètres). Le quart restant tient à l'amélioration de la connaissance par les communes de leur réseau", détaille l'étude. Le taux de remplacement annuel du réseau déclaré pour les années 2006-2008, comme celui prévu pour 2009-2011, reste d'environ 0,6 % par an. La durée de vie du réseau est estimée à un siècle et demi, "donc supérieure à celle prescrite par les opérateurs, de 50 à 75 ans".
Bonne nouvelle au chapitre des économies : le taux de pertes d'eau sur le réseau "continue de diminuer. En moyenne, il s'établit à 21,9 % en 2008, contre 23,7 % en 2004, alors que la population desservie a augmenté". Cette diminution est due au "renouvellement-développement des canalisations", ainsi qu'à "de possibles progrès dans le dispositif de surveillance, par exemple la détection-réparation plus rapide des fuites". Mais ce taux de pertes dépasse encore 50 % dans 5 % des communes, représentant 3 % de la population.
En matière d'assainissement, "le choix du tout-collectif continue de s'imposer", souligne l'étude. Près de deux millions de logements supplémentaires ont été raccordés au réseau de collecte entre 2004 et 2008, soit un total de 26,8 millions de logements raccordés en 2008, alors que 5,6 millions de logements étaient non raccordés à l'assainissement collectif à cette même date, dont près de 5 millions équipés d'un système autonome. 1,1 million de logements déversent encore leurs effluents dans la nature, contre 1,5 million en 2004. Enfin, trois ans après l'échéance réglementaire, 27.700 communes avaient créé un Spanc (service public d'assainissement non collectif) fin 2008, couvrant 85 % des logements non raccordés. Quatre fois sur cinq, leur organisation est intercommunale et leur gestion en régie.

 

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