Attentats - Prévention de la radicalisation : une circulaire pour renforcer la place des maires

C'était une demande forte des maires au lendemain des attentats du 13 novembre. Dans une circulaire du 2 décembre, les ministres de l'Intérieur et de la Ville cherchent à renforcer la place des maires dans la prévention de la radicalisation, en particulier dans les quartiers de la politique de la ville. Il s'agit de la troisième circulaire prise en deux ans sur ce thème. Dans un texte du 19 février 2015, le ministre de l'Intérieur avait déjà jugé indispensable la place des collectivités dans les cellules de suivi mise en place dans chaque département à partir de 2014. Avec un succès contrasté. "Les conseils départementaux sont le plus souvent associés aux cellules de suivi, au titre de leurs compétences en matière de protection de l'enfance", observent les deux ministres. "En revanche, poursuivent-ils, il apparaît qu'à ce stade, les communes et les intercommunalités sont peu impliquées dans le dispositif préventif…" Le guide des maires sur la prévention de la radicalisation publié le mois dernier par le Courrier des maires et le SG-CIPDR (comité interministériel à la prévention de la délinquance et de la radicalisation) aboutissait aux mêmes conclusions.

Contrats de ville

Bernard Cazeneuve et Patrick Kanner demandent ainsi aux préfets de renforcer "l'ancrage local" de ces dispositifs. Ils leur incombe de "favoriser les articulations" entre les cellules de suivi et les instances de pilotage de la politique de la ville et de prévention de la délinquance, à savoir les contrats de ville et les conseils locaux et intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLISPD). Ces conseils ont d'ailleurs "vocation à animer le volet prévention de la délinquance des contrats de ville". A ce titre, les contrats de ville sont considérés comme un moyen de "sensibiliser les collectivités locales" à la radicalisation et de mettre en place des actions locales de repérage ou de prévention.
Les préfets veilleront aussi à "sensibiliser les acteurs locaux à la détection et au signalement des situations qui s'y apparentent". Les signalements des collectivités devront être examinés par les cellules de suivi et faire l'objet d'une "évaluation par un service de renseignement". Les adultes-relais pourront être mobilisés pour le repérage.

Délégués des préfets

Les délégués des préfets seront mis à contribution. Certains ont d'ailleurs suivi une formation spécifique à la radicalisation organisée par le CGET (commissariat général à l'égalité des territoires) en lien avec le SG-CIPDR. Cette formation est jugée "indispensable" par les ministres. Les délégués assureront ainsi "un rôle d'interface" entre les élus et les cellules de suivi départementales. Ils pourront également sensibiliser les "conseils citoyens" et le cas échéant organiser des "rencontres associatives". Enfin, des acteurs de terrain (appartenant à un service communal ou une association locale) pourront être désignés pour "intervenir auprès des personnes concernées par la radicalisation".
Les préfets pourront confier aux sous-préfets d'arrondissement une mission d'animation locale de prévention de la radicalisation, notamment à travers les CLISPD. "Les moyens dont disposent les communes et intercommunalités, notamment dans le champ social, peuvent être utilement employés", insistent les deux ministres.
En termes financiers, au-delà des actions déjà financées par le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), les préfets devront conforter "les actions préventives dans les champs de la citoyenneté, de la réussite éducative et de la médiation sociale".

 

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