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Politique de la ville / Attentats - "Il y a aujourd'hui, on le sait, une centaine de quartiers en France..."

Cela s'est passé dimanche 27 mars sur les ondes du Grand Rendez-vous d'i-Télé, du Monde et d'Europe 1. Patrick Kanner, ministre de la Ville, a déclaré : "Il y a aujourd'hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s'est passé à Molenbeek", en référence à la commune bruxelloise ayant acquis une réputation de fief djihadiste pour avoir abrité plusieurs auteurs des attentats de Paris et Bruxelles.
"On le sait ?", s'étrangle l'association des maires Ville & Banlieue. Mais qui "on" ? "Ce qui est sûr, c'est qu'il ne semble pas qu'il s'agisse des maires des communes concernées", poursuit Ville & Banlieue, rappelant que dans le rapport pour "la prévention des dérives sectaires et fondamentalistes dans les quartiers prioritaires", qu'elle a justement remis le 14 janvier dernier au même Patrick Kanner, elle demandait que les maires puissent bénéficier de renseignements sur des actes de radicalisation concernant leur territoire, car "seules la Police et la Justice, donc l'Etat via ses préfets et ses procureurs, disposent de ces éléments d'information". Et de continuer à vouloir croire que "la réponse devrait passer par un étroit travail entre l'Etat, les collectivités, les associations et les citoyens".
Naturellement, le ministère de la Ville n'a pas - ou ne diffusera pas - la liste de ces 100 quartiers. Patrick Kanner s'était contenté d'en énumérer quelques critères. "Molenbeek, c’est quoi ? Une concentration énorme de pauvreté et de chômage, un système ultra-communautariste, un système mafieux avec une économie souterraine, un système où les services publics ont disparu, un système où les élus ont baissé les bras".
Quoi qu'il en soit, Ville & Banlieue pense que "le temps médiatique n'est pas le meilleur chemin pour trouver des réponses durables". C'est même tout le contraire, selon le sociologue Renaud Epstein, maître de conférence en sciences politiques à l'université de Nantes. Pour lui, "Kanner a finalement renvoyé ce contre quoi la politique de la Ville lutte, c'est-à-dire la construction d'une représentation des quartiers populaires comme menace".