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Tourisme - L'impact économique d'Airbnb serait de 6,5 milliards d'euros pour la France

Selon une étude réalisée par le cabinet Astarès pour le compte de la plateforme Airbnb, son impact économique serait de 6,5 milliards d'euros. Au total, 19.000 communes - dont plus de 70% ont moins de 2.000 habitants - compteraient au moins une location Airbnb.

Dans le débat de plus en plus âpre qui oppose l'hôtellerie traditionnelle et les plateformes d'intermédiation locative comme Airbnb, cette dernière avance un nouveau pion en publiant une étude sur l'impact économique de son activité, réalisée par le cabinet d'études économiques Astarès. Certes, celle-ci peut difficilement être autre chose qu'un plaidoyer pro domo, mais elle n'en apporte pas moins des enseignements intéressants sur l'impact des activités des plateformes d'intermédiation touristique dans les territoires.

Un poids multiplié par six en deux ans

Ce portrait de la "communauté Airbnb" - selon la terminologie en vigueur - montre ainsi que l'"impact économique total" d'Airbnb en France en 2016 aurait été de 6,5 milliards d'euros, contre 2,5 milliards d'euros en 2015 et 1,0 milliard en 2014. Ce chiffre résulte de l'addition du revenu des hôtes issu des locations et des dépenses des voyageurs (calculées par Astarès), le tout multiplié par un coefficient d'effet multiplicateur de 1,1, également calculé par le cabinet.
Au 31 décembre 2016, le réseau compte 300.000 "hôtes", proposant 400.000 locations sur tout le territoire, contre 180.000 hôtes en 2015 et 90.000 en 2014. Chaque hôte a loué en moyenne 26 nuits. Cette activité lui a rapporté en moyenne 2.100 euros par an.
Côté voyageurs (français et étrangers), l'étude recense 8,3 millions d'arrivées en 2016, pour une durée moyenne de séjour de 3,6 jours. Ces voyageurs se répartissent en 59% de Français, 25% d'Européens (6% d'Anglais, 3% d'Allemands, 3% de Belges, 2% d'Espagnols...), 7% d'Américains et 9% de touristes en provenance d'autres pays.

Quel impact pour les collectivités ?

Le cabinet Astarès a également calculé la répartition des dépenses des touristes Airbnb durant leur séjour, en dehors des frais de location. Celles-ci sont consacrées à la restauration (33%), aux loisirs (24%), au shopping (21%), aux courses alimentaires (11%), aux transports (9%) et aux autres services (2%).
Airbnb ne manque pas de faire valoir que 80% des hébergements proposés sur la plateforme sont situés hors de Paris, même si la capitale reste la première ville au monde par le nombre d'hôtes. Au total, 19.000 communes - dont plus de 70% ont moins de 2.000 habitants - comptent au moins une location Airbnb. Par ailleurs, l'étude révèle que 15% des voyageurs ont résidé dans une commune ne comptant aucun hôtel. Sans surprise, les principales destinations restent toutefois les grandes villes : Paris (1,7 million d'arrivées de voyageurs Airbnb en 2016), Nice (270.000), Lyon (250.000), Marseille (240.000), Bordeaux (220.000), Montpellier (130.000), Toulouse (110.000) et Lille (100.000).
Et, bien sûr, l'étude ne manque pas de rappeler la mise en place d'une "collecte automatisée de la taxe de séjour". Aujourd'hui appliquée dans 19 villes touristiques, elle sera étendue à 31 villes supplémentaires en mai 2017, portant ainsi le total à 50 communes, dont 14 stations de ski (voir notre article ci-dessous du 7 février 2017).

Un biais méthodologique

L'étude donne aussi quelques informations sur le profil des hôtes. Ceux-ci affichent une moyenne d'âge de 44 ans, 16% ayant 60 ans ou plus. La France compte ainsi 9 des 20 villes d'Europe avec la plus forte proportion d'hôtes seniors, toutes situées dans le sud. Les visiteurs sont plus jeunes que les hôtes - 37 ans d'âge moyen - et assurent, sur leur lieu de séjour, une dépense moyenne de 167 euros par jour.
L'ampleur de ces chiffres - et plus encore la rapidité de leur évolution - montre que les plateformes d'intermédiation locative constituent désormais des acteurs incontournables de l'activité touristique en France. S'il n'y a pas lieu de douter des chiffres avancés par Airbnb, il reste néanmoins que l'étude présente un biais fondamental. Elle raisonne en effet en "stock" et non en "flux". Une bonne part des 6,5 milliards de dépenses comptabilisées en 2016 aurait ainsi sans doute eu lieu avec ou sans Airbnb. L'étude sur le flux supplémentaire d'activité touristique engendré par l'apparition des plateformes d'intermédiation locative reste encore à faire...