Impact de la crise : des radiations d’entreprises en forte hausse et des défaillances toujours en baisse
L’édition de juin du baromètre des entreprises, réalisé par le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, révèle un pic de radiations d'entreprises depuis le 1er janvier 2021. En revanche, les défaillances restent au plus bas et les créations d’entreprises très dynamiques, surtout dans les activités liées au numérique. Le rebond des procédures depuis la fin mars annonce-t-il la vague de défaillances tant redoutée ?
Le "grand paradoxe" révélé par le Bilan national des entreprises 2020 perdure en ce début d’année. En effet, "les immatriculations d’entreprises continuent de surclasser leurs niveaux déjà records de 2019 et de 2020, tandis que le nombre d’entreprises en difficulté demeure anormalement bas", constate le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) à l’occasion de la diffusion le 8 juin du baromètre des entreprises, permettant de mesurer les effets de la crise sanitaire sur le tissu entrepreneurial français depuis le début de l'année 2021. "Les entreprises résistent toujours aux effets de la crise", ajoute le CNGTC, constatant que "la vague de défaillances et de destruction d’emplois tant redoutée tout au long de l’année 2020 n’est toujours pas d’actualité".
Toutefois, "la situation se durcit pour nombre d'entreprises, qui sont soit contraintes de disparaître brutalement, soit plongées dans l'incertitude face à la suspension progressive des aides gouvernementales", alerte le CNGTC. Le nombre de radiations enregistrées entre janvier et avril 2021 croît en effet de plus de 25% par rapport à la même période l'an passé.
Près de 80% de liquidations
En revanche, entre le 1er janvier et le 12 mai 2021, 8.837 ouvertures de procédures collectives ont été enregistrées, soit un repli de 19% à un an d'intervalle (-49% à deux ans), poursuivant la tendance observée en 2020. La plus forte baisse concerne les redressements judiciaires (1.575, soit -32%), la baisse des procédures de sauvegarde étant limitée (-17%).
A noter que les liquidations judiciaires représentent près de 80% des défaillances de la période (79,8% contre 76,4% sur la même période de 2020). "Les situations des entreprises déclarant une défaillance semblent ainsi plus compliquées et irréversibles qu’habituellement", commente le CNGTC.
Bien que les ouvertures de procédures subissent un "violent rebondissement" à partir de la deuxième quinzaine du mois de mars (+152%), elles restent nettement inférieures aux niveaux de 2019. "Cette explosion n’est pas un réel signe annonciateur d’une envolée des défaillances, mais seulement un rebond mécanique", analyse le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce qui invite à "suivre l'évolution de cette dynamique, afin d'en déterminer les causes". Tout l’enjeu consistera à déterminer s’il s’agit d’un "simple effet de rattrapage momentané" ou bien de "la mutation profonde et durable du tissu entrepreneurial français, accélérée par les effets de la crise et l'évolution des pratiques de consommation".
Création d'entreprises : fortes variations régionales
Les créations d'entreprises poursuivent quant à elles leur croissance avec 239.577 immatriculations au RCS (Registre du commerce et des sociétés), soit un bond de 71% par rapport à la même période de 2020 et +37% par rapport à 2019. Cet entrepreneuriat est "particulièrement fertile" dans les secteurs liés au numérique. Une immatriculation sur six appartient au secteur de la livraison à domicile (95% d’entreprises individuelles), tandis que les créations dans le e-commerce et la formation professionnelle ont doublé.
Si la situation régionale est "homogène" sur un an (+30% à 40% des immatriculations et recul de 30% des défaillances), elle présente de "fortes variations à plus court terme". Ainsi, entre le 1er janvier et le 12 mai, les Hauts-de-France tirent leur épingle du jeu du côté des immatriculations (+86,5%), loin devant les autres régions. Du côté des défaillances, ce sont la Corse (-45,3%) et la Bourgogne-Franche-Comté (-43%) qui se distinguent. Des disparités liées aux secteurs d’activités touchés par la crise plus ou moins présents dans les régions, mais aussi au "dynamisme de la reprise".