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Immigration et asile : l'OCDE met en évidence la situation singulière de la France

À quelques jours du débat à l'Assemblée sur l'immigration, l'OCDE publie son étude "Perspectives des migrations internationales 2019". Elle situe la France par rapport aux autres pays développés et montre notamment que l'immigration reste stable en France alors qu'elle repart à la hausse dans les autres pays mais, qu'à l'inverse, la demande d'asile progresse nettement en France et en Espagne, alors qu'elle recule nettement pratiquement partout ailleurs.

Alors qu'approche le débat à l'Assemblée nationale sur l'immigration, prévu pour le 30 septembre, l'OCDE publie son étude "Perspectives des migrations internationales 2019". Cette somme de 430 pages compile, analyse et met en perspective les données des 36 pays membres. Son contenu ne devrait pas manquer d'être évoqué à l'occasion des débats parlementaires. Il constate en effet que "les migrations humanitaires reculent, contrairement aux migrations familiales et de travail qui s’inscrivent en hausse". L'OCDE confirme également que si la demande d'asile est nettement à la baisse – notamment après la crise migratoire de 2015 –, un petit nombre de pays, dont la France et l'Espagne, connaissent en revanche une évolution inverse.

Stabilité de l'immigration en France...

Il convient de bien distinguer immigration et demande d'asile, qui présentent des évolutions divergentes. Ainsi, sur l'ensemble des pays membres de l'organisation, le nombre total d'entrées à caractère permanent s'est élevé, en 2018, à environ 5,3 millions, en hausse de 1% par rapport à 2017, après un recul de 4% entre 2016 et 2017. Globalement, plus de 68% des immigrés occupent un emploi et ils connaissent un taux de chômage inférieur à 9%, même si les immigrés jeunes et ceux qui sont peu qualifiés continuent de rencontrer des difficultés sur le marché du travail.

Si on compare les pays (données 2017), l'Allemagne est le premier pays d'immigration (1,38 million d'entrées permanentes d'étrangers), devant les États-Unis (1,12 million), le Royaume-Uni (520.000), le Japon (475.000) et la Turquie (466.000). La France arrive au dixième rang, avec un total de 245 902 entrées permanentes. Si on rapporte ces chiffres à la population totale de chaque pays, la France ne figure plus qu'au 24e rang (sur 36), avec des entrées permanentes représentant 0,4% de la population totale. Un taux équivalent à celui de l'Italie ou des États-Unis, mais loin derrière des pays voisins comme la suisse (1,4%), l'Allemagne (1,1%), la Belgique (0,9%), les Pays-Bas (0,8%) ou l'Espagne (0,7%).

Dans le cas de la France – et contrairement à la tendance sur l'ensemble de l'OCDE – le nombre de nouveaux immigrés reste stable. Il se décompose en 30,4% d'immigrés admis au titre de la libre circulation, 11,6% de travailleurs immigrés, 37,8% de membres de la famille (y compris les accompagnants) et 12,6% de migrants humanitaires. L'étude précise qu'environ 78.000 permis ont été délivrés en France à des étudiants en mobilité internationale inscrits dans l'enseignement supérieur et 21.000 à des travailleurs immigrés temporaires ou saisonniers (hors migrations intra-UE). On peut y ajouter 214.000 détachements intra-UE, en hausse de 15,9% sur un an.

En termes d'origines, l'Algérie, le Maroc et l'Italie sont les premières nationalités des nouveaux arrivants en 2017. Parmi les quinze premiers pays d'origine, la plus forte hausse concerne l'Afghanistan (+3.200) et la plus forte baisse le Portugal (-4.100).

... mais nette hausse de la demande d'asile

À la différence de l'immigration, la demande d'asile a connu un fort recul en 2018. Avec 1,09 million de demandes au sein des pays de l'OCDE, la baisse est de 34% par rapport au chiffre record de 1,65 million de demandes enregistré en 2015 et en 2016. En termes d'origines des demandeurs, les principaux pays sont l'Afghanistan, la Syrie, l'Irak et le Venezuela.

Le cas de la France est toutefois très différent de la tendance générale puisque, comme l'ont déjà montré les chiffres de l'Ofpra et d'Eurostat (voir nos articles ci-dessous), le pays a connu en 2018 une hausse de 21,1% de la demande d'asile, pour atteindre un total d'environ 110.000 demandes. En termes d'origines, les demandeurs viennent principalement d'Afghanistan, d'Albanie et de Géorgie (pays qui connaît la plus forte hausse, alors que l'Albanie connaît le recul le plus marqué). L'OCDE indique aussi que sur les 115.000 décisions rendues en 2018, plus du quart (28,4%) étaient positives.

Avec ces chiffres, la France se situe au troisième rang de la demande d'asile, derrière les États-Unis (254.300) et l'Allemagne (161.930)., tandis que l'Italie ne compte plus que 53.440 demandes. En termes de part des demandeurs d'asile dans la population, la France figure au septième rang avec un taux de 0,17%, derrière la Grèce (0,58), le Luxembourg (0,38), l'Islande (0,22), l'Allemagne (0,20), Israël (0,19) et la Suède (0,18).

 

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