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Petite enfance - Jardins d'éveil : la Cnaf se veut rassurante

A l'occasion d'une table ronde organisée le 3 juin par le Snec-CFTC (Syndicat national de l'enseignement chrétien) sur l'accueil des enfants de deux ans, les représentants de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) ont cherché à désamorcer la polémique sur les jardins d'éveil (voir nos articles ci-contre et l'encadré ci-dessous). Lors des débats, les responsables de la Cnaf ont apporté de nombreuses précisions sur les 8.000 places qui doivent être créées, à titre expérimental, dans les quatre prochaines années grâce à une enveloppe de 25 millions d'euros. Pour Jean-Louis Deroussen, président (CFTC) de la Cnaf, les jardins d'éveil "ne sont pas une solution miracle". L'objectif est plutôt de diversifier les accueils pour les 2-3 ans, en répondant aux besoins des familles, des enfants et des communes. Sylvie Le Chevillier, responsable du département Enfance et parentalité de la Cnaf a renchéri en affirmant qu'"il est inutile de se faire peur pour le plaisir : les jardins d'éveil ne se substitueront pas à l'école maternelle pour la simple raison qu'ils coûtent plus cher". Elle a expliqué que les projets devront se conformer à un cahier des charges souple, mais néanmoins exigeant : taux d'encadrement d'un adulte pour 8 à 12 enfants, locaux aux normes de sécurité, surface d'environ 10 mètres carrés par enfant, période d'ouverture minimum de 200 jours par an (contre 160 jours pour une école maternelle)... Tous ces éléments pèseront nécessairement sur le coût des jardins d'éveil. Pour les parents, ce dernier devrait être toutefois "un tiers moins cher que les crèches". Les tarifs pour les parents annoncés par la Cnaf sont en effet de 2,29 euros par jour (soit 45,84 euros pour une vingtaine de jours par mois) pour les familles ayant un revenu mensuel inférieur à 573 euros. Ce tarif journalier sera de 4,24 euros pour les familles gagnant un Smic, de 8,48 euros pour deux Smic, de 12,72 euros pour trois Smic et de 17,80 euros pour les familles ayant des revenus supérieurs au plafond mensuel (4.450 euros). Ces tarifs ne sont toutefois pas définitifs, la Cnaf annonçant son intention de déterminer "après l'expérimentation si nous devons revoir les barèmes de participation familiale".
L'autre novation importante viendra de l'encadrement, dans la lignée des assouplissements du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 et des annonces du chef de l'Etat dans son discours du 13 février dernier sur la politique familiale (voir notre article ci-contre du 16 février 2009). Sylvie Le Chevillier a notamment affirmé : "Nous veillerons à privilégier les compétences et les qualités humaines aux diplômes. Il pourra s'agir du personnel traditionnel de la petite enfance, mais nous voudrions aussi ouvrir les jardins d'éveil aux éducateurs spécialisés, aux techniciens de l'intervention sociale et familiale ou aux BAFD (brevet d'aptitude aux fonctions de directeur en accueils collectifs de mineurs)." La Cnaf se demande même s'il ne faudra pas, à terme, "inventer un nouveau métier". Toujours pour rassurer sur la portée de l'expérimentation des jardins d'éveil, Jean-Louis Deroussen a indiqué que ce projet ne remettait nullement en cause le programme de la Cnaf de création de 200.000 places de crèches à l'horizon 2012. Il reste néanmoins, comme l'a rappelé le responsable de la petite enfance au Snec-CFTC, que le taux de scolarisation des enfants de deux ans ne cesse de reculer depuis le début de la décennie : de 32% en 2002, il est ainsi passé à 20,9% en 2008.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Paris ne veut pas des jardins d'éveil

Les arguments avancés par la Cnaf ne convainquent pas toutes les collectivités. La ville de Paris a ainsi pris les devants. Dans un communiqué du 12 mai 2009, les adjoints au maire chargés respectivement de la petite enfance et de la vie scolaire et de la réussite éducative annoncent que la ville de Paris "ne se portera pas candidate à la création de jardins d'éveil". Pour justifier ce refus, malgré la forte demande sur les modes de garde collectifs parisiens, les deux élus mettent en avant la "dégradation" de la qualité de l'accueil des enfants de moins de trois ans et le fait que "la création de ces jardins fragilise encore davantage l'école maternelle déjà malmenée ces derniers mois". Ce dernier argument peut sembler quelque peu paradoxal, dans la mesure où - comme le rappelle d'ailleurs le communiqué de la ville - la scolarisation des enfants de moins de trois ans est pratiquement inexistante dans la capitale. Le taux de scolarisation des moins de trois ans y est en effet seulement de 2% (1.206 enfants en 2008-2009, dont plus de la moitié dans le secteur privé), contre 20,9% au niveau national.

 

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