Logement / Tourisme - Jusqu'à quel point votre ville est-elle "airbnbisée" ?
Alors que certaines villes en Europe - à commencer par Barcelone et, dans une moindre mesure, Paris - s'emploient à limiter l'extension d'Airbnb et des autres plateformes d'intermédiation locative touristique (voir nos articles ci-dessous), perçues à la fois comme une concurrence déloyale pour l'hôtellerie et, surtout, comme un facteur de contraction de l'offre locative de logements pour les habitants, un site original permet de mieux prendre la mesure des enjeux, très différents d'une ville à l'autre.
"Je dois trouver un autre logement car mon propriétaire met son bien sur Airbnb"
La première originalité de observatoire-airbnb.fr est d'avoir été créé et d'être mis en œuvre par un élu local, en l'occurrence Matthieu Rouveyre, vice-président (PS) du conseil départemental de la Gironde et conseiller municipal de Bordeaux. Comme il l'explique sur le site, l'idée lui est venue en entendant à de multiples reprises des témoignages d'habitants du type "Je dois trouver un autre logement car mon propriétaire met son bien sur Airbnb".
L'élu indique que "ce sont plus particulièrement les jeunes, les personnes vivant seules et les familles modestes qui sont victimes de ce phénomène. La rentabilité des locations Airbnb étant bien meilleure qu'une location classique, elle accélère l'augmentation des loyers et du foncier".
Le site se veut donc "un outil de mise à disposition des données aux chercheurs, journalistes, élus et citoyens, afin d'étudier et comprendre l'airbnbisation des villes françaises et tenter d'y répondre".
110 villes recensées
En pratique, l'observatoire recense environ 110 villes en métropole et dans les DOM. Pour la plupart d'entre elles, le site mentionne la population de la commune, son nombre de logements et le pourcentage de résidences secondaires.
Il indique surtout le nombre des offres de location sur Airbnb, en distinguant les chambres et les logements entiers. Le tout accompagné d'une carte Google montrant, de façon assez détaillée, l'implantation de ces logements sur le territoire de la ville. Les données publiées remontent actuellement à la fin de 2016 ou au début de 2017. Par ailleurs, il faut rappeler qu'il existe aussi d'autres plateformes qu'Airbnb, comme Abritel.
Un lien fort avec la proportion de résidence secondaires
Sans surprise, le facteur touristique est déterminant dans la densité de l'offre Airbnb. Si Paris concentre l'offre la plus forte - 56.544 offres, dont 49.673 logements entiers, soit 4,2% du parc de logement -, il ne s'agit cependant pas de la plus forte densité. Avec 6.240 offres, dont 5.821 logements entiers, Cannes affiche par exemple un taux de 8,8%. Il est vrai que la ville compte 41,7% de résidences secondaires - en principe vides une partie de l'année -, contre seulement 7,4% à Paris.
On trouve une situation similaire dans une commune comme Deauville, qui compte 71% de résidences secondaires et où l'offre Airbnb représente 5,5% du parc de logements. Le lien entre taux de résidences secondaires et offre Airbnb est ainsi évident, mais il n'est toutefois pas automatique : à Honfleur, distante de quelques kilomètres de Deauville, l'offre Airbnb y représente 9,7% du parc - il semble qu'il s'agit du record -, alors que le taux de résidences secondaires n'y est "que" de 21%.
... 4,4% de Bordeaux, 0,54% de Rennes
Autre exemple de l'impact du tourisme : celui de deux villes de Paca distantes d'une vingtaine de kilomètres, Toulon et Hyères. La première (163.800 habitants), ville administrative et port militaire, compte seulement 545 offres Airbnb, soit 0,6% du parc de logements. A l'inverse, Hyères-les-Palmiers (55.800 habitants) - plus touristique avec la presqu'île de Giens et les îles d'Or - compte 837 offres, soit 2,2% du parc de logements. La proportion de résidences secondaires dans ces deux villes est respectivement de 3,2% et de 23,4%.
Parmi les grandes métropoles régionales, on observe notamment des taux significatifs de "logements Airbnb" à Bordeaux (4,4%) - soit un taux supérieur à celui de Paris -, Lyon (3,4%), Montpellier (2,8%), Lille (2,5%) et Marseille (1,9%). A l'inverse, d'autres grandes villes - dont certaines sont pourtant de grandes destinations touristiques - affichent des taux sensiblement plus faibles, à l'image de Toulouse (1,08%), Nantes (1,05%), Rouen (1,02%), Strasbourg (0,82%), Tours (0,78%), Dijon (0,64%) ou Rennes (0,54%).
A noter : le site propose aux élus intéressés de formuler une demande par mail, en s'identifiant, pour obtenir des données sur une ou plusieurs communes non listées jusqu'à présent.