Accès aux soins - Inégalités territoriales : les chirurgiens-dentistes aussi
L'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONPDS) publie son rapport 2013-2014. On peut regretter que celui-ci ne dresse pas un tableau général de la situation démographique des professions de santé. La rapport se compose en effet de trois monographies, portant respectivement sur la régulation démographique des professionnels de santé par les flux d'étudiants, la situation démographique des chirurgiens-dentistes et le bilan de la filiarisation aux termes des épreuves classantes nationales.
Un effectif stable, mais une densité qui recule
La seconde étude retient particulièrement l'attention, dans la mesure où la démographie et la répartition territoriale des chirurgiens-dentistes sont beaucoup moins étudiées que celles des médecins ou des infirmières libérales. L'étude dresse ainsi un portrait détaillé de la profession.
Après avoir progressé depuis les années 70, le nombre de chirurgiens-dentistes s'est stabilisé dans les années 2000, pour atteindre 40.833 au 1er janvier 2013. Alors que la population française a continué de croître, leur densité (nombre pour 100.000 habitants) a eu tendance à diminuer. Autre point notable : les chirurgiens-dentistes sont la profession de santé pour laquelle les effectifs ont connu la progression la plus faible. Pour une base de 100 en 1999, ils sont en effet à 105 en 2011, contre 110 pour les médecins, 130 pour les pharmaciens et 135 pour les sages-femmes. L'évolution de la démographie des chirurgiens-dentistes obéit à deux facteurs principaux : le numerus clausus (qui remonte après avoir connu un creux dans les années 1990-2000), mais aussi les flux de praticiens formés à l'étranger.
En termes de profil, les chirurgiens-dentistes ont un âge moyen de 48 ans (51 ans pour les médecins) et sont à 60% des hommes, même si la profession tend à se féminiser - les femmes étant majoritaires dans les jeunes générations. La quasi-totalité d'entre eux (98%) exercent en secteur ambulatoire, en exercice libéral ou mixte (90%) et en cabinet.
Des écarts régionaux de un à treize
Sur le plan de la couverture géographique, de forts écarts régionaux sont constatés. Pour une densité nationale moyenne de 63 praticiens pour 100.000 habitants, les écarts vont en effet de 7 à 89. Les densités les plus fortes s'observent dans les cinq régions du sud - Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Paca (qui affiche la densité maximale de 89) et Corse -, auxquelles il faut ajouter l'Ile-de-France et l'Alsace. A l'inverse, les densités les plus faibles concernent les régions périphériques de l'Ile-de-France : Centre, Basse-Normandie, Haute-Normandie et Picardie.
L'Observatoire relève que "si, au cours des 15 dernières années, toutes les régions n'ont pas connu le même recul de densité que celui constaté en moyenne au niveau national, il n'y a pas eu pour autant de réel rééquilibrage des disparités géographiques". Ces inégalités géographiques se doublent d'inégalités sociodémographiques. Ainsi, la part des chirurgiens-dentistes de plus de 55 ans est de 43% en région Centre, mais de seulement 27% dans le Nord-Pas-de-Calais. De façon générale, les régions les moins denses sont celles où la population des chirurgiens-dentistes est également vieillissante.
L'étude de l'ONPDS met également en évidence le rôle déterminant de l'implantation des seize facultés de chirurgie dentaire dans la répartition des praticiens : les neuf régions qui ne comptent pas de faculté de chirurgie dentaire sont aussi celles qui affichent la plus faible densité de praticiens.