Développement des territoires - Jérôme Cordellier : "La métropolisation, une opportunité pour les territoires ruraux"
Localtis : où en est la démarche de métropolisation ?
Jérôme Cordellier : Actuellement, nous sommes dans un véritable élan mais on ne sait pas s'il va y avoir des changements. Nous sommes en attente des premières positions du gouvernement [notamment l'acte 3 de la décentralisation qui devrait créer un nouveau statut pour les métropoles, NDLR]. Mais ce qui ressort des discussions entre les élus, c'est qu'il y a une réelle volonté d'avoir une réflexion globale à travers la métropole, sur l'ensemble des éléments qui constituent le territoire : transports, haut débit, emploi... Sur le transport, par exemple, il manque des connexions. Quand les gens changent de territoire, ils changent d'opérateur de transport. Ils se retrouvent parfois coincés et sont alors dans l'obligation de modifier leur trajet. Là, l'idée est d'avoir une réflexion globale sur un territoire ayant une taille critique pour gérer l'ensemble des services aux populations.
Quels sont les autres atouts de ce phénomène ?
Avec la métropole, on peut aussi avoir une réflexion pour organiser les circuits personnels et professionnels de chacun sur un même territoire. Le travail doit alors porter également sur l'emploi, les filières existantes, les opportunités à saisir sur un territoire, etc. Enfin, le regroupement des territoires au sein d'une métropole permet de créer une identité globale. Le territoire devient alors visible au niveau mondial. Et cette visibilité est nécessaire pour maintenir et développer l'attractivité d'un territoire. Quand on commence à s'occuper des problématiques de transport, à développer les services à la personne, et à améliorer les conditions de travail et de vie des populations, on devient un territoire attractif et on a une meilleure image extérieure. Maintenant cette volonté est confrontée à des problèmes de positionnement des territoires, qui rendent difficiles les prises de décisions. Certains territoires, qui disposent déjà d'une bonne image, ont peur de perdre leur identité dans un groupe plus grand et refusent de participer au mouvement de métropolisation.
Et quel positionnement pour les territoires ruraux au sein des métropoles ?
Le mérite de la métropolisation est que les questions se posent et qu'on remet tout à plat. Cela ouvre le champ de la réflexion. La problématique est de faire en sorte que les territoires ne se fassent pas concurrence mais fonctionnent de manière globale pour assurer une concurrence territoriale non pas intrinsèquement mais de manière exogène, et d'éviter les dents creuses, avec des territoires ruraux qui ne bénéficient pas du mouvement de métropolisation. C'est un défi qui n'est pas encore gagné, car il reste des trous : certains territoires ne veulent pas aller dans la métropole car ils ont peur d'être absorbés par les autres. En réalité, pour que les territoires ruraux ne soient pas délaissés, il faut les intégrer à la métropole, c'est une opportunité à saisir pour eux d'intégrer une métropole. C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons organisé pour la première fois cette année nos rencontres dans un territoire rural...