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Services publics - Jacques Pélissard : "Mieux vaut une Poste tonique qu'une Poste qui s'étiole"

D'accord pour une ouverture du capital de La Poste mais à condition de "sécuriser les rapports entre l'entreprise et les communes". A quelques jours de sa rencontre avec la ministre de l'Economie, Christine Lagarde (le 18 septembre), Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France (AMF), tente d'apaiser les craintes des élus.


Localtis : Quelles sont les relations actuelles entre La Poste et les élus ?

Jacques Pélissard : Depuis l'arrivée de Jean-Paul Bailly (à la tête de La Poste, ndlr), nous avons construit une relation de partenariat avec La Poste. Un partenariat qui s'est traduit par la loi du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales et l'organisation d'agences postales communales ou intercommunales qui reçoivent une subvention de 833 euros par mois chacune. Cela s'est aussi traduit par la création, en 2005, du fonds postal national de péréquation territoriale pour soutenir La Poste dans ses obligations d'aménagement du territoire avec environ 144 millions d'euros par an, et, cette année, avec la loi de modernisation de l'économie, par l'accessibilité de la banque postale. En 2008, l'Etat et l'AMF ont aussi signé un contrat de présence postale territoriale qui permet de conforter les 5.000 agences postales communales et relais poste recensés aujourd'hui sur l'ensemble du territoire. Par ailleurs, les commissions départementales de la présence postale territoriale (CDPPT), qui sont présidées par des élus, permettent de faire l'arbitrage dans le cas d'une fermeture d'un bureau de poste. Elles jouent le rôle de juge de paix entre La Poste et les élus. Bref, les décisions unilatérales et brutales de La Poste ont pris fin, les relations avec les élus sont bonnes.

 

Que pensez-vous du projet d'ouverture du capital de La Poste ?

La libéralisation totale du secteur postal va avoir lieu en 2011. Le rôle de Jean-Paul Bailly est de renforcer l'entreprise en vue de cette échéance, pour qu'elle puisse faire face à la concurrence, et notamment à celle des postes hollandaise et allemande, qui sont très puissantes. Pour cela, il a besoin d'investir. Or, l'Etat est impécunieux et ne pourra pas mettre un centime de plus dans le capital de La Poste. Il y a alors deux solutions : soit on laisse l'entreprise s'affaiblir, soit on veut faire face à la concurrence et on investit, à travers l'ouverture du capital. Je pense que c'est un mouvement indispensable si on veut que La Poste demeure performante au niveau européen et même mondial.

 

Quelles peuvent être les conséquences de cette ouverture du capital sur la présence postale territoriale ?

S'il est indispensable d'ouvrir le capital de La Poste, il faut sécuriser les rapports entre l'entreprise et les communes. La loi le permet. Il faut notamment affirmer par la loi la mission d'intérêt général de La Poste. Mais il est aussi nécessaire que la pérennité du fonds de péréquation soit assurée, et que la présence postale sur le territoire, telle qu'elle a été organisée en 2005, soit conservée. C'est possible mais il faut mettre en place les sécurités législatives nécessaires. Il me semble aussi indispensable que l'Etat reste majoritaire dans le capital de l'entreprise. Quoi qu'il en soit, on a plus de chances de garder les agences postales communales avec une Poste tonique qu'avec une Poste qui s'étiole.

 

Propos recueillis par Emilie Zapalski

 

La présence postale sur le territoire

- 17.000 points de contacts (bureaux ou équivalents) sur l'ensemble du territoire
- 3.731 agences postales communales
- 1.497 relais postaux