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Emploi - Jusqu'à 300.000 emplois pourraient être créés grâce au pacte de responsabilité

L'allègement de charges de 10 milliards d'euros supplémentaire promis aux entreprises par François Hollande fin décembre 2013, dans le cadre du pacte de responsabilité, pourrait donner lieu à la création de 300.000 emplois. C'est le calcul réalisé par le Haut Conseil du financement de la protection sociale, réalisé à la demande du Premier ministre.

Sur la demande du Premier ministre, le Haut Conseil du financement de la protection sociale a analysé l'impact d'une réduction supplémentaire de 10 milliards d'euros de charges patronales, proposée fin décembre 2013 par le président de la République dans le cadre du pacte de responsabilité. Dans ce pacte, François Hollande a promis 30 milliards d'euros d'allègement de charges pour les entreprises, soit 10 de plus que l'actuel crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice). Trois options sont sur la table : l'augmentation du Cice, une transformation de ce crédit en allègement de charges ou bien en maintenant ce crédit et en le complétant. Le Medef et la CFDT ont déjà choisi une option : le maintien du Cice, qui correspond déjà à 20 milliards d'euros d'allègement de charges, pour les salaires inférieurs à 2,5 Smic.
L'étude du Haut Conseil porte justement sur l'utilisation des 10 milliards d'euros à ajouter à l'équation. Elle met en avant trois scénarios différents, en fonction des cibles visées. Premier scénario : l'allègement de charges porterait sur l'ensemble des salaires, quel que soit leur niveau. Ce scénario permettrait de créer entre 134.000 et 214.000 emplois en cinq ans mais il aurait tendance à favoriser les plus grandes entreprises, où les salaires sont les plus élevés. D'après les calculs du Haut conseil, les entreprises de plus de 500 personnes bénéficieraient dans ce cas de près de 40% des 10 milliards d'allègements. A l'inverse, seules 23% des entreprises de moins de 20 personnes pourraient bénéficier de cet allègement de charges… Les secteurs comportant les salaires les plus élevés, comme la banque et l'assurance, le conseil, l'informatique, l'énergie ou la chimie, seraient favorisés par ce scénario.

Des logiques différentes

Les deux autres scénarios sont davantage orientés vers les salaires moyens et faibles (jusqu'à 2,09 smic pour le deuxième scénario, soit 3.000 euros bruts, et jusqu'à 1,75 smic pour le troisième, soit 2.500 euros brut). Pour ces deux scénarios, le potentiel en termes de créations d'emploi serait bien plus important : 5.000 à 37.000 emplois supplémentaires  pour le deuxième scénario, par rapport au premier, et 15.000 à 160.000 emplois en plus pour le troisième scénario. Ces deux scénarios bénéficieraient aux secteurs à bas salaires, comme la distribution, la construction, l'hôtellerie et restauration ou l'intérim.
"Il y a des logiques différentes dans ces scénarios, explique à Localtis Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui a participé à l'étude, si on veut créer le plus d'emplois possibles, il faut viser les bas salaires, car c'est là que la sensibilité de l'emploi au coût du travail est la plus importante. A l'inverse, si on veut rétablir la compétitivité des entreprises, on vise les salaires les plus hauts." Pour le moment, "il est encore difficile de connaître les priorités choisies dans ce domaine par le gouvernement", entre favoriser l'emploi ou la compétitivité détaille l'économiste. Mais une chose est sûre, "il est difficile de faire les deux en même temps", souligne Marion Cochard.
Par ailleurs, il faut aussi tenir compte de la façon dont ces mesures seront financées. "Pour le troisième scénario, nous avons fait l'hypothèse que le dispositif n'était pas financé, il s'agirait de 10 milliards d'euros de plus injectés dans l'économie et non d'une baisse de la dépense publique", détaille l'économiste de l'OFCE. Reste aussi à savoir si les entreprises ne profiteront pas de cette manne financière pour rétablir leur marge au lieu de baisser leurs prix ou d'embaucher de nouveaux salariés...